La Presse Pontissalienne 151 - Mai 2012

LE DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 151 - Mai 2012

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Ils construisent eux-mêmes leur maison LES BÂTISSEURS DU HAUT-DOUBS

À défaut de toucher des salaires de frontaliers ou d’exercer des professions très rémunératrices, certains candidats à la maison individuelle compensent le coût du foncier en prenant une part active dans la réalisation de leur projet. La démarche ne se réduit pas unique- ment à l’approche économique. Elle intègre d’autres motivations : défi, envie de s’accomplir, goût du bricola- ge… Il y a autant de maisons que de profils. La petite famille des autoconstructeurs du Haut-Doubs est riche de diversité, d’ingéniosité et de courage. Sans oublier l’ouverture d’esprit. Partage d’expériences.

Les candidats à l’autoconstruction s’engagent dans un projet complexe, de longue haleine et qui ne tolère pas l’approximation au risque de sévères désillusions. Quelques précautions s’imposent. Conseils Auto-concepteurs : attention aux pièges PRÉVENTION

Construire sa propre maison, souvent le projet d’une vie.

L es médias raffolent de ces repor- tages montrant des autocons- tructeurs englués dans les pires difficultés techniques ou finan- cières. Rares sont les cas d’incompétences notoires. Les ennuis résultent souvent d’un manque de pré- paration, d’achats précipités, d’erreurs de conception, d’ignorance ou de mal- adresses. “Quand on se lance dans ce type de projet, on va devoir s’improviser maçon, plâtrier, électricien, carreleur. On décide de se former et d’acquérir un savoir-faire. Cela demande un inves- tissement. Il y a des coups de main à

maîtriser en sachant qu’un automa- tisme requiert des années d’expérience” , observe Étienne Chauvin. Souvent consulté par des particuliers en proie à des soucis de construction, cet architecte conseil au C.A.U.E. du Doubs (Conseil, architecture, urba- nisme, environnement), estime pri- mordial de s’entourer de bons conseils dès la conception du projet. Cette fonc- tion, comme celle dédiée à la maîtri- se d’œuvre, englobe un ensemble de compétences qui nécessitent plusieurs années d’étude. Outre l’élaboration de la structure, il sera question de pha-

sage des travaux, de management de chantier. On voit mal un particulier, aussi débrouillard soit-il, réaliser une étude thermique sans l’aide d’un pro- fessionnel. “Dès lors qu’on a une esquis- se, c’est à ce moment-là qu’il faut voir si cela tient la route, même au niveau financier.” Primo : ne jamais négliger le travail en amont et se donner du temps. Le choix de l’autoconstruction relève de divers motifs : goût du bricolage, fier- té, projet de couple. Il est parfois condi- tionné par une technique de construc- tion encore boudée par les professionnels, à l’exemple de la paille. À quelques exceptions près, l’autoconstructeur sollicite toujours une ou deux entreprises pour réaliser le gros œuvre, la charpente ou encore l’électricité et l’installation de chauf- fage. Si la construction est un choix économique, il n’est pas toujours oppor- tun pour autant de se passer des conseils d’un professionnel. “L’autoconstructeur est à la fois maître d’ouvrage et maître d’œuvre. Si l’on veut que les deux s’entendent bien, il faut que cela soit clair. C’est là qu’un organisme comme le C.A.U.E. peut être

aucune appétence” , souligne l’architecte- conseil qui signale d’ailleurs que ce matériau a désormais ses règles de construction au Centre Scientifique et Technique du Bois (C.T.S.B.). “On voit de plus en plus de maison ossature bois avec de la paille. Je conseille souvent cette combinaison aux autoconstruc- teurs. La paille fonctionne sur un réseau assez bien structuré qui intègre même le principe de chantier solidaire.” L’approche économique conditionne souvent le choix de l’autoconstruction. Ce qui peut se comprendre, car lamain- d’œuvre représente globalement les deux tiers du prix de la maison, le res- te étant lié aux matériaux. D’où l’envie parfois de réduire son activité profes- sionnelle pour s’investir davantage dans le chantier. “En général ça vaut le coup. C’est une parenthèse dans l’existence et on a bien gagné sa vie.” À vos truelles… F.C.

efficace car on est là pour aider les gens à se poser les bonnes questions.” Étienne Chauvin prend l’exemple des matériaux. Pas facile de se retrouver dans cette jungle de produits. “On peut conseiller les gens en le mettant en gar- de de ce qu’ils aiment bien faire. Ce n’est pas parce que l’on maîtrise le plâtre qu’il faut en mettre sur tout et partout.” Certains matériaux sont déva- lorisés par des faux préjugés mais qui ont la vie dure. Arrêtons de croire

“La conception est une étape essentielle qui mérite d’être validée par des profes- sionnels”, estime Étienne Chauvin, architecte conseil au C.A.U.E. du Doubs.

qu’une maison en paille va s’envoler en fumée à la moindre étincelle. À cause de sa densité, une botte n’emmagasine pas d’oxygène. Elle mettra donc un temps fou avant de se consumer. Faux aussi de croire qu’elle attire les rongeurs. “La paille, c’est de la silice très indigeste et qui n’a

S’entourer de bons conseils.

Espace Info Énergie Étienne Chauvin est également conseiller en énergie. Il tient des permanences en mairie de Pontarlier le 4 ème mardi du mois de 10 heures à 12 heures Renseignements au 03 81 82 04 33

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