La Presse Pontissalienne 150 - Avril 2012

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 150 - Avril 2012

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MONTBENOÎT

Ouverture d’un atelier

La guitare : un métier dans ses cordes Raphaël Coulon a toujours eu la passion de cet instrument. Il en joue,

L e jeune luthier attend le printemps avec impatience. Au 1 er avril, il s’est instal- lé dans un atelier flambant neuf amé- nagé dans l’ancienne scierie Barrand à Montbenoît. Sûr qu’il va apprécier le changement, lui qui travaillait pour l’instant à domicile. “On aura un local de 115 m 2 partagé entre le magasin et l’atelier” , explique Raphaël Coulon qui occupera les lieux avec son collègue Benjamin Hadjeb avec qui il projette de s’associer dans quelques mois. La lutherie, ça se mérite. Les usurpateurs ne manquent pas dans cette profession. Beaucoup se contentent en effet de réparer des guitares et ils sont tout au plus une vingtaine en France à vraiment faire des instruments. Originaire de Bourg-en-Bresse, Raphaël Coulon est tombé tout petit dans la marmite. “J’ai fait ma première guitare à 11 ans avec mon grand- père.” Naissance d’une vocation. Plutôt rebelle aux normes scolaires, l’adolescent trouve son bonheur chez un maître luthier isérois, Chris- tophe Lepirate, qui accepte de lui apprendre les secrets du métier. L’élève restera cinq ans dans cet atelier avant de partir à New-York suivre une formation dans les bois précieux. il en fabrique et il commence même à en vivre. Rencontre.

Raphaël Coulon a pris possession le 1 er avril de son nouvel atelier aménagé dans l’ancienne scierie Barrand à Montbenoît.

De retour dans l’Ain, l’apprenti luthier décidément atypique et plein de ressources décroche un poste d’ingénieur du son à la Tannerie, une salle de concert bien connue sur Bourg-en-Bres- se. Le job idéal pour rencontrer des guitaristes. Premiers contacts avec la clientèle et pre- mières commandes aussi pour l’artisan. La lutherie n’est alors qu’une source de revenu com- plémentaire. Raphaël Coulon affiche sa préférence pour les “solid body” qui désignent les

Des instruments pratiquement garantis à vie.

guitares et les basses électriques. Le Haut-Doubs ne figurait pas forcément dans ses projets de vie. “J’étais juste venu voir des amis” dit-il. Le séjour s’est prolongé le temps que Raphaël trouve sa moitié pontissalienne et s’établisse durablement dans la région. Il patien- tera encore quelques années avant d’entrer dans le vif du métier. Il se met à son compte en 2009 sous l’enseigne Heyoka arts lutherie. Heyoka désigne un personnage légendaire de la culture Sioux, autre centre d’intérêt de Raphaël Coulon qui apprécie tout particulièrement cette philo- sophie de vie. La zen attitude en quelque sorte. Cet état d’esprit s’accorde assez bien avec les exigences de la lutherie. Ce métier réclame patien- ce, précision et beaucoup de technicité. Sans oublier du bois de résonance de première qua- lité. Le luthier pontissalien utilise diverses essences d’arbre : érable, aulne, frêne, noyer... Il s’approvisionne chez Bernard Michaud à Fer- tans, qui exploite la seule scierie de bois de luthe- rie en Franche-Comté. Raphaël Coulon se posi- tionne sur le créneau haut de gamme. Il réalise des instruments uniques et pratiquement garan- tis à vie. La fabrication peut varier de quelques jours à plusieurs mois suivant les modèles dont les prix varient enmoyenne de 1800 à 2500 euros. “C’est de la guitare de concert” , précise le jeune luthier qui s’adresse donc à des musiciens pro- fessionnels. Serge Teyssot-Gay de Noir Désir grattait sur une de ses guitares. Le bouche à oreilles compte beaucoup dans ce milieu. Raphaël Coulon se plie volontiers au jeu des expositions. Il participe aussi à des ren- contres artisanales en compagnie d’autres luthiers. Sa petite entreprise commence à bien tourner. “Les semaines sont bien remplies. Ce travail repré- sente beaucoup de sacrifices mais ça vaut le coup” , analyse très positivement l’artisan, ravi de vivre de sa passion. F.C.

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