La Presse Pontissalienne 150 - Avril 2012

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 150 - Avril 2012

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LÉGISLATIVES 5 ème circonscription “Je pars pour gagner” Nathalie Bertin est la candidate portée par une vague de militants U.M.P. qui rejettent la candidature d’Annie Genevard. Elle s’explique sur son engagement qui repose sur des bases solides.

L a Presse Pontissalienne : Vous êtes la candidate de la dissidence qui s’opère actuellement à droite sur la 5 ème cir- conscription. Sous quelle étiquette vous pré- sentez-vous ? Nathalie Bertin : Je me présente sous l’étiquette Parti Radical Nouvelle Droi- te. Le Parti Radical de Jean-Louis Bor- loo est une composante de l’U.M.P. jus- qu’à preuve du contraire. Mes valeurs sont à droite ! Je n’ai pas changé d’avis depuis trente ans. J’ai des valeurs morales, des convictions humanistes et solidaires. Mon suppléant Christian Coutal est de l’U.M.P., il incarne cet- te nouvelle droite. Ma philosophie poli- tique, c’est d’abord l’entreprise, l’économie, et ensuite l’investissement dans le social. On ne fait pas de social sans des entreprises fortes. L.P.P. : Vous avez été sollicité par ce groupe dissident qui compte beaucoup de cadres de l’U.M.P. pour porter leurs valeurs. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager dans cet- te bataille électorale alors que vous sembliez en retrait de ces grands rendez-vous ? N.B. : C’est une décision que je n’ai pas prise à la légère. J’ai consulté ma famil- le, mes amis. Un engagement comme celui-ci se pèse. Je pense avoir la matu- rité pour défendre les intérêts de ce territoire. L.P.P. : Le député Jean-Marie Binétruy condam- ne votre candidature qu’il compare à une “opé- ration de division de la droite”. Qu’est-ce que cela vous inspire ? N.B. : C’est comme d’habitude une décla- ration lance-flammes. Mais elle ne changera rien à ma décision. Je suis déterminée.À vrai dire, je m’attendais à une réaction de sa part. Cependant il ne répond pas sur le fond, à savoir pourquoi, alors que je suis sa sup- pléante, je ne suis pas une candidate légitime. Je n’ai pas été consultée. Est- ce que lui ne fut pas le successeur légi- time de Roland Vuillaume dont il fut le suppléant ? Je suis accusée de la division alors que j’ai un comporte- ment démocrate qui ne fera pas perdre

lu un temps de recul important pour ne pas être dans l’amertume aujour- d’hui. Ce n’est pas une revanche non plus. Cela l’aurait été il y a un an tant j’avais été blessée. Ils ont pensé que j’étais fichue. Mais j’ai de l’énergie à revendre. Ce qui me préoccupe main- tenant, c’est de gagner. Je ferai cam- pagne comme je l’ai toujours fait, sans coups bas. L.P.P. : Si vous êtes élue, quel rôle comptez- vous donner à votre suppléant Christian Cou- tal ? N.B. : Un député n’a pas le don d’ubiquité. Christian Coutal aura un vrai rôle de représentation. Je veux mener avec ce professeur d’économie une réflexion sur les grands sujets. J’ai un profond respect pour cet homme de tempéra- ment, qui a accepté d’être numéro deux pour me laisser la place de candidate. Il y a une vraie dynamique collective qui se met en place autour de nous avec entre autres l’engagement des conseillers généraux. Nous allons tra- vailler en confiance, échanger, s’expliquer, se dire les choses. Si je suis élue, il n’y aura plus de sournoiseries. J’espère que tout ce que l’on met en place sera une vraie richesse pour ce territoire. Ce qui m’interpelle aujour- d’hui, c’est la distance qui se creuse entre la population et des élus et en particulier vis-à-vis de ceux qui sont censés représenter l’unité. Dans ce combat, j’aurai gagné mon pari si les gens me disent qu’ils croient à nou- veau en la politique. L.P.P. : Est-ce que vous avez été surprise de l’ampleur de cette dissidence à droite que vous incarnez aujourd’hui ? N.B. : Je me suis dit que ce que j’avais perçu en 2008 sur la prégnance du binôme Jean-Marie Binétruy-Annie Genevard s’était généralisé. C’est com- me si j’avais ouvert la voie. Beaucoup de personnes veulent que cela chan- ge.

la droite. Il y aura des primaires, entre deux personnes qui ont une vision pour un territoi- re et une attitude diffé- rentes. Jean-Marie Biné- truy condamne alors que cela fait partie de la démocratie. L.P.P. : On sait que les rela- tions entre vous et Jean- Marie Binétruy sont tendues depuis longtemps. Que s’est- il passé pour en arriver à un tel point de rupture ?

Réaction Jean-Marie Binétruy dénonce une opération de division Le député U.M.P. de la V ème circonscription et en même temps patron de lʼU.M.P. dans le Doubs a très mal pris lʼannonce de la candidature de Nathalie Bertin qui est pourtant toujours sa suppléante. Il sʼest fendu dʼun communiqué : “Jean- Marie Binétruy, président du Comité départemental de lʼU.M.P. et Michel Vie- net, secrétaire départemental condamnent avec la plus grande fermeté lʼopération de division de la droite conduite par Nathalie Bertin qui vient de déclarer sa candidature à lʼélection législative de juin prochain, avec le soutien de quelques conseillers généraux qui avaient sollicité et obtenu le soutien du parti prési- dentiel aux dernières élections cantonales. Ceux qui nous ont fait perdre le can- ton de Pontarlier en 2004 et les sénatoriales en 2008 récidivent, ils nʼont jamais fait campagne ni pour les régionales de 2010, ni pour les cantonales sur Pon- tarlier en 2011. Aucun nʼétait présent au beau meeting de Nicolas Sarkozy le 30 mars alors que tous nos efforts doivent être tendus vers la présidentielle. Le temps doit être à lʼunité qui peut faire gagner et non à la division qui ne peut conduite quʼà la défaite.” Suppléant

“J’ai de l’énergie à revendre.”

N.B. : Après l’élection de Nicolas Sar- kozy en 2007, Jean-Marie Binétruy m’a demandé d’être sa suppléante. J’ai fait campagne à ses côtés. Il a été élu. Puis je l’ai informé de mon intention de me présenter aux élections séna- toriales. Il m’a clairement répondu qu’Annie Genevard était déjà posi- tionnée. Pour l’équilibre des mandats sur le territoire, je me suis permise de lui signifier qu’il serait regrettable que le député et le sénateur soient de Mor- teau. En vain. La rupture a eu lieu à ce moment-là.

N.B. : Je vais aller à la rencontre des gens, arpenter le territoire. Je vais ten- ter de surprendre, et utiliser les moyens modernes de communication. Je vais rencontrer les élus locaux évidemment, participer à des réunions publiques. En revanche, je ne changerai pas ma façon d’être. Je vais continuer à tra- vailler : je suis cadre en développe- ment économique local. En revanche, je cesserai mon activité si je suis élue députée. Je serai sans doute un peu directive avec mon équipe les pro- chaines semaines pour être opéra- tionnelle à 100 % pour la campagne au lendemain du second tour de la pré- sidentielle. C’est extraordinaire ce que je ressens comme énergie et comme envie aujourd’hui. L.P.P. : Patrick Genre a dit qu’il ne commen- terait pas dans l’immédiat votre candidature. Comment souhaiteriez-vous qu’il réagisse alors qu’il a dit qu’il apporterait son soutien à Annie Genevard ? N.B. : Je ne souhaite pas le mettre en difficultés. Peut-être s’est-il engagé trop vite ? En tout cas, je pense qu’il adopterait la bonne attitude s’il déci- dait de rester neutre au premier tour des législatives. L.P.P. : Beaucoup disent qu’il faut rétablir un équilibre politique entre Pontarlier et Morteau avec un député à Pontarlier. Qu’en pensez- vous ? N.B. : Je crois que la rivalité entre Pon- tarlier et Morteau n’a pas de sens. Lorsqu’on est porteur d’un mandat de député, c’est un territoire dans son ensemble qu’il faut défendre et la popu- lation qui y vit. Ma candidature est une candidature de proximité. L.P.P. : Comment vous positionnerez-vous si Annie Genevard est devant vous au premier tour ? N.B. : Si au premier tour je devais ne pas être en tête, je ne ferai pas bas- culer cette circonscription à gauche. Je prendrai mes responsabilités. Je pars pour gagner. J’espère qu’Annie Genevard adoptera la même posture si c’est moi qui suis en tête.

Christian Coutal, l’homme de la Nouvelle droite Lʼ U.M.P. Christian Coutal, président de la communautéde communes du can- ton deMontbenoît était candidat pour suc- céder à Jean-MarieBinétruy après que ce dernier a annoncé quʼil ne briguerait pas un nouveau mandat de député. “Là, sur- prise, jʼai senti quʼil y avait une sorte dʼautocooptation” dit-il. Comme si les dés étaient déjà jetés à la faveur dʼAnnie Genevard, sans débat préalable avec les représentants locaux de lʼU.M.P., Chris- tian Coutal a néanmoins demandé lʼinvestiture. Il nʼa toujours pas reçu de réponse de la part de lʼU.M.P. Ce manque de concertation autour du candidat qui devait succéder à Jean- Marie Binétruy a entraîné une dissiden- ce forte sur la cinquième circonscription (voir page suivante). Un camouflet pour le député sortant, patron de lʼU.M.P. du Doubs. “Cette nouvelle droite se construit dans ce contexte. Beaucoup de per- sonnes avaient compris mon souhait dʼêtre candidat. Jʼai reçu énormément dʼappels de conseiller généraux, de citoyens, qui mʼont poussé à construire une candidature qui ne viennent pas dʼen haut, mais une candidature de terrain” poursuit Christian Coutal. Cʼest chose faite. Cette candidature est incarnée par Nathalie Bertin. Christian Coutal endos- se le costume de suppléant actif.

L.P.P. :Est-ce un règlement de compte ou une revanche ? N.B. : Je ne veux pas d’un règlement de compte avec Annie Genevard qui s’est présentée aux der- nières sénatoriales avec le résultat que l’on connaît. Elle m’a d’ailleurs accusée de l’avoir fait perdre, mais à aucunmoment elle ne s’est remise en question. Je considè- re plutôt qu’aux der- nières régionales, c’est elle qui a eu ma tête. J’ai reçu tellement de pression qu’il m’a fal-

“Avec moi, il n’y aura plus de sournoiseries.”

L.P.P. : Comment allez-vous faire campagne ?

Nathalie Bertin se présente sous

l’étiquette du Parti Radical - Nouvelle droite.

Propos recueillis par T.C.

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