La Presse Pontissalienne 146 - Décembre 2011

PONTARLIER ET ENVIRONS

La Presse Pontissalienne n° 146 - Décembre 2011

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EN BREF

LES FOURGS Du maraîchage à 1 100 m Le plus haut potager bio du Haut-Doubs Drôle d’idée que celle de François Aymonier de développer le maraîchage dans la plus haute commune et une des plus enneigées du Doubs.

François Aymonier propose quatre variétés de carottes parti- culièrement rustiques : carotte jaune

Hammam Ouverture de l’enseigne Nephtys (hammam, spa) à Pontarlier, au 5, place Roger-Salengro. Le concept déjà présent sur Besançon : un espace de 400 m2 aux allures de ryad marocain dédiés à la beauté, au bien-être et à l’évasion. Biomédecine L’Agence de la biomédecine lance une campagne nationale d’information et de recrutement sur le don d’ovocytes et le don de spermatozoïdes, pour mieux faire connaître ce geste de solidarité. Au cœur de cette campagne, un message-clé “Vous pouvez donner le bonheur d’être parents”. Le centre de don de spermatozoïdes et d’ovocytes est situé au C.H.U. Hôpital Saint- Jacques à Besançon (03 81 66 81 66). Jougne Vendredi 9 décembre à 20 h 30 à la salle des fêtes de Jougne, spectacle “Le grenier au trésor” par la Compagnie de la Lune Bleue, en partenariat avec la commune, dans le cadre de la saison culturelle départementale du Doubs. Durée : 0 h 50. Tout public à partir de 4 ans. Renseignements au 03 81 49 10 30.

du Doubs, carotte de Guérande, carotte blanche de Küttingen et la Purple Dragon.

L a faculté mène à tout. Fils d’agriculteur des Fourgs, François Aymonier a commencé son cursus à l’université. C’est là qu’il rencontre Mayra, une jeune Costaricienne avec qui il partage son existence. En maîtri- se de sociologie, il réalise une étude com- parative entre les paysans bio en Franche- Comté et en Andalousie. Ce retour aux valeurs rurales se prolonge un peu plus tard en suivant une formation dans le maraîchage au C.F.P.P.A. de Montmo- rot. En 2007, le couple part au Costa Rica avec l’objectif de s’installer dans la pro- duction maraîchère. Problèmes fonciers, difficultés d’intégration, sans compter l’instabilité politique, les obstacles s’accumulent et le projet finit par capo- ter. Retour à la case départ si l’on peut dire en 2009. François,Mayra et leurs deux filles vien- nent vivre aux Fourgs, occupant une par- tie de l’ancienne ferme familiale. “On a d’abord cherché du terrain dans le bas. En vain.” La question foncière reste enco- re le principal frein à l’installation pour de nombreux jeunes maraîchers. FrançoisAymonier trouvera son bonheur dans le cercle familial qui mettra à sa dis-

position 50 ares de terrain. Pas forcément synonyme de productivité,l’altitude garan- tit en revanche une pluviométrie qui fait souvent défaut en plaine. “Cette année, on n’a pas arrosé une seule fois, sauf la serre” , souligne celui qui s’est donc mis à son compte en 2010 en créant la société La Sémilla, qui signifie la semence en espagnol. À ceux qui doutent de la perti- nence du maraîchage aux Fourgs, l’intéressé rétorque en rappelant qu’après guerre, on recensait encore sur la com- mune 60 hectares de céréales et 30 hec- tares de pommes de terre,un légume pour- tant très sensible aux fortes gelées. “Mis à part le fait qu’on privilégie les espèces rustiques, on fait quasiment de tout à l’exception des courgettes et des haricots.

Aymonier joue sur la diversité et l’authenticité de ses produits. Il se refu- se farouchement à cultiver la moindre espèce hybride souvent incapable de se passer de traitement chimique. “On tient à avoir des variétés adaptées aux condi- tions locales, quitte à fabriquer nos propres semences.” Le résultat ne manque pas d’originalité. L’unique maraîcher du Haut-Doubs est probablement le seul à proposer à ses clients quatre variétés de carottes par- ticulièrement rustiques : carotte jaune du Doubs, carotte de Guérande, carotte blanche de Küttingen ou la Purple Dra- gon. Cette stratégie semble plutôt effi- cace. “Aujourd’hui, on n’arrive pas à fai- re face à la demande. On est presque dévalisé. On a pratiquement doublé la production de pommes de terre par rap- port à la saison dernière et on est déjà en rupture de stock.” Le budget pub se

réduit à un simple panneau en bord de route annonçant des légumes bio. Les Bourris représentent à eux seuls 95 % de la clientèle de la Sémilla. Plus fort encore, le maraîcher suscite aussi des vocations. Ses voisins renouent avec le plaisir de jardiner. “On commence aus- si à vendre en formule panier” , apprécie un producteur bio qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Même s’il vient de récupérer 20 ares qu’il cultive- ra en pommes de terre, il manque enco- re un peu de surface. “Il faudrait avoir au moins 1,5 ha, ce qui permettrait de faire des rotations de culture et de se diversifier aussi dans les petits fruits.” Ces besoins ne remettent pas en cause l’installation aux Fourgs. Bien au contrai- re. “Au niveau rentabilité, on est aussi efficace que dans le bas si on compare les résultats économiques à l’hectare.” F.C.

Idem pour les cultures sous serre avec les tomates, poi- vrons, concombres” , énumè- re le maraîcher qui ose tout juste ajouter qu’il cultive même desmelons aux Fourgs de peur qu’on le prenne pour un illuminé. Ici, sur le toit du Doubs, la saison de récolte et de com- mercialisation s’étale de mai à fin novembre. François

“On est presque dévalisé.”

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