La Presse Pontissalienne 142 - Août 2011

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 142 - Août 2011

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Les vacanciers qui séjournent au bord du lac Saint- Point perpétuent une tradition touristique qui remon- te à l’arrivée du tacot sur la rive droite du lac. C’était en 1900. On ose imaginer aujourd’hui l’impact d’un petit train qui desservirait depuis Pontarlier tous les villages jusqu’à Mouthe. Ajoutez quelques embarca- tions à propulsion électrique entre les plages et vous aurez ce qui se fait de mieux en terme de valorisa- tion écolo-touristique. Plus de souci de circulation, moins de pollution, fini les bouchons. Le top du top. Séquence rétro sur les prémices du tourisme au bord du lac. Avec la collaboration photographique du Club des Collectionneurs du Mont d’Or. Zoom Malbuisson dans le collimateur de l’inspecteur Liotard Pierre-Jack Tollet a marqué de son empreinte l’animation touristique locale. Ce Parisien auteur de polars tenait un hôtel à Malbuisson. Un personnage atypique. P ierre Tollet a vécu à Paris jusqu’à la seconde guerre mondiale. Atta- ché au monde bohème de la capitale, il pratique un peu de cinéma et exécute des travaux d’écriture et de dessin. Fait prisonnier en 1940, il part dans un stalag en Allemagne. C’est là qu’il fait la connaissance d’un habitant de Malbuisson, Jules Chapuzet. Après la Libération, il rejoint son ami dont les parents tiennent l’hôtel de la Fuvelle. Il tombe sous le char- me du Haut-Doubs et de Lucette, la sœur de Jules, qu’il épouse peu après. Le trio reprend ensuite l’exploitation de La Fuvelle. Pierre prend en char- ge le bar pour en faire un lieu de rencontre très prisé des touristes et des locaux. “Ce personnage atypique a contribué à sa manière à la renommée de Malbuisson , confie l’ancien maire Joseph Renaud. Il s’est beaucoup impli- qué dans l’animation touristique. Quand il est à la tête du syndicat d’initiative de Malbuisson, il réussit, par exemple, à décrocher le passage du rallye Liè- ge-Rome-Liège. C’est aussi lui qui fut à l’origine du Lions Club de Pontar- lier Haut-Doubs.”. Avec son coup de crayon, il conçoit le Pignouquet. Ce petit corbeau sera le héros de plusieurs albums et servira aussi de logo à la promotion de Malbuisson. Pierre Tollet a toujours gardé le contact avec ses amitiés artistiques parisiennes. Il se rend régulièrement dans la capi- tale où il possède un petit appartement à Montmartre. Il profite des sai- sons creuses pour s’adonner à l’écriture. Il s’agit de romans d’espionnage et policiers mettant en scène un personnage récurrent : l’inspecteur Lio- tard. Quand le héros part en vacances, c’est naturellement pour pêcher la truite à Malbuisson. “Pierre Tollet a aussi tenté sa chance aux municipales. Il s’est pris une veste mémorable” sourit Joseph Renaud. Comme quoi le tourisme et la politique ne font pas toujours bon ménage. Pierre Tollet a longtemps présidé le syndicat d’initiative de Malbuisson. Il a réussi par exemple à décrocher le QUAND LE TOURISME SE JETTE À L’EAU… DU LAC

HISTOIRE

Les prémices du tourisme Le tourisme débarque avec le Tacot L’arrivée du petit train sur

la rive droite du lac en 1900 déclenche le développement

J usqu’en 1890, la petite cité bal- néaire de Malbuisson n’est qu’un modeste bourg rural qui vit de l’agriculture et de quelques activités artisanales. Malbuisson jouit d’une belle exposition favorable à la construc- tion de plusieurs villas luxueuses qui ne sont pas sans rappeler le côté chic et bourgeois de Deauville ou de La Baule. Ces plantureuses maisons appar- tiennent à des familles bourgeoises de Pontarlier, de Besançon ou d’ailleurs. Malbuisson dispose aussi de nom- breuses sources d’eau. Cette ressour- ce absente sur la rive gauche justifie le tracé de la ligne du Tacot de ce côté- ci du lac.Monsieur Schlumberger, agent de change et banquier Bisontin, se voit touristique autour du lac, notamment à Malbuisson où il s’embourgeoise notablement. Retour sur la belle époque.

La famille Magrin est à l’origine du développement hôtelier de Malbuisson.

priétaires de l’hôtel Beau Site qui sert de logement au personnel accompa- gnant les riches clients venus séjour- ner tout l’été dans la station “clima- térique” (N.D.L.R. : c’était le nom de l’époque) du Haut-Doubs. Pendant la guerre, l’hôtel sera trans- formé en centre de repos pour les avia- teurs allemands. Fernand Chauvin rachètera l’ensemble en 1949. D’autres suivent l’exemple des Magrin. Mal- buisson comptera près d’une dizaine d’hôtels ou de pensions. Seuls le Bon Accueil et les “hôtels” Chauvin ont sur- vécu aux mutations touristiques. F.C.

allouer la concession de la ligne Pon- tarlier-Mouthe le 1 er mai 1897. Sa moti- vation est double car il possède une résidence secondaire à Malbuisson. L’essor touristique de Malbuisson repo- se également sur le dynamisme de la famille Magrin. Ces agriculteurs vont comprendre avant les autres l’intérêt du Tacot. Ils ouvrent d’abord un petit hôtel-restaurant dans leur ferme idéa- lement placée au centre du village, à deux pas de la gare du tacot. Par maria- ge, le bien passe dans le giron de la famille Eymard qui procède en 1920 à l’extension de l’établissement rebap- tisé Hôtel du lac. Ils sont aussi pro-

L’arrivée du Tacot en 1900 va largement contribuer à l’essor de la station “climatérique” de Malbuisson. Entre 1890 et 1920, plusieurs familles de notables bisontins ou parisiens investissent dans la construction de somp- tueuses villas.

passage du rallye Liège-Rome-Liège dans sa commune d’adoption.

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