La Presse Pontissalienne 148 - Février 2012

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 148 - Février 2012

5

POLÉMIQUE

Pompes funèbres

Un privé s’en prend à la régie municipale Entrepreneur privé de pompes funèbres à Pontarlier, Hervé Prévitali dénonce une situation de monopole de la régie municipale qui prend

en charge 85 % des décès sur la ville. Lui enregistre une baisse d’activité.

À la fin de l’année, la ville de Pontarlier a transféré la régie municipale des pompes funèbres à la Communauté de com- munes du Larmont. La C.C.L. héri- te donc de cette compétence qui pren- dra effet une fois que les dix autres conseils municipaux auront entéri- né ce transfert. Selon nos informa- tions, il en reste un qui n’a pas enco- re voté. C’est donc la communauté

de communes qui portera le projet de construction d’un funérarium près du cimetière des Marneaux à Pontarlier. Jusqu’à 3millions d’euros pourraient être investis dans ce futur établissement qui manque à la capi- tale du Haut-Doubs. Actuellement, les chambres mor- tuaires se situent dans le sous-sol de l’hôpital local. Le funérarium est au fond d’un parking. Un endroit

austère et peu accueillant qui n’invite pas franchement au recueillement. Les familles ont à peine de quoi s’asseoir dans une toute petite piè- ce située à l’entrée. Le projet n’est pas encore totale- ment arrêté,mais le futur complexe funéraire sera géré, pour commen- cer, par la régie intercommunale. “Cet établissement sera également mis à disposition des entreprises de pompes funèbres privées” indique la C.C.L. “C’est une obligation” répond Hervé Prévitali,le gérant des pompes funèbres situées faubourg Saint- Étienne, face à l’hôpital de Pontar- lier. Cela fait plusieurs annéesmain- tenant que cet entrepreneur privé monte au créneau pour dénoncer une forme de “concurrence déloya- le” menée par la régie municipale. Il craint que le transfert de la com- pétence à la C.C.L. ne change rien à la situation. Selon lui, il fait peu de doute que lorsqu’un décès sur- vient à l’hôpital par exemple, les familles pontissaliennes sont orien- tées naturellement vers la régie municipale des pompes funèbres. “À mon sens, il y a un abus de position dominante. J’ai fait appel à un avo- cat pour le dénoncer” estime Hervé Prévitali qui veut recueillir des témoi- gnages de familles pour argumen- ter son propos. L’activité de ce professionnel est moribonde dans une ville où pour- tant le nombre de décès avoisine les 200 par an. “La preuve, en septembre, nous n’avons eu la charge d’aucun décès alors qu’il y en a eu 16. C’est la première fois que cela arrive. En octobre, nous en avons pris en char- ge 2, alors qu’il y en a eu 28, et 2 en novembre alors qu’il y en a eu 26.” Ce recul d’activité contraint visi- blement le chef d’entreprise à se séparer d’une partie de son person- nel. “Nous étions cinq, nous ne sommes plus que deux !” Hervé Pré- vitali n’est guère optimiste pour l’avenir. “Je ne suis pas contre la concurrence, je souhaite juste qu’on me laisse respirer. C’est tout” deman- de-t-il. Actuellement, la régie muni- cipale de Pontarlier, bien implantée sur la ville,prend en charge aumoins 85 % des décès. Hervé Prévitali esti- me qu’elle verrouille lemarché. Cela se ferait au détriment des acteurs privés comme lui. Il en veut encore pour preuve le projet de funérarium qu’il devait construire dans la zone des Grands Planchants il y a une dizaine d’années. “Il a capoté parce que la commune m’a retiré le ter- rain.” À croire que sur la capitale du Haut-Doubs, le marché de la mort est une chasse gardée. T.C.

Sophie Macle,

assistante funéraire,

et Hervé Prévitali estiment que la ville ne laisse pas la place à un acteur privé des pompes funèbres pour se développer à Pontarlier.

Made with FlippingBook Learn more on our blog