La Presse Pontissalienne 142 - Août 2011

MOUTHE - RÉGION DES LACS

La Presse Pontissalienne n° 142 - Août 2011

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HAUTE-CHAÎNE La problématique de l’eau Quand l’alpage met le couvert Ces curieux ouvrages baptisés “couverts” servent à recueillir et stocker l’eau nécessaire à l’alimentation des troupeaux et des hommes sur les zones d’alpage. Un pan du patrimoine local.

Ce couvert un pan n’est plus du tout

fonctionnel. Encore un élément du patrimoine menacé de disparaître tôt ou tard.

Certains couverts qui servaient aussi d’abri ont fait l’objet d’une belle réhabilitation.

L es sources sont rares sur les sommets jurassiens où l’eau s’infiltre très vite dans la roche calcaire. Sans eau, impossible d’abreuver des troupeaux durant toute la belle sai- son. Une génisse boit 40 litres par jour et une vache le double. Face à ce problème, les constructeurs de chalets d’alpage ont adopté le prin- cipe des citernes alimentées par la fon- te des neiges et des pluies qui ruis-

sellent sur les toitures. Le volume des citernes est proportionnel à la taille des alpages. Il atteint parfois plusieurs centaines de m 3 d’eau. La citerne des- sert ensuite par gravité ou à l’aide d’une pompe un, deux, voire trois ou quatre abreuvoirs. Les pâturages les plus éloignés ou dépourvus de gran- ge ou de chalet sont équipés de cou- verts. Ces curieux ouvrages de char- pente reproduisent le système de collecte d’eau des fermes et des cha-

lets pour remplir ensuite des citernes de taille plus modeste. Ce patrimoine n’est pas anodin.On en dénombre près de 250 uniquement entre Chaux-Neu- ve et le Mont d’Or. On trouve des cou- verts à un pan, deux pans. Plus étranges, les couverts à toit inversé en “V” semblent particulièrement effi- caces. Très solides sous le poids de la neige, ils offrent l’avantage de capter toute l’eau sans risque de déborde- ment. Certains couverts sont de taille

importante comme cette construction à quatre pans située à proximité du Fort Saint-Antoine. L’ouvrage abrite une charpente qui mérite largement le coup d’œil. La citerne n’est pas pla- cée systématiquement sous la toitu- re. Ce qui laisse la possibilité d’amé- nager un abri pour les bêtes et le berger. De temps en temps, ces abris som- maires sont transformés en nid douillet pour accueillir les touristes enmal de dépaysement. Quelques alpages dis-

posent aussi de “goyas” qui désignent des réserves d’eau à ciel ouvert amé- nagées dans un sol argileux.Demême, un simple creux étanche et naturel suffit parfois à alimenter une petite citerne. L’état des couverts varie souvent en fonction de la qualité d’entretien de l’alpage. Beaucoup sont à l’abandon. D’autres sont aussi rénovés dans le cadre de programmes de réhabilita- tion des alpages.

La citerne en V d’une solidité à toute épreuve ne laisse pas une goutte déborder.

Quel que soit le profil du couvert, le principe de base consiste toujours à alimenter un abreuvoir.

Le couvert quatre pans modèle famille nombreuse du Fort Saint-Antoine abrite une superbe charpente.

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