La Presse Pontissalienne 146 - Décembre 2011

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La Presse Pontissalienne n° 146 - Décembre 2011

CONJONCTURE Canton de Neuchâtel L’économie suisse donne des signes de faiblesse Le dernier rapport de conjoncture publié par les autorités neuchâteloises fait état d’un net ralentissement depuis l’été et d’une perte de confiance des acteurs économiques.

CANTON DE NEUCHÂTEL Stop aux reports de charges cantonales Les communes de La Chaux-de-Fonds et de Val-de-Travers se mobilisent. Elles sont prêtes à aller jusqu’au référendum populaire. En Suisse aussi, les questions budgétaires font débat.

C e phénomène se renouvelle depuis 2008 de façon récur- rente. Et les com- munes les plus visées réagis- sent aussi sur lemême tempo. Sauf que la version 2011 des reports de charge tend à se durcir, du moins la menace qu’elle laisse planer sur les budgets communaux. “Jus- qu’à présent, le Canton man- datait ces reports de charge pour l’année suivante, ce qui nous laissait le temps de réagir en adoptant les mesures d’économie adéquates. Le Can- ton souhaiterait désormais les pérenniser dès l’exercice 2012” , s’insurge Pierre-André Mon- nard. Le conseiller commu- nal responsable du dicastère des finances à La Chaux-de- Fonds regrette le manque d’échanges avec le Conseil d’État. Ces transferts sans véritables compensations en terme de compétences s’appliquent prin- cipalement au niveau du social. Ils représentent glo- balement 15millions de francs suisses à répartir sur l’ensemble des communes du canton. La Chaux-de-Fonds se verrait octroyer environ quatre millions de francs de charges supplémentaires. “Ce n’est pas forcément énorme sur un total des charges com- munales proche de 200 mil- lions de francs, admet le conseiller communal en dénon- çant le caractère imposé de lamesure. C’est frustrant. Cet- te année, notre budget est déjà établi et cela augmenterait notre déficit en grevant ainsi les fonds propres de la Ville.” La facture s’alourdirait de 1,9 million de francs dans le Val-de-Travers qui compte 11 000 habitants, contre 38 000 à La Chaux-de-Fonds. “On serait encore plus péna- lisés. Ces mesures défavorise- raient les communes où les habitants sont déjà soumis à une forte pression fiscale” , com- plète Jean-Nat Karakash, conseiller communal et res-

dum populaire si le projet venait à être validé par le Grand Conseil, annonce Jean- Nat Karakash qui ne pense pas être contraint à une tel- le finalité. Jusqu’à présent le Parlement a toujours dit non.” Dans l’hypothèse ultime du référendum, les deux Com- munes devraient d’abord recueillir 4 500 signatures sur le canton, le minimum requis pour soumettre le projet à votation populaire. “On contes- te à la fois l’ampleur de l’effort demandé et le mode de répar- tition. Ces reports auraient pour effet d’aggraver encore les disparités déjà très impor- tantes entre les communes en terme de ressources disponibles pour accomplir les tâches publiques.” F.C.

ponsable des finances auVal- de-Travers. Les deux communes se mobi- lisent ensemble pour réagir. Elles partagent pas mal de similitudes sur le plan des revenus fiscaux. Les capaci- tés contributives de chaque Ville reposent principalement sur la fiscalité des personnes physiques. “C’est différent au Locle ou à Neuchâtel qui ont plus de personnes morales” , explique Pierre-André Mon- nard. Si ces reports de charges devaient être appliqués, une Commune comme celle deVal- de-Travers n’aurait d’autre choix que d’augmenter les impôts. “On est prêts à se battre par tous les moyens, y com- pris en lançant un référen-

Dans cette conjoncture plutôt morose, l’horlogerie neuchâteloise résiste bien.

F aut-il s’en inquiéter, l’économie suisse, après desmois d’insolente vita- lité, commence à tous- ser. En cette fin d’année 2011, l’activité économique hel- vétique a levé le pied. Sur le plan national, ce phénomène s’explique notamment par le ralentissement mondial et la hausse du franc suisse qui a freiné les exporta- tions depuis plusieurs mois. Les analystes ne tablent pas sur une reprise immédiate de l’économie suisse. “Le baromètre conjonctu- rel – il indique avec deux ou trois mois d’avance l’évolution de la production (P.I.B.) - a encore subi un recul sensible en octobre, annonçant un nouveau tassement de l’activité au quatrième tri- mestre” explique Claude Jean- renaud, professeur d’économie publique à l’Université de Neu- châtel. L’économie du canton de Neu- châtel suit à peu près la même tendance que celle du national. “Elle a subi un coup de frein, sous l’effet du double choc de la sur- évaluation extrême du franc par

l’horlogerie, reste vigoureuse et la baisse des commandes ne s’est pas encore traduite par un recul de la production. “Neuchâtel résis- te mieux que l’économie suisse dans son ensemble” confirme Claude Jeanrenaud. Selon les branches, la disparité est également importante. L’horlogerie résiste bien, même si un nombre croissant d’entreprises constatent un recul des entrées de commandes.Autre constat rassurant : les carnets de commandes dans l’horlogerie sont encore bien garnis et la qua- si-totalité des entreprises sem- blent satisfaites de leurs réserves de travail.À noter la place impor- tante des marchés émergents dans la demande de produits hor- logers qui est aussi un gage de croissance pour l’avenir. Tout n’est donc pas si gris dans les prévisions économiques de ce canton où travaillent des mil- liers de Français. L’horlogerie reste décidément un secteur à part.

rapport à l’euro et au dollar et du net ralentissement dans les économies avancées. Mais depuis l’annonce par la Banque Natio- nale Suisse d’un cours plancher du franc suisse, le risque d’une chute brutale de l’activité dans le canton s’est estompé” tempère le spécialiste. Mais, signe d’un temps plus morose, l’indice de la marche des affaires – un indice complexe qui reflète l’évolution des entrées de commandes,

l’appréciation des chefs d’entreprise sur les carnets de commandes et l’évolution de la production – a chuté cet été “et la détérioration s’est encore poursuivie. On observe aussi une dégradation de la position concurrentielle des entreprises du can- ton.” En revanche, l’activité des entre- prises du canton, notamment dans

“La surévaluation extrême du franc.”

Conseiller communal chargé des finances à La Chaux-de-Fonds, Pierre-André Monnard n’apprécie guère ces reports de charge sans sommation en provenance du canton.

J.-F.H.

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