La Presse Pontissalienne 147 - Janvier 2012

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FINANCES

Aide aux associations

De l’autre côté de la frontière, les associations n’hésitent pas à solliciter les entreprises pour qu’elles apportent une contribution financière à l’organisation d’une manifestation. Une pratique bien plus marquée qu’en France. Le mécénat est dans la culture suisse

E n France, pour trouver des financements, le premier réflexe de beaucoup d’associations est d’aller frap- per à la porte des collectivités locales (commune, Département, Région). L’approche est différente en Suisse. Dans ce pays,les associations démar- chent en priorité les entreprises pour qu’elles apportent leur contribution financière, sous forme de mécénat ou de sponsoring , à l’organisation d’unemanifestation, quelles que soit son importance et sa nature (N.D.L.R.: le mécénat se distingue du sponsoring par le fait qu’il n’y a normalement pas de contreparties publicitaires au soutien du mécène qui apparaît de manière discrète autour de l’événement). Une méthode éprouvée qui porte ses fruits. “Le plus gros travail est de trouver des gens qui iront solli- citer les entreprises” observe Pier- re-Éric Rey, tenancier de l’hôtel Les

Les entreprises suisses participent largement au financement des épreuves sportives transfronta- lières.

Cernets auxVerrières. L’ancien spor- tif de haut niveau qui a présidé le ski-club local participe aussi à l’organisation de la course de ski de fond la Franco-Suisse dont la pro- chaine édition aura lieu le 12 février. 80 sociétés privées apportent leur concours financier à l’organisation de cette épreuve sportive qui réunit 300 skieurs. Sans leur contribution, la manifestation ne pourrait pas avoir lieu. “Les financements privés couvrent entre 60 et 70 % du bud-

couvert pas la collectivité” annonce Pierre-Éric Rey. Le mécénat comme le sponsoring sont dans la culture des entreprises helvétiques. Elles sont attentives, pour la plupart, à soutenir le tissu associatif et sportif local.Par exemple, une enseigne commeMigros consacre 1%de son chiffre d’affaires au finan- cement de projets culturels. Aussi, le secteur privé est un partenaire majeur de la culture au même titre que les collectivités. D’autres res- sources proviennent aussi de la Lote- rie Romande qui reverse l’intégralité de ses bénéfices (ils atteignent chaque année près de 180millions de francs suisses) aux organisations cultu- relles, associatives et sportives. En 2004, l’Office Fédéral de la Sta- tistique amené l’enquête auprès de 7 500 entreprises. L’O.F.S. a conclu que moins d’une entreprise sur huit participe au financement de la cul- ture en Suisse. Elles ont dépensé

230 millions d’euros en un an dans ce domaine, unmontant cependant “six fois inférieur à la somme inves- tie pour la culture par l’ensemble des collectivités publiques” stipule le rapport. En outre, l’enquête pré- cise que le secteur public contribue moins au financement de la cultu- re en Suisse qu’en France. Comparé à nos voisins helvétiques ou aux pays anglo-saxons, la Fran- ce est en effet à la traîne en matiè- re de mécénat. La situation change grâce à l’évolution de la législation qui encourage les entreprises pri- vées à soutenir le monde culturel, associatif et sportif. “Petit à petit, on s’ouvre à la cultu- re du mécénat” estime Gilles Jean- nin, président de l’aéroclub de Pon- tarlier. Pour sa dernière manifestation aéronautique, l’aéroclub a réuni 60 % de finance- ments privés sur un budget global de 6 000 euros, et 40 % de fonds

publics. Les clubs locaux de foot, de rugby, de handball, de cyclisme ont com- pris que le recours au privé était nécessaire pour faire fonctionner leur structure, d’où l’existence des clubs affaires qui fonctionnent avec plus ou moins de réussite. Dans le Haut-Doubs, beaucoup d’enseignes de grande distribution apportent également leur concours à l’organisation de manifestations. “Les partenariats avec le privé don- nent aux associations un ballon d’oxygène” observe Gilles Jeannin. Dans un contexte où l’argent public se raréfie, il est probable que le recours au mécénat s’intensifie. Le secteur privé sera-t-il disposé à jouer les premiers rôles dans un parte- nariat avec le monde culturel dans son ensemble ? En aura-t-il les moyens ? Cela reste à prouver.

get. En complément, nous sommes soutenus principalement par le Service Cantonal des Sports. Mais pour fai- re une demande de sub- vention auprès de la collectivité,nous devons attester de l’existence des contributions du secteur privé. Si défi- cit il y a, il ne sera pas

“Un ballon d’oxygène.”

T.C.

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