La Presse Pontissalienne 151 - Mai 2012

22 DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 151 - Mai 2012

ARÇON

Un atavisme familial Comment faire du neuf avec du vieux

Pas trop pris par le temps, Fabien Henriet a mis 5 ans pour construire sa maison au hameau de la Mare d’Arçon.

Certains autoconstructeurs s’avèrent particulièrement précoces, à l’image de Fabien Henriet qui a commencé sa maison à partir de 18 ans.

O n a la fibre constructive dans la famille Henriet. Séraphin le grand-père toujours en vie se débrouillait déjà plutôt bien en maçonnerie. Ses fils et petits- fils ont perpétué la tradition.

Plusieurs membres de la famil- le ont pris une part active dans l’édification de leurmaison. Ceux qui travaillent la terre ne deman- dent leur reste à personne dès qu’il s’agit de monter, agrandir ou modifier un bâtiment agri-

La façade principale a été réalisée à partir des pierres du chazal d’origine.

cole. On retrouve de temps en temps cette capacité d’autoconstruction dans le mon- de paysan. Les Henriet de la Mare d’Arçon

ne s’en étonnent même plus.Une compétence parmi d’autres en quelque sorte. Fabien Henriet n’a pas traîné avant de semettre enœuvre.Encore en âge d’habiter chez ses parents, il lui prend la bonne idée de racheter un cha- zal en 2004. Il n’a alors que 18 ans. L’idée de construire sa mai- sonà partir d’une ruine ne l’effraie pas lemoins dumonde. “J’ai com- mencé par récupérer les vieilles pierres du chazal. Elles ont ser- vi à monter la façade de la nou- velle maison. Comme elles n’étaient pas toujours aux bonnes dimensions, il fallait parfois les tailler. Ce travail m’a occupé pra- tiquement tout un hiver” , concè- de FabienHenriet qui est aujour- d’hui sur une exploitation agricole à 5 associés.

Menuisier de formation, il a d’abord travaillé dans une mino- terie avant de revenir exploiter les terres familiales. Pas pres- sé par le temps, le jeune bâtis- seur a géré son projet à son ryth- me. Il sonnait le rappel de l’entraide familiale pour le gros œuvre, à l’heure du terrasse- ment ou de la pose du toit. La charpente a été débitée par son frère qui tient une petite scie-

à laminoterie. Je peux aussi pro- fiter du ralentissement hivernal à la ferme.” Fabien a bâti dans les règles de l’art en privilégiant des prin- cipes de construction simples et efficaces. Isolation en laine de bois et briques sur les murs exté- rieurs, cloisons en briques et à l’étage la bonne vieille combi- naison bardage-plotets. Sa mai- son qui nemanque pas de cachet fait 135m 2 et comprend un sous- sol. Il a emménagé en février 2009. Du chazal, il a aus- si conservé une citerne. Son plus gros investissement réside dans l’acquisition d’une chaudière à bois déchiqueté.Il s’approvisionne en matière première chez son frère scieur et fait appel aux ser- vices de la C.U.M.A. des Nobles pratiques pour produire ses pla- quettes bois. Le bon sens pay- san.

Fabien Henriet a fait appel à ses amis et à sa famille qui lui ont donné un coup de main lors de gros travaux.

rie. Seule entorse à l’autoconstruction, il a fait appel à des entreprises pour l’installation du chauffage et de l’électricité. “J’ai toujours eu la chan- ce de pouvoir me libérer du temps. Je terminais mes jour- nées à 13 heures quand je travaillais

Le bon sens paysan.

SOMBACOUR 592 bottes Mettre lamain à la paille Un peu écolos, un peu bricoleurs, un peu solidaires, Noël et Reine Henriet avaient en eux la fibre autoconstructrice. Elle s’est formalisée devant un grand mur en paille. C e couple recomposé a d’abord prospecté dans l’existant avant de songer à construire. “On a cherché une maison dans le pas trop. “On approchait de la cin- quantaine. On voulait donc se mettre en œuvre assez rapidement pour mener à bien notre projet” , confie Reine Hen- riet.

Reine qu’on ferait une maison en paille. On avait déjà une idée de la forme. Un ami qui travaille dans la construction nous a aidés à réaliser les plans qu’on a présentés ensuite à Jean-Michel Bian- camaria. Pour l’orientation, on a consul- té un géobiologue qui nous a position- nés la maison en prenant en compte les champs électromagnétiques” , pour- suit Noël Henriet. Premiers coups de pelle en juillet 2009. Le couple fait appel à des profession- nels pour les fondations qui sont réa- lisées en briques alvéolaires en pier- re ponce. Il sollicite aussi les conseils de la société Ocotonome de Jean-Michel Biancamaria pour l’ossature bois et le paillage. La maison Henriet va absor- ber 592 petites bottes de paille et 30 m 3 de sapin Douglas pour l’ossature. “À l’intérieur, on a monté unmur de refend en briques de pierre ponce, pleines cet- te fois-ci, pour l’effet de masse et qui sert de colonne vertébrale à la maison.” Noël et Reine Henriet ont mené le pro- jet dans l’esprit d’un chantier partici- patif et festif. Beaucoup d’entraide avec la famille, les amis et même le voisi- nage. “Les gens venaient nous propo- ser un coup de main sans qu’on leur demande.” Des dizaines de participants ont procédé ainsi à la pose des bottes de paille. L’opération a été exécutée en quelques jours seulement. Les murs de paille seront ensuite recou- verts de deux corps d’enduit à base de chaux et sable. Petite originalité éco-

Haut-Doubs sans trouver quelque cho- se qui corresponde à notre vision éco- logique de l’habitat” , explique Noël Henriet. Pas question pour lui de renou- veler l’expérience d’une maison clefs en main. Les envies évoluent aussi avec le temps. Faute de solution toute faite, le couple a acquis une parcelle constructible à Sombacour. L’idée de s’engager dans la réalisation d’une maison écologique s’est peu à peu concrétisée. L’un et l’autre avaient déjà le goût du brico- lage. Ce type de chantier ne les effrayait

À l’occasion d’un salon bio organisé à Besan- çon, son compagnon découvre les techniques de construction écolo- gique. Il craque devant un grand mur en paille présenté par Jean- Michel Biancamaria, la référence comtoise dans cette technique de construction. “Le soir même, j’ai annoncé à

Dans l’esprit d’un chantier participatif.

Un petit coup de taille-paille, histoire d’avoir une surface assez lisse qui sera

recouverte d’enduit à base de chaux et sable.

Faute de trouver la maison écologique qui correspondait à leurs attentes, Noël et Reine Hen- riet l’ont construite eux-mêmes.

logique, le garage en appentis est en bois cordé. Cette technique permet d’assembler des rondins d’acacia à l’aide d’un mortier constitué de chaux, sable et paille. “On a installé au rez- de-chaussée un chauffage au sol relié à des panneaux solaires thermiques. Le complément est fourni par un bon vieux poêle à bois Godin. On a consom- mé un stère et demi de bois cet hiver.

Le toit est isolé avec de la ouate de cel- lulose sur une épaisseur de 30 cm.” Une citerne récupère l’eau pluviale utili- sée pour tous les besoins domestiques, y compris la consommation en eau potable. “On voulait être le plus proche de l’autonomie. Aujourd’hui, il reste à terminer les finitions et à profiter de la vie” , conclut Noël. F.C.

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