La Presse Pontissalienne 151 - Mai 2012

MOUTHE - RÉGION DES LACS

La Presse Pontissalienne n° 151 - Mai 2012

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ENVIRONNEMENT

Lutte contre le trafic

Le marché de la grenouille sous surveillance Chaque année pendant la saison de pêche des grenouilles, les étangs sont surveillés par leurs propriétaires pour éviter le braconnage.

Les grenouilles locales ont été plus rares cette année, leur qualité est bien supérieure à celles d’importation.

C haque année, à la saison des grenouilles, l’Amicale de l’étang des Belles Seignes veille sur son plan d’eau à Noël-Cerneux (vers Morteau). “À partir du moment où l’on positionne les nasses, on mon- te la garde 24 heures sur 24” indique Marcel Guinchard, trésorier de l’association qui compte une vingtai- ne d’adhérents et dont le président Philippe Mourey est installé à Méta- bief. Par deux, pendant une semaine, ils surveillent l’étang, l’entretiennent, de jour comme de nuit. “On procède ainsi depuis onze ans. On pêche pour notre consommation personnelle. Nous nous sommes d’ailleurs fixé un quota de 10 000 grenouilles même si cette année nous aurions pu en faire 40 000 voire 50 000.” Surtout, leur présence quotidienne décourage les braconniers qui seraient tentés de venir prélever des batraciens dans cemilieu, y compris dans les étangs voisins, privés. “Dès que nous avons ter- miné, on retire tout notre matériel. Sans

ces tours de garde, il est certain que nous serions braconnés” remarqueMar- cel Guinchard. Chaque année à la saison des gre- nouilles, des affaires de braconnage viennent alimenter l’actualité comme début avril dans lesVosges où les agents de l’Office de la Chasse et de la Faune Sauvage ont démantelé un trafic. “C’est tellement lucratif que le trafic est inévi- table” déplore Jean-Sébastien Brocard, garde fédéral de la Fédération Dépar- tementale de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques du Doubs. Selon cet organisme, les grenouilles pêchées localement se négocieraient aux alentours de 50 centimes d’euro pièce. La petite bête se vend plus cher si elle est préparée. Cette année, le froid et la mauvaise météo qui ont stop- pé la reproduction des grenouilles auraient eu tendance à faire monter les prix sur le marché parallèle. C’est le principe de l’offre et de la deman- de. Le risque de se faire prendre ne décourage pas les braconniers. “Attra-

per des grenouilles en eau libre est un acte de pêche. C’est parfaitement régle- menté” précise Jean-Sébastien Bro- card. Il faut au minimum une carte de pêche, et attendre les périodes d’ouverture pour prélever les gre- nouilles, avec une canne, et en jour- née évidemment. “Si on se fait prendre avec 200 grenouilles, on peut avoir une amende par grenouille. Cela coûte très cher” rappelle la Fédération de Pêche du Doubs. En effet, la pêche illégale est punie de 750 euros d’amende. La revente et l’achat de grenouilles récol- tées illégalement dans le milieu natu- rel exposent le contrevenant à une amende de 7 500 euros. Pour beaucoup, le braconnage est une pratique presque traditionnelle dans le Haut-Doubs. “Moi je suis natif d’ici.

Je me souviens que dans le temps tout le monde allait aux grenouilles. Cela faisait partie de notre culture. On ne faisait pas mal. C’était juste pour le plaisir de les manger en famille” esti- me Maurice, un septuagénaire à qui il arrive encore d’aller pêcher quelques grenouilles avouant passer entre les mailles du filet d’une réglementation

chement tellement à perdre et peu à gagner” souligne un restaurateur du Haut-Doubs selon lequel le nœud du problème est celui de la grenouille d’importation. “Nous, nous cuisinons de la grenouille rousse. C’est un pro- duit local d’exception. Le dysfonction- nement vient du fait que des restau- rateurs vendent sous l’étiquette grenouille fraîche des grenouilles vertes d’importation qui viennent de Turquie au prix des grenouilles rousses. La légis- lation l’autorise.” Pour se repérer, si le consommateur voit qu’un restaurant propose des grenouilles aumois de jan- vier, il peut être assuré qu’il s’agit de batraciens importés. Cette année, la saison s’est étendue du 10 mars au 15 avril environ dans le Haut-Doubs. T.C.

qu’il juge “trop sévère.” Pour beaucoup de res- taurateurs, le trafic est un faux problème, mar- ginal de surcroît. D’autant qu’eux aussi s’exposent à des pour- suites s’ils font com- merce de grenouilles achetées sur un marché parallèle. “Il y a fran-

“C’est parfaitement réglementé.”

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