La Presse Pontissalienne 148 - Février 2012

ÉCONOMIE 34

La Presse Pontissalienne n° 148 - Février 2012

MASSIF DU JURA Politique de la montagne Michel Cothenet : “Le Haut- Doubs prend du retard” Méconnu du grand public, le commissaire au massif du Jura accompagne des actions en lien avec le développement touristique

et le pastoralisme. Le “préfet de la montagne” dispose d’une enveloppe de 26,2 millions d’euros. Rencontre.

Michel Cothenet regrette les atermoiements

L a Presse Pontissalienne :À quoi sert un commissaire de mas- sif ? Michel Cothenet : Il y a cinq com- missariats au massif en Fran- ce. Ils sont rattachés à la D.A.T.A.R. Celui du massif du Jura s’étend sur le Doubs, le Jura et l’Ain et une toute peti- te partie du Territoire-de-Bel- fort. Cela représente 902 com- munes et 57 cantons. Le commissaire aumassif est char- gé de mettre en œuvre la poli- tique de la montagne aux côtés des collectivités. L.P.P. : Qui fait quoi au sein de cette instance ? M.C. : Elle s’appuie sur un comi- té de massif avec 50 membres, co-présidé par le préfet de Région et un élu, à savoir Denis Vuiller- moz. Ce comité se réunit une à deux fois par an. Il existe aus- si une commission permanen- te de 17 membres. Notre travail s’articule autour du schéma de massif. Élaboré en 2006 à par- tir d’un diagnostic, il présente les orientations à mettre en œuvre dans le cadre du contrat de plan État-Région 2007-2013. L’exécution des actions relève

de la convention interrégiona- le du massif. Ce document de planification est doté d’une enve- loppe de 16,680 millions d’euros dont 16,2 millions de l’État. Le commissaire dispose d’un autre levier financier par le biais du programme F.E.D.E.R. avec 10 millions d’euros disponibles pour le Massif du Jura. Ce qui représente au total 26,2 mil- lions d’euros pendant 7 ans. L.P.P. : Quels sont les bénéficiaires ? M.C. : 70 % des actions sont orien- tées vers le développement tou- ristique car il n’y a plus de cré-

micro-crèches.

L.P.P. : Que vous inspirent les projets engagés à Métabief ? M.C. : La signature du contrat de station est programmée le 20 février. Le projet Métabief avance difficilement. C’est un souci pour moi. On progresse bien sur Ornans, Nans-sous- Sainte-Anne mais pas sur Mont d’Or-Deux lacs. Le Haut-Doubs est peut-être trop riche… Le tourisme n’est pas un besoin actuel mais pourrait le devenir si on assistait à un retourne- ment de la situation économique en Suisse. Le Haut-Doubs prend du retard au niveau de la qua- lité des équipements et des hébergements touristiques. L.P.P. : Comment mesurer l’efficacité de vos actions ? M.C. : En 7 ans, on a participé à la rénovation complète de 20 villages de vacances. Résultats, le nombre d’emplois a doublé sur la période et les taux de rem- plissage sont passés de 40-50 % à 70-80 %. On a entrepris la même démarche qualitative dans les campings en soutenant le développement des Habita-

récurrents autour du

développement de la station de Métabief.

porteurs de projet, proposent de l’ingénierie et font le lien avec les autres administrations. L.P.P. : Sur Pontarlier, croyez-vous au succès du projet du Gounefay ? M.C. : Cela peut faire un beau restaurant d’altitude. J’y crois en en précisant bien que notre contribution porte seulement sur l’aménagement de la salle hors sac. L.P.P. : Et la rivalité entre Haut-Doubs et Haut-Jura ? M.C. : On raisonne plutôt com- plémentarité. Le plus bel exemple, ce sont les tremplins de Chaux-Neuve et des Tuffes gérés par la même entité : le Centre Nordique de Prémanon. Propos recueillis par F.C.

tions Légères de Loisirs. Le plus gros souci, c’est l’hôtellerie tra- ditionnelle. Des efforts devront être engagés dans ce sens. L.P.P. : Quels sont les autres axes d’intervention en dehors de l’hébergement ? M.C. : On apporte notre concours aux aménagements touristiques structurants enmettant l’accent sur la diversification été-hiver. Équipements d’escalade, V.T.T., via feratta ou ce qui va se faire au lac Saint-Point. On soutient aussi le développement du tou- risme industriel :musée du Jouet àMoirans, circuits de visite dans les fromageries. Le principe étant de promouvoir les savoir-faire du massif du Jura. Le dernier axe porte sur l’opération de com-

munication “Les Montagnes du Jura” définie avec les C.D.T. du Doubs, du Jura et de l’Ain et les Régions Franche-Comté et Rhô- ne-Alpes. Soit un budget de 600 000 euros dont la moitié est prise en charge par le commis- sariat au massif. On a défini deux cibles : campagne grands médias et opérations en Bel- gique et dans l’Île de France sur les créneaux familles avec enfants et seniors actifs. L.P.P. : Qu’est-ce qui vous plaît dans le massif du Jura ? M.C. : Sa dimension humaine. Le Jura reste un petit massif. C’est le seul où l’on peut gérer les dos- siers de A à Z. Le commissariat du massif du Jura emploie 5 personnes qui conseillent les

dits d’État dans ce domaine. Le reste est investi dans la valorisa- tion des espaces pastoraux, les dessertes et les restructurations forestières. On a aussi un petit volet sur les ser- vices. Là, on inter- vient plutôt dans le financement des études consa- crées par exemple à l’ouverture de

“La rénovation complète de 20 villages de vacances.”

POPULATION

Où vivent les Francs-Comtois de naissance ? “J’y suis né, j’y reste… mais pas toujours” O n naît dans le Haut-Doubs. Et on y reste faire sa vie. Quand quitter Pontarlier pour Besançon est déjà vécu comme un arrache- ment, l’étude de l’I.N.S.E.E. Les Francs-Comtois sont peu mobiles explique l’I.N.S.E.E. Sept sur dix originaires de la région y vivent encore aujourd’hui. C’est encore plus marqué dans le Doubs.

de Besançon, sont peu mobiles : “ Les enfants de moins de 18 ans nés dans la région habitent très majoritairement en Franche-Comté (87 %). En revanche, entre 18 et 34, au moment des études et du démarrage de la vie profession- nelle, les natifs y habitent moins” dit l’étude. Ils vont vers Rhône-Alpes, l’Île de France et l’Alsace. Et seuls quatre cadres sur dix nés dans la région tra- vaillent en Franche-Comté alors qu’un tiers des travailleurs venus s’installer chez nous exerce un emploi d’ouvrier. C’est notamment le cas des frontaliers. Dans le Haut-Doubs, on naît. Et dans le Haut-Doubs on prend racine. La mairie recense les Pontissaliens qui sont inscrits dans une ambassa- de. Outre les nombreux habitants qui ont migré vers des pays de lʼUnion européenne, on retrouve un Pontis- salien en Arabie Saoudite, deux en Chine, 1 en Australie, 5 au Canada, 4 aux États-Unis, 2 au Japon, 1 en Russie. Ces chiffres ne sont pas exhaustifs car tous les anciens habi- tants de la capitale du Haut-Doubs ne se sont pas déclarés à lʼambassade (pour voter notamment). Zoom Des Pontissaliens en Chine, Australie, Japon…

Concernant lamobilité entre les dépar- tements, la Haute-Saône accueille de nombreux Doubiens et habitant duTer- ritoire-de-Belfort. “ Cela s’explique en fonction du prix du terrain car des Bison- tins s’installent dans le Sud de la Hau- te-Saône” relate Patrick Pétour, direc- teur de l’institut d’études à Besançon. Les étudiants, les 30-35 ans et les cadres sont les plus mobiles expliquant ainsi que 30 000 Comtois vivaient à l’étranger en 2008. Les destinations

publiée en janvier dernier prouve que les Francs-comtois, Doubiens en par- ticulier, sont assez peu mobiles. Sur les 1 168 000 Francs-Comtois nés sur le territoire régional, 836 000 habitent toujours dans la région, soit 72 %.“ Ain- si, la part des Francs-Comtois habi- tants dans leur région d’origine se situe dans la moyenne nationale (74 %)” explique Gaëlle Dabet, auteur de cette étude. Celles qui conservent le plus leurs natifs sont la Réunion, l’Alsace, la Guyane et Rhône-Alpes. Celles qui en conservent le moins sont Cham- pagne-Ardenne, la Bourgogne et le Limousin. À l’échelle départementale, les personnes natives du Doubs restent davantage vivre en Franche-Comté que celles nées dans le Jura, dans le Terri- toire-de-Belfort ou en Haute-Saône. “ 76 %des personnes nées dans le Doubs résident dans leur région contre 65 % de celles nées dans le Jura, 69% enHau- te-Saône et Territoire-de-Belfort. Les Jurassiens sont plus attirés par Rhô- ne-Alpes” confie l’I.N.S.E.E.

principales sont les départements proches : la Côte-d’Or arrive en tête avec 25 000 per- sonnes, suivie du Haut- Rhin (19 000), du Rhône (18 000), de la Saône-et- Loire (17 000) et de l’Ain (13 000). L’envie de soleil, notam- ment pour les personnes âgées, fait toujours recet- te puisque 50 000 francs- Comtois vivent en Lan- guedoc-Roussillon ou en Provence-Alpes-Côte- d’Azur, soit 15 % des départs. Les familles, qu’elles soient de Pontarlier ou

76 % des personnes nées dans le Doubs restent y faire leur vie. C’est le plus haut taux des départe- ments francs- comtois.

Les Alsaciens encore moins mobiles.

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