La Presse Pontissalienne 142 - Août 2011

PONTARLIER ET ENVIRONS

La Presse Pontissalienne n° 142 - Août 2011

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DOMMARTIN

Recalée en finale des M.O.F.

Elle tutoie les sommets de la marqueterie Retenue parmi les finalistes au concours des Meilleurs Ouvriers de France, Agnès Saillard ne figure pas dans le trio de tête qui se voit attribuer le titre suprême. Dur, dur à encaisser.

S’ il est logique d’être devancé par meilleur que soi, l’inverse surprend surtout dans l’un des plus prestigieux concours qui soit. Agnès Saillard n’est pas convaincue de son infériorité par rap- port aux deux autres des trois fina- listes en tête du palmarès 2011. Sur le plan technique, elle n’a rien à leur envier. D’où cette grosse déception au regard des sacrifices consentis. Il en va ainsi des jugements humains qu’il faut accepter car c’est la règle. “Le che- min de la réalisation fait grandir” note Étienne Saillard, l’ébéniste-marque-

teur de Dommartin avec qui Agnès partage son existence. Maigre conso- lation. Le temps finira par dissiper cette rancœur.

parental pour essayer la marqueterie.” Essai concluant. Au fil du temps, ce loisir est devenu un second métier. Agnès travaille àmi-temps dans l’atelier Le Bois Plaisir aux côtés d’Étienne. D’une patience à toute épreuve, sou- cieuse d’aller plus loin, elle se prend au défi en 2009 de s’inscrire au concours des Meilleurs Ouvriers de France. Au menu : un travail sur l’Indien de la tri- bu des “nez percés” accompagné par son cheval appaloosa. Seuls 13 des 27 candidats de départ ont passé l’épreuve des qualifications. “On nous a deman- dé une petite marqueterie et un dos- sier argumenté sur la tribu et la race de cheval” , indique Agnès Sailard qui n’a pas hésité à se rendre à la biblio- thèque nationale de Paris pour se docu- menter. Sur les 13 sélectionnés, 8 poursuivent finalement l’aventure. Les choses sérieuses commencent. Dévoilé en juillet 2010, le sujet consiste à faire en 10 mois une marqueterie de 80 x 90 cm intégrant l’Indien et son cheval dans un paysage typique du nord-ouest des États-Unis. “On avait une liberté totale dans la composition et le choix des matériaux” , poursuit Agnès qui a utilisé près de 70 plaquages différents avec des incrustations en nacre, lai- ton, os, corne. L’opération nécessitera

Le conte de fée aurait été presque parfait avec ce titre venu couron- ner un parcours assez original. Comptable de formation, Agnès Saillard n’était pas vraiment destinée à s’orienter vers l’artisanat d’art. “J’ai profité d’être en congé

70 plaquages différents.

Après cette expérience au goût d’inachevé, Agnès Saillard envisage de se consacrer à plein temps à la marqueterie.

La marque- terie pré- sentée par Agnès Saillard représente plus de 1 000 heures de travail.

1 000 heures de travail. Tout y passe, y compris les semaines de congés. La candidate ne compte plus les week- ends bloqués à l’atelier. Le personna- ge de l’Indien comprend à lui seul au moins 2 500 pièces. “J’ai vraiment don- né le meilleur de moi-même” , se conso- le Agnès, pas franchement motivée pour retenter sa chance. Avec Étien- ne, ils ont déjà su profiter de

l’engouement actuel autour de la mar- queterie. Ce positionnement opportun se traduit par une croissance de 10 à 15 % du chiffre d’affaires de l’atelier. “Un titre de M.O.F. ne ferait que ren- forcer cette dynamique” , en convient Étienne tout en admettant ne pas par- tager cette mentalité très particuliè- re des lauréats souvent peu enclins à transmettre leur savoir.

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