La Presse Pontissalienne 151 - Mai 2012

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 151 - Mai 2012

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POLITIQUE

Jean-Marie Binétruy “Je souhaite que la candidature de Nathalie Bertin n’aille pas au bout” Le député sortant, patron de l’U.M.P. du Doubs, déplore la candidature de Nathalie Bertin qui est le fruit d’une division de la droite. Commentaires.

L a Presse Pontissalienne : Dans notre édition de juin 2009, à la suite de la polémique des élections sénatoriales, vous laissiez entendre que Nathalie Bertin devait attendre les prochaines législatives. Aviez-vous pris un engagement à l’égard de votre suppléante que vous n’auriez pas tenu ? Jean-Marie Binétruy : Non, je n’ai pris aucun engagement à l’égard de ma suppléante. Cela fait quatre ans qu’elle ne me salue plus. Elle a fait preuve de déloyauté à plusieurs reprises, notam- ment en 2008 lors des élections séna- toriales lorsqu’elle a pris une position qui allait à l’encontre de l’investiture donnée à Annie Genevard. L.P.P. : Vous êtes patron de l’U.M.P. du Doubs. Quelle dimension donnez-vous à la dissiden- ce qui naît à droite sur votre circonscription incarnée par Nathalie Bertin et son suppléant Christian Coutal ? J.-M.B. : Tout d’abord je précise que la 5 ème n’est pas une exception. Il y a des candidatures dissidentes dans les trois quarts des circonscriptions. Donc je relativise. La fédération U.M.P. du Doubs fonctionne bien, elle est unie. Dans cette affaire, j’ai le sentiment que l’on donne beaucoup d’importance à peut-être 1 % des adhérents qui ne sont pas d’accord. Je ne peux pas empê- cher quelqu’un de se présenter. En revanche, ce que je n’accepte pas, c’est que l’on mette en cause la légitimité de la candidate investie dans le res- pect des procédures de notre mouve- ment. L.P.P. : Les U.M.P. qui ont décidé de ne pas suivre Annie Genevard reprochent notamment qu’elle ait obtenu l’investiture de Paris sans qu’ils aient eu leur mot à dire. Vous auriez donc une part de responsabilité dans cette

l’investiture donnée par le mouvement.

dissidence ? J.-M.B. : Les militants ont été informés. La candidature d’Annie Genevard a été discutée, mais il n’y a pas eu de vote formel. L.P.P. : Vous relativisez cette dissidence. Pour autant, il semblerait que de nombreux élus de droite du Haut-Doubs soutiennent Nathalie Bertin, dont des conseillers généraux ? J.-M.B. : On a l’air de dire que la moi- tié des élus la soutient en effet. En vérité, je ne connais qu’un conseiller général qui soutienne officiellement Nathalie Bertin. Par contre, je peux vous affirmer que trois conseillers géné- raux de ma circonscription apportent leur soutien à Annie Genevard. Il y a aussi des présidents d’intercommunalité et des conseillers régionaux. J’apporte aussi mon soutien à cette candidate comme les trois autres députés U.M.P. du Doubs. L.P.P. : Vous regrettez évidemment cette can- didature dissidente ?

L.P.P. : Iriez-vous jusqu’à souhaiter le retrait de Nathalie Bertin ? J.-M.B. : Mon souhait est que dans un souci d’unité, la candidature de Natha- lie Bertin n’aille pas au bout. Je fais tout mon possible pour maintenir l’unité. Pour cela, je suis ouvert à toutes les discussions avec tout le monde. L.P.P. : On prétend que l’U.M.P. pourrait implo- ser si Nicolas Sarkozy n’est pas réélu. Qu’en pensez-vous ? J.-M.B. : Que Nicolas Sarkozy soit élu ou pas, il va falloir que l’U.M.P. se réor- ganise dans la mesure où le président a limité à deux, le nombre de mandats. Il faudra donc que l’U.M.P. prépare un nouveau candidat pour 2017. Malgré les turbulences, nous avons montré que notre mouvement était uni. L.P.P. :Vous terminez votre second mandat de député. Avez-vous des regrets sur des dos- siers que n’avez pas pu mener à bien. La R.N. 57 et le contournement de Pontarlier par exemple ? J.-M.B. : C’est un point négatif en effet. J’ai rencontré tous les ministres com- pétents. Mais ce projet coince sur un plan financier. Il faut essayer d’appréhender le problème différem- ment, en identifiant les points de blo- cage sur cet itinéraire, et les lever un par un. Le premier de ces points de blocage est le contournement de Pon- tarlier. Nous avons obtenu pour cela un crédit de 2 millions d’euros dans le P.D.M.I. (programme de développe- ment et de modernisation des itiné- raires) pour étudier ce contournement pour lequel nous devons choisir le bon itinéraire. Il faut maintenant pro-

d’excellence rurale dont un à Levier sur le bois, un à Consolation et un sur le secteur du Mont d’Or-Deux Lacs pour le tourisme. J’ai également aidé de nombreuses entreprises et des asso- ciations comme l’orchestre sympho- nique de Pontarlier. L.P.P. : Quels dossiers devra défendre votre successeur selon vous ? J.-M.B. : Le dossier des communications et pas seulement routières sera impor- tant, ainsi que toutes les probléma- tiques frontalières. Il faudra défendre les entreprises qui peuvent souffrir de la proximité de la Suisse. L’agriculture et la nécessité de maintenir nos A.O.C. à l’échelle européenne est un autre enjeu, ainsi que le travail sur le tou- risme. Sur ce dernier thème, les choses avancent à mon sens. Il faut surtout éviter de travailler chacun dans son coin. Les P.M.E., l’agriculture et le tou- risme sont les trois pieds sur lesquels il faut s’appuyer pour développer l’économie. L.P.P. : Longtemps on a entendu parler de la possibilité de faire du Haut-Doubs une zone franche où les entreprises auraient des avan- tages fiscaux. Le dispositif devait permettre de limiter la fuite de la main-d’œuvre en Suis- se. Est-il réaliste ? J.-M.B. : On ne peut guère espérer obte- nir ce genre d’avantage tant que l’équilibre des finances publiques ne sera pas rétabli. L.P.P. : Quels souvenirs garderez-vous de cet- te expérience politique ? J.-M.B. : Le député est d’abord un élu national. J’ai eu la chance dans mon dernier mandat d’être rapporteur spé- cial de la mission “solidarité, inser- tion et égalité des chances” qui m’a permis de travailler sur des sujets passionnants. Parmi les rapports que j’ai eus à produire, il y en a un qui concernait le marché illicite du tabac. On s’aperçoit qu’à partir du moment où on a commencé à augmenter le prix du tabac, le nombre de cigarettes ven- dues par les débitants de tabac est passé de 80 milliards en 2000 à 55 mil- liards en 2011. Dans le même temps, le marché illicite est passé de 4 % en 2000 à 20 % dix ans plus tard. Cela représente une perte de recette fis- cale de 2,7 milliards d’euros. Ce mandat national est très enri- chissant. Le fait de pouvoir côtoyer des ministres, plus rarement le pré- sident, de pouvoir échanger avec d’autres parlementaires est une bel- le expérience. Cela permet de s’apercevoir aussi que ceux qui ont la décision, contrairement à ce que l’on pense parfois, ne sont pas déconnec- tés du terrain. Ils ont de telles contraintes que c’est dur pour eux de prendre la bonne décision. J.-M.B. : Il me reste encore deux ans de mandat à la communauté de com- munes du Val de Morteau. Ensuite, pendant un moment, je continuerai de rendre des services à l’U.M.P. qui m’a tant donné. Propos recueillis par T.C. L.P.P. : Qu’allez-vous faire une fois que vous serez dégagé de vos responsabilités ?

grammer ces études. Les deux autres secteurs importants sont celui de Saint-Gorgon-Main et le secteur entre La Cluse et Les Hôpitaux où il fau- dra réfléchir à des alter- nats. Le principal souci que l’on a sur le terri- toire de la cinquième cir- conscription, c’est de fai- re exister cette zone où la ruralité est impor- tante face à l’agglomération de Besançon et à l’aire urbaine de Mont- béliard. Tout l’enjeu est là. L.P.P. : À l’inverse, quels dossiers estimez-vous avoir réussi ? J.-M.B. : Il y a beaucoup de dossiers sur lesquels j’ai travaillé dans cette cir- conscription comme le regroupement des plateaux techniques de la clinique Saint-Pierre et de l’hôpital. Il y a eu aussi les tours Berlioz dont deux ont été déconstruites. J’ai travaillé égale- ment pour les services publics, en défen- dant le maintien de la sous-préfectu- re et du tribunal d’instance. Je me suis battu pour les effectifs de la Police aux frontières. Sur les dossiers santé enco- re, j’ai œuvré pour que l’hôpital de Mouthe obtienne ses crédits. Je suis intervenu dans le cadre du projet de l’E.H.P.A.D. de Doubs, et de la maison médicale de Morteau. Le dossier de la T.N.T. ma également beaucoup occu- pé. J’ajoute encore que nous avons obtenu l’approbation de trois pôles “Le dossier R.N. 57 a été un point négatif.”

J.-M.B. : C’est une can- didature de division qui est dommageable mais que personne ne peut empêcher. Je pré- férerais que nous ayons un débat sur le fond. Dans cette affai- re, les électeurs tran- cheront. Je serais mal- heureux que pour une candidature dissiden- te, la circonscription finisse par basculer. Je le répète, nous avons besoin de don- ner une image d’unité et de respecter

“Je suis ouvert à toutes les discussions.”

Jean-Marie Binétruy : “Je continuerai à rendre des services à l’U.M.P.”

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