La Presse Pontissalienne 151 - Mai 2012

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 151 - Mai 2012

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GUYANS-VENNES Un investissement total Fier et heureux d’avoir fait sa maison Jean-Philippe Sanseigne n’a voulu laisser à personne le soin de construire sa maison. Il a opté pour un matériau facile à mettre en œuvre et aux qualités méconnues : le béton cellulaire.

I l en rêvait, il l’a fait. Plus que tout autre, l’autocons- tructeur a cette capacité de s’approprier la conception de son habitat et il est prêt à beaucoup de sacrifices pour par- venir à ses fins. “Je voulais fai- re ma maison” , explique Jean- Philippe Sanseigne.Travaillant dans le négoce de matériaux, il avait envie de passer à la pra- tique, histoire d’acquérir une expérience complémentaire. Le volet économique représentait aussi une source de motivation. “Cela permet de voir un peu plus grand quand on réalise les plans” , poursuit un autoconstructeur qui a surpris tout son monde en annonçant son projet. Côtoyer les professionnels du bâtiment ne signifie pas pour

autant qu’on est capable d’en faire autant. Le jeune couple a choisi de s’implanter à Guyans- Vennes dans une commune chè- re aux Sanseigne. Un détail qui aura son importance car la proxi- mité de la famille favorise for- cément l’entraide. Ce qui sera le cas ici. Le lancement du chan- tier remonte à mai 2010. “On a fait appel à une entreprise pour le terrassement” , concède Jean- Philippe Sanseigne qui a fait la même chose pour la charpente. Fondations en béton, sous-sol en agglos et tout le reste de la struc- ture est constitué en béton cel- lulaire. “On peut considérer qu’il s’agit d’un matériau écologique car c’est unmélange d’eau, sable, ciment et silice. J’étais attiré par la qualité d’isolation et la faci-

saison et assure même une cli- matisation naturelle en été. Le constructeur de Guyans- Vennes a opté pour un système de chauffage au sol alimenté par une chaudière électrique avec une V.M.C. pour réguler la cir- culation d’air. “J’ai quandmême prévu des réservations pour mettre autre chose si cette confi- guration s’avérait inopérante ou trop coûteuse. On verra à l’usa- ge” , analyse confiant Jean-Phi- lippe Sanseigne qui vient d’em- ménager dans sa nouvelle demeure. Une belle bâtisse de 140m 2 habitables. Les murs por-

lité de mise en œuvre. Le béton cellulaire présente l’avantage de se poncer très facilement, ce qui permet de récupérer des erreurs. C’est un peu plus cher que le par- paing standard même comme on fait l’économie d’un autre sys- tème d’isolation, on s’y retrouve largement” , poursuit le nouvel ambassadeur d’unmatériau sou- vent décrié pour sa propension retenir l’humidité. Fausse idée. Le béton cellulaire ne prend pas l’eau et régule plutôt bien l’hy- grométrie. Il freine la déperdi- tion de chaleur en hiver, réduit la durée de chauffage en demi-

Plus cher que du parpaing traditionnel, le béton cellulaire permet de faire l’économie d’une isolation. Il se suffit à lui-même.

teurs et les séparations inté- rieures respirent aussi le béton cellulaire. De cette expérience dans le bâtir soi-même, Jean-Philippe retient surtout l’obligation d’une pré- paration sans failles. “Il faut pen- ser à tout. Comme on était sur une parcelle non lotie, on a aus- si géré l’arrivée des réseaux. À cela s’ajoutent l’approvisionne- ment du chantier, le planning

des travaux. Mais le résultat en vaut la chandelle” , note celui qui a tiré un trait sur tous ses loi- sirs pendant deux ans pour mener à bien son projet. Pratique très à la mode dans l’autoconstruction, la maison Sanseigne est équipée de deux citernes de 7,5 m 3 au total qui fournissent l’eau sanitaire.Vive l’autonomie.

MONTPERREUX

Efficacité énergétique

Le chantier a débuté en mai 2010 et la famille Sanseigne vient juste d’emména- ger dans sa nouvelle maison.

Maison de standing à prix réduit S’offrir une maison d’architecte passive avec vue imprenable sur le lac n’est pas réservé uniquement aux plus riches. La solution passe par l’autoconstruction.

“L e terrain nous avait tapés dans l’œil. On a fait appel à un architecte à cause de l’étroitesse de la parcelle

et des difficultés liées à la pente” , confie Antoine Savary. Sensible au volet éner- gétique, cet enseignant tenait à pri- vilégier la performance thermique. La qualité a un prix. “On a choisi d’aug- menter la part d’autoconstruction en étant très précis dans la préparation du chantier” , poursuit ce professeur de sciences-physiques ravi à l’idée de mettre en pratique ses connaissances théoriques. Pas besoin non plus d’être économiste de la construction pour comprendre qu’il avait tout intérêt à réduire son temps de travail pour se consacrer davantage à samaison. L’au- toconstructeur n’intervient pas aus- si vite qu’un professionnel mais il ne compte pas ses heures. Antoine Savary est donc passé ensei- gnant àmi-temps. Le chantier a démar- ré en mai 2011. “On a fait appel des entreprises pour le terrassement, la maçonnerie, la charpente et les élé- ments en ossature bois.” Le professeur est devenu maître d’œuvre. Pas for- cément le rôle le plus facile, surtout quand il faut faire des mises au point. Les matériaux constituent l’autre grand poste de dépense d’une maison. Le budget peut vite s’envoler quand on part sur le principe d’une maison passive, la plus étanche possible. L’au- toconstructeur doit être un bon ache- teur. Faute de trouver son bonheur localement à prix raisonnable, Antoi- ne Savary a prospecté sur internet pour dénicher des solutions en Alle- magne, beaucoup plus économiques. “Comme ça coûte deux fois moins cher, on amortit facilement le transport.” La famille Savary doit emménager au printemps 2013. Si les travaux sont

Professeur en sciences- physiques, Antoine Savary a pris

un poste mi-temps pour se consacrer davantage à la réalisation de sa maison.

pour l’essentiel le fait du papa, celui- ci n’oublie pas d’associer le reste de la famille dans cette aventure. “Même si les épouses et enfants ne construi- sent pas eux-mêmes et n’ont pas les félicitations de l’entourage, leur emploi du temps, leurs tâches, leurs vacances et leurs week-ends sont directement impactés par le chantier.”

Étanchéité oblige, les murs sont recouverts d’un isolant extérieur de 28 cm d’épaisseur.

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