La Presse Pontissalienne 149 - Mars 2012

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 149 - Mars 2012

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PONTARLIER

Édition

La double vie de Lionel Besnier Directeur éditorial aux éditions Phébus, Lionel Besnier, 41 ans, partage son existence entre la capitale du

V ivre à Pontarlier et travailler à Paris, c’est possible, du moins ça l’était jusqu’à la nouvelle grille de circulation mise en place en décembre dernier par la S.N.C.F. “On subit de plein fouet les changements horaires. Avec l’ancienne grille horaire, j’arrivais avant 9 heures à Paris et maintenant je ne peux pas être avant 11 heures au bureau. Ce qui change tout.” Lionel Besnier qui se rend trois fois par semai- ne dans la capitale se demande même s’il va pouvoir continuer ainsi. D’autres Pontissaliens qui pratiquaient aussi régulièrement l’alternance auraient abdiqué en quittant définitivement Pontarlier. Et ne lui parlez pas du taxi à la demande qui achemine les voyageurs du Haut- Haut-Doubs et Paris. Ce qui n’est pas pour lui déplaire.

Doubs à Besançon ! “Je ne suis pas du tout en phase avec cet- te solution qui va encore ren- forcer l’enclavement du Haut- Doubs.” L’idéal sur le plan professionnel serait de s’installer en région parisien- ne. Pas franchement le meilleur scénario proposé à ce respon- sable éditorial qui tient à pri- vilégier la qualité de vie du Haut-Doubs. Originaire d’Arc-sous-Cicon, Lionel Besnier a grandi à Paris. Après une formation univer- sitaire en histoire, il exerce dans différents domaines : jour- nalisme, télévision. Il sera aus- si lecteur, auteur. “Je n’ai jamais été un monomaniaque de la lit- térature. C’est un centre d’intérêt parmi d’autres.” Son dyna-

La qualité de vie du Haut-Doubs.

Lionel Besnier supervise chaque année la publication d’une soixantaine d’ouvrages.

misme ne passe pas inaperçu dans le monde de l’édition. La capitale offre des perspectives

infinies pour les touche-à-tout de son espèce. Sauf que le cadre parisien ne correspond pas

à ces racines campagnardes qui se réveillent à l’heure de fonder une famille. “Mon épouse est originaire de Pontarlier. On a fait le choix d’élever nos enfants ici” justifie Lionel Besnier qui trouve alors un emploi dans une librairie pontissalienne. Certains éditeurs n’ont pas perdu sa trace. La maison Gallimard le contacte au début des années 2000 pour lui proposer de diriger la col- lection romans policiers. Lionel Besnier accep- te volontiers à condition de pouvoir demeurer sur Pontarlier.Vive le télétravail. C’est le début des allers-retours entre le Haut-Doubs et Paris. Une double vie à sa convenance qui ne l’empêche pas de faire du bon boulot. En 2010, Lionel Besnier change de crémerie et rejoint les éditions Phébus où il occupe le pos- te de directeur éditorial. Il est responsable de trois secteurs : la littérature française, les beaux livres et la collection poche Libretto. À lui de choisir les manuscrits. Son rôle ne se limite pas à cette sélection puisqu’il lui revient d’organiser la fabrication et la diffusion des romans. “C’est un travail d’équipe avec d’autres professionnels de l’édition : typographes, lec- teurs, juristes…” Le domaine des beaux livres s’inscrit davan- tage dans une démarche de projets, souvent axés autour du récit de voyages. “On va publier par exemple les périples de Nathalie et de Michel Courtet. Ce couple de La Rivière-Drugeon a tra- versé l’Asie en vélo couché.” Souvent méconnu, le travail de directeur édi- torial comprend aussi une fonction de repré- sentation. Lionel Besnier anime ou assiste régu- lièrement à des conférences, il se déplace sur les grands rendez-vous littéraires et participe activement au lancement des nouveaux ouvrages dont il a la responsabilité. Histoire de séparer vie familiale et professionnelle, il a fini par prendre un second bureau à Pontarlier. Le télé- travail a aussi ses contraintes. F.C.

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