La Presse Pontissalienne 148 - Février 2012

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 148 - Février 2012

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LA LONGEVILLE

Un touche à tout

Le “Mac Gyver” de la mécanique Ingénieur en mécanique et productique, Simon Millot, la quarantaine,

s’est installé à son compte au hameau de Largillat en pays sauget. Plus c’est compliqué et tordu, plus il s’éclate…

U ne pelleteuse dans la cour, quelques voitures sur cale, ça sent le bricoleur polyvalent en arrivant chez Simon Millot. L’impression se confirme au sous-sol transformé en atelier de mécanique. Un atelier complet avec fraiseuse, tour, rectifieuse, table de découpe plas- ma. La totale. Sans oublier une ou deux machines sorties tout droit de l’imagination féconde du maître des lieux. Lequel n’a qu’une crainte : tom-

Boulimique de travail, Simon Millot a trouvé matière à s’éclater dans la mécanique.

ber dans la routine d’un boulot et d’une vie peut-être confor- table mais ultra-sécu- risée, réglementée, sans relief, ni surpri- se. Où tout est calcu- lé. “Mon seul frein, c’est la lassitude, explique celui qui déplore le peu de considération accor- dée en France aux chercheurs aux entre- preneurs. Aucun industriel ne figure au classement des per- sonnalités les plus

“Mon seul frein, c’est la lassitude.”

populaires, c’est assez révélateur.” Pro- bablement une affaire de société, d’éducation où l’on a fini par oublier que le bonheur passe aussi par le tra- vail et qu’il faut parfois se tromper pour mieux progresser. Originaire des Bréseux, Simon Mil- lot concentre dans ses gènes la cul- ture des paysans horlogers du Haut- Doubs. “Ma mère et mon grand-père travaillaient à l’établi” , explique ce

fils de paysan élevé au grand air. Très tôt, il exerce sa curiosité sur le parc mécanique de la ferme. Avec son frè- re Didier, ils mettent en vrac les “203” du paternel. Initiation empirique certes, mais qui va conforter au moins deux vocations. Le frangin se forme dans le machinisme agricole avant de reprendre l’atelier des Courtots. Simon va au lycée technique des Viettes à Montbéliard.

Bac E en poche, il poursuit ses études à l’E.N.I. où il obtient son diplôme d’ingénieur en génie mécanique et productique. Quelques jobs à droite à gauche pour se faire la main et rem- plir la gamelle, le jeune ingénieur mettra du temps à trouver chaussu- re à son pied. Il fait plusieurs stages chez son frère. Ce qui explique pour- quoi la famille Millot s’est posée à La Longeville.

Le premier job digne de son talent, il va le décrocher à Pierrefontaine-les- Varans en prenant la responsabilité du bureau d’étude de la S.E.R.M.A.P., cette société spécialisée dans la fabri- cation de machines agricoles. “On a mis au point par exemple le nettoyeur d’écurie. Ce robot permet de racler à l’intérieur des bâtiments agricoles où se trouvent les bêtes.” Après 13 ans de bons et loyaux services, Simon Mil- lot qui ne se retrouvait plus dans l’évolution de la société, tire sa révé- rence. “J’ai été licencié en 2009.” Incapable de rester sans rien faire, il choisit de se mettre à son compte mais en se donnant le temps. Dans ces cir- constances, le statut d’auto-entre- preneur lui tend les bras. Il s’équipe et développe son réseau profession- nel. Le voilà prêt pour la grande aven- ture. Sa spécialité : faire ce que les autres ne veulent pas faire. “Je prends tout ce qui sort du conventionnel.” Le champ d’action est alors très large. Il s’étend du godet de pelleteuse, à la boucle de ceinture, en passant par des pièces de bijouterie, des compo- sants industriels. L’homme a le sens de la débrouille. Il assure toute la conception des pièces qu’il fabrique. Sa formation d’ingénieur lui est bien utile quand il s’agit de réactualiser des connaissances techniques qu’il n’utilisait plus depuis vingt ans. “C’est beaucoup de travail” , concède celui qui ne compte plus les nuits passées à l’atelier. Ce qui n’altère pas son opti- misme naturel pourtant mis à rude épreuve quand il observe le compor- tement de certains de ses semblables. Pas contre le progrès, il exècre la cour- se au gaspillage, l’assistanat à outran- ce, la surconsommation et ces régle- mentations qui ne laissent plus guère de libertés. Père de quatre enfants, Simon Mil- lot sait aussi prendre le temps de s’évader. Avec des potes, il part en famille explorer les déserts africains. Du raid pur et dur, en totale autono- mie, pour pas plus cher qu’un séjour sur la Côte d’Azur. On a les sensa- tions qu’on mérite. F.C.

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