La Presse Pontissalienne 148 - Février 2012

La Presse Pontissalienne n° 148 - Février 2012

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MÉDIAS Comment le journaliste suisse tr aite le frontalier ?

“Non, le frontalier ne prend pas le boulot du Suisse !” La rédaction du journal quotidien L’Impartial traite l’actualité frontalière pas uniquement sous l’angle économique. Rencontre avec deux journalistes.

C e n’est pas son fonds de commerce. Simplement un sujet traité en fonc- tion de l’actualité. Avec la problématique du frontalier, la rédaction du journal L’Impartial ne s’impose aucu- ne règle éditoriale. “Nous n’avons pas d’emplacement réservé et rebondissons en fonction des évé- nements” relate Léo Bysaeth, chef de la rubrique “Montagnes”. Il n’empêche, les articles liés au comportement du pendulaire

d’incompréhension qui se crée entre Suisse et frontalier, l’actualité de cette entreprise chaux-de-fonnière obligée de louer un parking pour offrir du stationnement à ses salariés (pour beaucoup des frontaliers). Pire, elle paye aujourd’hui un service de transport pour que ces derniers évitent de marcher 600mètres, soit la distance entre leur voiture et le poste de tra- vail ! À marcher sur la tête. Journaliste française installée depuis quinze ans en Suisse, Sylvie Balmer dit ne ressentir aucune animosité grandissan- te envers le frontalier : “Ici, per- sonne ne les accuse de voler le boulot des Suisses, dit-elle. Au contraire, nous rappelons que le frontalier crée de la richesse. On le rabâche à nos lecteurs et beau- coup en ont conscience.” Mais s’il existe bien un domai- ne où les mentalités s’opposent, “c’est celui de la qualité de vie” commente cette Suissesse d’adoption. “L’exemple du Bison- tin qui parcourt 200 kilomètres

Courrier d’un lecteur suisse mécontent

V oici le courrier dʼun lecteur parvenu à la rédaction de LʼImpartial suite à un article paru le 3 janvier dans le quotidien suisse. Il provient dʼun élu dʼune commune du canton du Jura qui critique la faiblesse des pouvoirs politique en place. Morceaux choisis : “Cʼest avec un étonnement certain que jʼai lu les pro- pos de Madame la présidente du gouvernement jurassien (Élisabeth Baume-Schneider). Éton- namment dʼabord de voir un membre dʼun exé- cutif collégial (article 95 de la constitution juras- sienne) monter les régions les unes contre les autres (le frontalier est bienvenu aux Franches- Montagnes, alors quʼil est “attaqué” en Ajoie ou dans la vallée de Delémont). Étonnement ensuite de la méconnaissance tota- le du problème. Ce nʼest pas le fait que ces gens viennent travailler en Suisse et quʼainsi les 95 % des véhicules qui utilisent les routes de notre vil- lage soient immatriculés en France qui nous gêne, mais uniquement le fait que les quatre cinquièmes

de ces automobilistes ne respectent pas du tout les règles de circulation. Trouve-t-on admissible dans les sphères gouvernementales que lʼon rou- le à 91 km/h dans un village, et ceci aux heures de midi ? La population doit-elle absolument voir son repos nocturne pourri dès 4 heures du matin par des voitures avec un pot dʼéchappement tra- fiqué pour faire le plus de bruit possible ? Tout “étranger” est le bienvenu enAjoie pour autant quʼil ait un minimum de respect envers les popu- lations qui habitent le territoire qui les accueille. Le sentiment dʼexaspération provient simplement du fait que, contrairement à dʼautres cantons fron- taliers, rien nʼest entrepris pour “assagir” ce trafic et quʼainsi une zone de “non-droit” sʼinstalle gen- timent. Les automobilistes cités ne sont pas dupes puisque chaque jour ils sʼenhardissent un peu davantage à se conduire comme des “goujats.” Ce courrier est signé du vice-maire de Beurne- vésin, Daniel Egloff, village situé à proximité de la frontière avec le Territoire-de-Belfort.

chaque jour au volant de sa voi- ture individuelle, pour se payer sa villa individuelle, ça ne peut pas être un plan de société au XXI ème siècle.À l’heure où les res- sources s’épuisent, les mentali- tés doivent évoluer. On se pose des questions quant à leur qua- lité de vie…” conclut-elle. Vu de Suisse, le statut du fron- talier ne semble pas faire rêver. Finalement, à quoi sert de gagner sa vie à la perdre… La rédaction du journal L’Impartial à La Chaux-de-Fonds choisit les images qui seront publiées le lendemain.

au volant font sou- vent réagir ses lec- teurs. Dernier en date : la manifes- tation d’habitants du Crêt-du-Locle contre l’afflux massif d’automobilistes qui confondent route de cam- pagne et circuit de vitesse. Autre exemple, révélateur du fos- sé

“Parcourir 200 km, ce n’est plus un projet de vie.”

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