La Presse Pontissalienne 150 - Avril 2012

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n° 150 - Avril 2012

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L’évolution de la réglementation commerciale laisse peu de marge d’intervention aux collectivités. Pour la première fois depuis longtemps, les élus pontissaliens ont l’opportunité de bloquer provisoirement un projet d’implantation commerciale. Ce projet d’envergure comprend l’ouverture de 5 400 m 2 de surface commerciale dans les locaux du bâtiment Sbarro sur la zone des Grands Planchants. Certains approuvent, d’autres contestent cette ingérence politique dans le secteur marchand. Enquête. HALTE À L’EXPANSION COMMERCIALE

PONTARLIER Veto des élus pontissaliens

Coup de frein municipal à l’expansion commerciale La Ville de Pontarlier a choisi de bloquer pendant six mois le projet de la société Immosur qui prévoyait de transformer l’ancien bâtiment Sbarro en surfaces commerciales. Sursis.

Zoom Le mauvais sort industriel L e bâtiment Sbarro a connu plusieurs propriétaires et de nombreuses activi- tés industrielles ou commerciales. Le bâtiment est construit en 1989 par lʼentreprise suisse Glass & Technics spécialisée dans la transformation de panneaux de verre. Elle y installe lʼun des fours les plus modernes dʼEurope, emploie une trentaine de salariés et dépose le bilan en 1991. Le prochain pro- priétaire sera Franco Sbarro qui rachète en 1994 les locaux vendus 1,5 million dʼeuros par le liquidateur judiciaire. Un très bon coup financier sachant que le bâtiment initial valait beaucoup plus. Sbarro qui ouvre une école et un musée automobile réussit même à obtenir le soutien des collectivités territoriales. Ses activités ne décolleront jamais. Il restera une dizaine dʼannées à Pontarlier avant de mettre le cap sur le pays de Montbéliard. Le couturier de lʼautomobile fera encore une juteuse affaire en vendant son bien à la S.A.R.L. Le Vitiau. Le site servira de plateforme logistique au fabricant de lunettes Cébé. Il abritera plusieurs commerces et sociétés dʼactivités tertiaires. Lʼentreprise de fabrication de meubles Les Mobifiables occupera ensuite une gran- de partie des locaux avant de sombrer elle aussi dans la déconfiture. Dur, dur…

T rop, c’est trop. Déjà passable- ment échaudée par les 5 000m 2 commerciaux du projet Streit, la municipalité pontissalien- ne qui milite pour l’équilibre des zones ne pouvait rester sans réagir face au devenir du site Sbarro. Le bâti- ment a été racheté par la société Immo- sur en vue d’y aménager 5 415 m 2 de surface commerciale. Le projet com- prenait la réalisation de 22 locaux d’une surface allant de 61 à 724 m 2 proposés à la vente ou à la location. Des commerces de toute nature : équi- pement de la maison, jardinage, cul-

regrette amèrement que les C.D.A.C. ne prennent plus en compte les cri- tères économiques dans les implan- tations commerciales. Il s’en est plaint récemment après du préfet sans obte- nir de réponse pour l’instant.

ture, loisirs, habitat… Le passage en C.D.A.C. (commission départementale d’aménagement com- mercial) nécessitait au préalable un changement d’affectation de la par- celle concernée. Ce bien étant situé en zone industrielle, le cahier des charges de la zone s’applique, et notamment son article 7. Lequel stipule : “Après l’achèvement des travaux, le proprié- taire sera tenu de ne pas modifier l’affectation du bâtiment sans en avoir avisé le maire de Pontarlier au moins deux mois à l’avance.” Une aubaine aux yeux du maire Patrick Genre qui

Les élus pontissaliens partagent ce point de vue, notamment l’adjoint à l’urbanisme et à l’économie Daniel Defrasne. “La commis- sion urbanisme a exa- miné avec attention le dossier et a émis un avis

Ne pas tuer la poule aux œufs d’or.

pour accueillir des activités indus- trielles ou artisanales qui ne soient pas commerciales” , observe l’adjoint. Les élus pontissaliens ont rencontré à ce titre le porteur du projet, à savoir Gérard Favrat de la société Immosur (que nous n’avons pu joindre malgré plusieurs tentatives). “Il a pris acte de cette décision et vient d’ailleurs de reti- rer son projet enC.D.A.C. qui devait pas- ser le 2 avril” , précise Patrick Genre. La position du maire n’est pas approu- vée par l’ensemble des commerçants de la place pontissalienne. Certains lui reprochent sa frilosité à vouloir juguler une expansion commerciale qui reste jusqu’à présent le plus effi- cace levier économique du Haut-Doubs. Philippe Gille, le président de l’association Commerce Grands-Plan- chants, était par exemple favorable à la mise en commerce des bâtiments Sbarro et Streit. D’autres crient au scandale de devoir sacrifier le plus bel emplacement commercial du secteur au profit d’activités non marchandes. D’autres encore apprécient cette volon- té politique de ne pas tuer la poule aux œufs d’or du gâteau commercial pon- tissalien. Entre prudence ou audace, les deux stratégies ont chacune leurs atouts et inconvénients. Le veto municipal n’est valable que 6 mois. Rendez-vous cet automne pour la suite des opérations. F.C.

défavorable. Pourquoi ? Ce bâtiment à usage industriel offre de belles possi- bilités d’aménagement intérieur. La municipalité doit faire de la résistan- ce dans la mutation de ce bâtiment pour rechercher toutes les solutions

Le conseil muni- cipal a refusé à l’unanimité le changement d’affectation du bâtiment Sbarro qui devait accueillir de nouvelles surfaces commerciales.

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