La Presse Pontissalienne 150 - Avril 2012

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 150 - Avril 2012

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SANTÉ

La pharmacie cherche des remèdes à la crise Des pharmaciens pas logés à la même enseigne

À Besançon, 22 pharmaciens étaient au chômage en janvier alors que les officines de Pontarlier et du Haut-Doubs sont les seules de la région à voir leur chiffre d’affaires augmenter.

Évolution de l’activité des pharmacies en Franche-Comté en décembre 2011 par rapport à décembre 2010. Source : Centre de gestion.

M alaise chez les pharmaciens de Besançon qui ne vont pas bien, à l’inverse de ceux du Haut-Doubs dont leur chiffre d’affaires augmente. Selon une étude réalisée par le centre de gestion agréé de Franche-Comté, les résultats des pharmacies entre décembre 2011 par rapport à décembre 2010 a diminué Mode de calcul de la marge d’un médicament Lamarge desmédicaments et la remi- se sur le générique sont toujours cal- culées sur le prix fabricant hors taxes (P.F.H.T.). Le prix public d’un médi- cament se décompose ainsi : P.F.H.T. + marge grossiste + marge pharma- cien + T.V.A. 2,1 %. Lamarge du pharmacien sur les prin- ceps est unemarge lissée à 3 tranches à laquelle se rajoute un forfait de 0,53 euro par boîte. Exemple pour unmédicament ayant un P.F.H.T. de 40 euros, lamarge sera de 8,22 euros (marge = 0,53 euro + 5,97 euros + (40 euros - 22,90 euros) x 10 % = 8,22 euros). Leprixdesmédicamentsremboursables est le même dans chaque officine.

de 1 % à Besançon et de 2,1 % en Franche-Comté. La baisse d’activité est plus prononcée en centre-ville (- 3,7 %). Dans l’arrondissement, la bais- se est de 0,5 % alors qu’une quasi-stag- nation est observée à Besançon hors centre-ville (+ 0,1 %). En revanche, cette déprime - peut-être passagère - n’est pas observée à Pon- tarlier et dans le Haut-Doubs en géné- ral où les officines se développent avec une hausse d’environ 3 % sur les dou- ze derniers mois. C’est un peu moins prononcé à Morteau (+ 0,5 %). Si le Haut-Doubs et le Jura s’en sortent mieux, c’est parce que la concurrence des officines y est moindre et le pou- voir d’achat des clients plus fort. “ Il existe un réel problème économique dû en partie au déremboursement des médi- caments, confie Madeleine Heme de Lacotte, présidente de l’ordre des phar- maciens. Aujourd’hui, peu de phar- macies augmentent leur chiffre d’affaires ou embauchent dans notre région. Si les patients doivent payer un médica- ment, ils ne l’achètent plus” dit-elle. Besançon est donc touchée par une offre plus importante que la demande si bien que les jobs de pharmaciens (Bac + 6) ou préparateurs en phar- macie (Bac + 2) sont recherchés et les annonces vite pourvues. “ Il y a dix ans, j’ai vraiment peiné à trouver un adjoint, témoigne Jacques Simonin, proprié-

Jacques Simonin, pharmacien à Besançon et ancien président de l’ordre : “Les marges sur les médicaments ont baissé.”

taire d’une officine située rue Pasteur à Besançon et ancien président de l’ordre. Aujourd’hui, les offres sont plus nombreuses et si mes stagiaires ont tous trouvé un emploi dans les 3 à 4 mois suivant leur diplôme, je ne peux malheureusement embaucher person- ne pour le moment” explique-t-il. Le numerus clausus (1) qui était de 70 pharmaciens à la faculté de Besançon en 2011 ne semble pas en cause selon les spécialistes. Comme l’atteste une élève en sixième année de faculté qui terminera ses études en juin prochain après la présentation de sa thèse sur le régime sans sel, l’inquiétude est davantage d’obtenir son diplôme que d’être au chômage. En moyenne, les deux tiers des diplômés travailleront dans une officine, un tiers dans l’industrie pharmaceutique et 5 % dans les analyses médicales. Si la concur- rence des parapharmacies installées en grandes surfaces est une des causes de la baisse du chiffre d’affaires, c’est bien le déremboursement qui est à l’origine du mal. Les clients préfèrent

abandonner leur achat si un médica- ment n’est pas remboursé. Autre phénomène : la baisse des prix des médicaments diminue les marges des laboratoires pharmaceutiques qui la répercutent directement sur la mar- ge des pharmaciens. Conséquence, la marge sur un médicament pour un professionnel varie de 6 à 8 % (lire le zoom) d’autant que les pharmaciens sont dans l’impossibilité de se regrou- per pour réaliser des commandes grou-

pées. La loi les y interdit. Le déremboursement des médicaments, pilule difficile à avaler pour la pro- fession, est néanmoins nécessaire pour la Sécurité sociale qui réduit son défi- cit. Ou comment guérir un aux dépens de la santé de l’autre. E.Ch. (1) : le numerus clausus qui définit le nombre de pharmaciens pour 2012 n’est pas encore arrêté

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