La Presse Pontissalienne 151 - Mai 2012

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 151 - Mai 2012

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MONT D’OR Sangles d’importation Agnès Ambert porte plainte contre des fromagers La présidente de l’association “Sangles du Haut-Doubs” vient de porter plainte contre les fabricants de mont d’or qui utilisent des sangles d’importation des pays de l’Est.

A gnès Ambert hausse le ton. Le 23 avril, la présidente de l’association “Sangles du Haut- Doubs” a porté plainte contre les fabricants demont d’or d’appellation d’origine contrôlée qui utilisent des sangles d’importation des pays de l’Est. Lasse d’avoir le sentiment de parler à des murs depuis trop longtemps, elle espère par cette démarche judiciaire jeter un pavé dans la mare de l’A.O.C. mont d’or qu’elle juge “caduque à par- tir du moment où les fabricants utili- sent des sangles d’importation” dit-elle. Actuellement, 60%des sangles d’épicéa qui servent à maintenir le fromage à l’intérieur de sa boîte en le parfumant en même temps sont importées. Un non-sens pour Agnès Ambert car cela ne colle pas avec ce que devrait être un produit de terroir dont l’A.O.C. garan- tit l’origine géographique. “C’est une tromperie pour les consommateurs. Ils doivent être informés. Il faut réviser l’obtention des A.O.C. surtout à l’heure où les gens demandent de la traçabili- té.” Rappelons qu’en 2008, la répres- sion des fraudes avait prélevé des sangles au hasard chez les fabricants demont d’or pour les analyser. L’examen avait révélé une contamination au cad- mium, un métal lourd, à des degrés variables : 0,013mg/kg pour les sangles les moins contaminées. La dose était 400 fois supérieure pour d’autres. L’affaire en était restée là, mais cette question sanitaire pourrait bien res- surgir et faire débat dans le cadre de cette procédure judiciaire. Les membres de l’association “Sangles du Haut-Doubs” l’espèrent, eux qui ne digèrent pas que pour que quelques centimes d’euros, les fromagers préfè- rent les sangles d’importation aux leurs qu’ils lèvent sur les résineux d’ici. Les sangliers locaux disent rencontrer des problèmes économiques liés à la diffi- culté qu’ils ont à écouler leur produc- tion. “Je voudrais rappeler ce qu’est le terroir à ceux qui le confondent avec le tiroir-caisse” déclare Agnès Ambert

avant d’ajouter : “À une époque où l’on parle du produire en France, je veux un mont d’or 100 % français. Si cer- tains fabricants ont vendu leur âme pour deux centimes d’euros, il ne faut pas qu’ils oublient que les sangliers du Haut-Doubs font partie du patrimoine franc-comtois.” T.C.

5 millions de mètres de sangles sont nécessaires pour la production de mont d’or. Selon les fromagers, les sangliers locaux ne peuvent pas en produire autant actuellement.

SANTÉ Quel avenir pour la médecine ? L’hôpital fait campagne pour ne pas être oublié La délégation régionale de la fédération hospitalière de France (F.H.F.) a présenté sa vision de l’hôpital de demain. Il faut un service public fort, une continuité des soins, et imposer des conditions aux cliniques privées. Revue de détail avec les représentants francs-comtois.

L a fédération hospitalière de France se pose en défenseur du patient et veut profiter de la campagne présidentielle pour rappeler que la santé est un sujet de préoccupation des Français. Elle se veut le contre-pouvoir de l’Agence régionale de Santé (A.R.S.), organe qui gère la santé sur notre territoire. Jeudi 22mars, les membres francs-comtois de la F.H.F., qui regrou- pe environ 40 établissements dans notre région, ont tenu à rappeler leur ambition en matière de santé. Ils l’ont présentée à tous les candidat(e)s à l’élection présidentielle. La fédé- ration a élaboré une plate-forme de préconisations et même si les Francs- Comtois vont moins à l’hôpital que

Les membres de la F.H.F. ont présenté leur programme pour mieux organiser la santé. Denis Valzer (deuxième en partant de la droite), a été longtemps directeur de l’hôpital de Pontarlier.

dans d’autres régions, la question de l’offre de santé, de la pérennité des soins et de leur qualité est un vrai enjeu. Paulette Guinchard (ancienne secré- taire d’État de Lionel Jospin, vice- présidente de la F.H.F.), Guy Collet, conseiller en stratégie F.H.F., Patri- ce Barberousse (directeur du C.H.U. de Besançon) et Denis Valzer, délé- gué interrégional F.H.F. Franche- Comté, tiennent le même discours : “Il faut que l’on soit soigné de la même manière dans le Haut-Doubs, en Haute-Saône ou à Besançon” explique Paulette Guinchard qui veut que chaque hôpital travaille en collaboration. Cela se fait déjà. Pour le directeur du C.H.U. de Besançon,

la réalité est un peu plus complexe : “Il faut adosser la clinique privée à l’hôpital…” dit-il. En clair, il faut “contraindre” les cliniques privées à réaliser des soins qu’elles ne font plus car trop peu rentables. Cette idée est reprise par Guy Collet, conseiller en stratégie :“Les cliniques devront coopérer avec le public à l’avenir” explique-t-il pour que l’hôpital n’ait pas à assumer toutes les opérations lourdes (donc coû- teuses) alors que la clinique choisi- rait les plus rentables.Tout est ques- tion d’équilibre. La F.H.F. ne revient

pas sur l’installation des médecins et le principe de liberté d’installation. Elle aimerait qu’on y ajoute le prin- cipe de responsabilité : “En zone de surdensité médicale, les dépasse- ments d’honoraires devraient être interdits et ramenés en secteur 1.” Pour éviter le désert médical, la F.H.F. propose de recruter des médecins libéraux qui seraient affiliés à l’hôpital. Reste à la F.H.F. à convaincre le futur président et trouver des fonds néces- saires pour remettre la santé en état de forme.

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