La Presse Pontissalienne 150 - Avril 2012

La Presse Pontissalienne n° 150 - Avril 2012

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ANALYSE Encore du potentiel Miracle horloger et eldorado commercial Le dynamisme de l’horlogerie helvétique se répercute sur le commerce local. Expli- cations avec Laurent Sage, directeur des études économiques à la C.C.I. du Doubs.

P as de mystère dans la dynamique commerciale du Grand Pontar- lier qui est la conséquence d’un système bien particulier. “On ne peut pas parler de surdimensionnement sinon il y aurait des friches. On a jus- te un commerce qui a su s’adapter à l’évolution de la demande notamment en direction des frontaliers. Cette clien- tèle frontalière résulte pour grande par- tie du dynamisme horloger”, décrypte Laurent Sage en soulignant l’importance des frontaliers dans ce renouveau. En 20 ans, l’effectif salarié dans l’industrie horlogère est passé de 30 000 à 50 000 emplois. La moitié de

payés en euros car ils sont protégés par les accords bilatéraux.” L’évolution de l’emploi frontalier asso- cié à la hausse du pouvoir d’achat, c’est tout bénéfice pour la place commer- ciale pontissalienne. Sans oublier la clientèle suisse de retour dans les linéaires français. Les plaques suisses se retrouvent en priorité sur les par- kings des grandes surfaces alimen- taires. La différence sur le panier ali- mentaire est réelle est durable. À titre d’exemple, le prix du kilo de bœuf varie pratiquement du simple au triple entre la France et la Suisse. C’est la consé- quence d’un marché suisse ultra-pro- tégé. “Le Haut-Doubs attirait jusqu’à

ces postes sont occupés par des fron- taliers qui sont, pour les trois quarts d’entre eux, installés en Franche-Com- té. L’horlogerie haut de gamme suis- se ne connaît pas la crise. Elle affiche même des perspectives de croissance insolentes : plus 10 % de chiffres pré-

le-Lac aux portes de la Suisse, le bas- sin pontissalien reste pénalisé par la distance vis-à-vis des agglomérations vaudoises ou neuchâteloises. Ce han- dicap n’assombrit pas les perspectives. Le commerce pontissalien repose sur un modèle frontalier qui n’est struc- turellement pas soumis au ralentis- sement global de l’économie suisse.

présent plutôt une clientèle suisse popu- laire. Il reste encore un potentiel à déve- lopper à destination des classes plus aisées. Comment l’offre pontissalienne peut répondre à cet objectif ? En ajus- tant l’offre avec une montée en gamme des produits et des services, notamment dans l’équipement à la personne.” À la différence de Morteau ou Villers-

vus en 2012. Ce qui est loin d’être le cas des autres branches indus- trielles suisses fragi- lisées par un taux de change qui ne leur est pas favorable. “La situation est durable. En plus, les frontaliers ne peuvent pas être

“On ne peut pas parler de surdimen- sionnement.”

ZONE DES GRANDS-PLANCHANTS Recours en C.N.A.C. Streit transformé en espace commercial à vocation multiple L’ancien bâtiment industriel sera complètement rasé pour accueillir près de 4 900 m 2 de surface commerciale supplémentaire divisée en plusieurs lots. S igne des mutations économiques de ce Haut-Doubs incapable de résister à la désindustrialisation, le site Streit va faire l’objet d’une reconversion commerciale. Pour mémoire, ce bâtiment accueillait initialement l’entreprise suisse Parker. Il a été repris par Streit Tech- nologie. Cette entreprise spécialisée dans l’assemblage mécanique a été mise en liquidation judiciaire au cours de l’été 2008. Après un changement de destination, le site a été racheté par la socié- té lyonnaise Sepric Réalisations en vue d’une valorisation commer- ciale. Cette finalité n’emballait pas forcément les élus pontissaliens. Mais contrairement à Sbarro, impossible de bloquer ce projet qui appor- tera près de 5 000 m 2 supplémentaires dans le paysage commercial local. Le projet Sepric prévoit la démolition complète de l’ancien bâtiment. L’opération s’inscrit dans la reconquête d’une friche industrielle avec une construction neuve, en forme de L, qui répond aux tendances en vogue dans l’architecture commerciale. Plus de confort, plus de lumiè- re, meilleure accessibilité… Cet ensemble commercial abritera plusieurs magasins. Il comprendra : 600 m 2 dédiés à l’alimentaire spécialisé, 2 000 m 2 à l’équipement à la personne, 1 500 m 2 à l’équipement du foyer. Il restera 800 m 2 divisibles en trois cellules. Le projet validé en C.D.A.C. a fait l’objet d’un recours en C.N.A.C. le 20 janvier dernier. L’affaire qui est en cours de traitement, ne devrait pas modifier la réalisation de ce nouvel espace commercial.

L’économie transfronta- lière repose en grande partie sur le dynamisme horloger suisse (source C.C.I. 25).

TROIS QUESTIONS À… Patrick Genre, maire de Pontarlier “Notre présence en C.D.A.C. n’est que symbolique”

Patrick Genre s’interroge de plus en plus sur l’intérêt pour la commune de Pontarlier de participer encore aux commissions départementales d’aménagement commercial. Explications.

Le maire de Pontarlier s’oppose au “tout commercial”.

L a Presse Pontissalienne : Que va-t-il advenir du bâtiment Sbarro ? Patrick Genre : C’est trop tôt de le dire pour l’instant. On a six mois pour proposer autre chose qu’une activité com- merciale. Aujourd’hui en ter- me d’offre commerciale, on est quand même à un niveau particulièrement dense. Jus- qu’à présent, on a réussi à préserver l’équilibre. Aller au-delà nous semblait trop risqué. On a reçu le porteur du projet. Il a pris acte de notre refus et il a aussi accep- té de retirer son projet de C.D.A.C. qui devait être exa- miné le 2 avril. L.P.P. : Vous dénoncez régulière- ment le fonctionnement de ces

fameuses C.D.A.C., pourquoi ? P.G. : Les élus n’ont plus aucun pouvoir dans ces commis- sions. Notre présence n’est que symbolique. On prend seulement en considération des éléments d’intégration urbaine, de respect d’environnement, de sécuri- té routière mais plus aucun élément lié à la concurren- ce. Les porteurs de projets sont suffisamment intelli- gents pour présenter des dos- siers bien ficelés. J’ai écrit au préfet en lui demandant qu’on puisse instaurer quelques critères écono- miques en C.D.A.C. dans les zones comme les nôtres qui sont presque en situation de surdensité commerciale. Je n’ai rien contre le préfet qui

L’ancien bâtiment industriel sera démoli pour une nouvelle reconstruction.

Vue sur le nouveau projet qui intègre 4 900 m 2 de surface commerciale (vue P. Barillot).

c’est l’urbanisme. D’où l’importance d’être précis dans les P.L.U. La zone des Gravilliers est par exemple spécifiquement dédiée aux activités artisanales et indus- trielles.

risque de me répondre qu’il ne fait qu’appliquer la loi. L.P.P. : Doit-on s’attendre au gel des zones commerciales ? P.G. : Le seul moyen que pos- sèdent les élus pour avoir une certaine vision sur le développement commercial,

Recueilli par F.C.

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