La Presse Pontissalienne 146 - Décembre 2011

LE PORTRAIT

47 La Presse Pontissalienne n° 146 - Décembre 2011

SAINTE-COLOMBE

Sélection par consanguinité

Éleveur de pigeon à… Sainte-Colombe Roger Michel-Amadry écume les concours d’animaux de basse-cour. Rencontre avec le meilleur éleveur français de pigeons carneau.

L e coup d’œil de l’éleveur s’apparente assez au coup de crayon de l’illustrateur. Quand le don se combine à la pas- sion, c’est plus facile. “Le bon fonctionnement d’un élevage repose à 80 % sur l’observation” , confirme Roger Michel-Amadry, parfaitement dans son élément au milieu de ses pigeons, pou- lets et lapins de concours. D’un seul regard, il sait reconnaître le futur champion du piètre représentant de la race. Lequel passera vite à la cas- serole, ce qui n’interfère pas sur ses qualités gustatives, étant nourri com- me les autres le plus naturellement du monde. “La ration de base est consti- tuée de graines de pois, blé, maïs, sor- gho. J’ajoute du tournesol qui enrichit la plume.”

te-Colombe en 1956 pour apprendre le métier chez l’un de ses frères. Peut-on rêver meilleure destination que Sain- te-Colombe pour un éleveur de pigeons ? L’apprenti menuisier semble apprécier l’air du pays. De retour de la guerre d’Algérie en 1959, il s’y installe défi- nitivement, trouve sa colombine à lui et fonde sa petite famille. D’autres prio- rités à assumer avant de songer à assou- vir ses passions. Le déclic viendra en 1969 lors de l’acquisition d’une ancien- ne ferme au centre de Sainte-Colom- be. “J’ai débuté avec deux races de pigeons : les strasser et les bouvreuils” , explique Roger. Il adhère à la société franc-comtoise des amis de la basse- cour. Secrétaire, trésorier, président pendant 5 ans, il occupe à peu près toutes les fonctions. Il lui incombera par exemple l’organisation du concours de Besançon qui se tient chaque année pendant la foire à Micropolis. Le flair de l’éleveur ne suffit pas tou- jours à sécuriser son cheptel, jamais à l’abri de l’appétit des prédateurs. En 1974, une fouine réussit à se glisser dans la volière des Strasser. Résultat : une cinquantaine de victimes. Le trau- matisme est tel que l’éleveur aban- donne cette race au profit des Carneau et des Lynx de Pologne bleu maillé. Sa préférence va clairement au premier. “Le carneau est une race très ancien- ne originaire du nord de la France et

Issu d’une famille d’agriculteurs installée à Arc-sous-Montenot, Roger Michel-Amadry a grandi dans l’univers de la ferme du Haut-Doubs. “Chez nous, on a toujours eu des pigeons.” De quoi confor- ter une vocation qui res- tera pourtant un loisir. Les poils et les plumes, c’est d’abord pour s’amuser. Roger exercera toute sa vie dans la menuiserie-char- pente. Il est venu à Sain-

La poule aux œufs d’or.

Roger Michel-Amadry élève aussi des poules et des coqs de race “Marans noir cuivré”.

de la Belgique. C’est un très bon pigeon de travail.” Cette race comprend plu- sieurs variétés qui se différencient sui- vant la couleur et les marques : rouge à croupion, jaune uni, jaune à épau- lette… Toute la difficulté réside d’ailleurs dans l’art de pérenniser ces marques d’une génération à l’autre. Pour y parvenir, l’éleveur de Sainte-Colombe privilégie la sélection par consanguinité. “Je sais bien que cela ne plaît pas à tout le mon- de. Mais il y a une façon de faire. Tra- vailler les lignées en consanguinité per- met d’avoir de la stabilité dans les résultats.” Chacun sa méthode. Celle de Roger Michel-Amadry semble effi- ciente. Ses pigeons carneau ont rem- porté des dizaines de titres nationaux en individuels ou en lot. Ces résultats concrétisent des années de travail. La progression se mesure aussi en densité. “Depuis que j’ai com- mencé le pigeon carneau, le taux d’individus compétitifs est passé de 5 % à plus de 50 %. Dans ce métier, il faut savoir être persévérant.” Roger élève entre 400 et 500 pigeonneaux par an. Il est aussi spécialisé dans les lapins argentés anglais bruns, et argentés anglais noirs. Neuf titres de champion de France à la clef. Ce perfectionniste en pince aussi pour les poules et les poulets de race “Marans noir cuivré”. “On dit que c’est la poule aux œufs d’or car la coquille est de couleur chocolat.” A Pâques, c’est plus pratique. F.C.

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