La Presse Pontissalienne 141 - Juillet 2011

La Presse Pontissalienne n° 141 - Juillet 2011

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PRISE DE POSITION Il prend la défense de l’intérêt public Jean-Louis Simon part en guerre contre l’Institut Courbet

L’ancien secrétaire de l’Institut Courbet estime que la majorité des tableaux dont l’association revendique la propriété reviennent de droit au Conseil général qui vient d’investir 9 millions d’euros dans un musée dédié au peintre.

l’Institut sont majeures. Le nou- veaumusée Courbet sera incom- plet si seuls les 26 tableaux du Conseil général sont exposés pendant que ceux de l’Institut iront enrichir les expositions du monde entier. “Le musée d’Ornans sera dégarni de moi- tié. Il y a trois ans, 17 Courbet ont été envoyés au Japon pour les besoins d’une exposition. De nombreux visiteurs mécontents l’ont fait remarquer dans le livre d’or” rappelle Jean-Louis Simon qui veut éviter que ce musée n’ait finalement de Courbet que le nom. “Il y auramoins de Cour- bet dans le nouveau musée de 1 600 m 2 que dans l’ancien qui en faisait 340” ironise-t-il. Pour faire partager sa vérité, Jean-Louis Simon a préparé une lettre qu’il diffusera avant l’inauguration du musée d’Ornans le 1 er juillet. Il parle au nom du peintre dans ce cour- rier qu’il a intitulé “Lettre ouver- te de Gustave Courbet à se vrais amis,raresmais fidèles,àOrnans et à Flagey”. Jean-Louis Simon espère ainsi marquer les esprits

c’est bien avec de l’argent public qu’elles ont été acquises. La Chambre régionale des comptes a ouvert une porte en publiant un rapport sur l’Institut dans lequel elle indique que compta- blement les tableaux ont été ache- tés avec des subventions. Il faut maintenant terminer le travail. Je prétends que seuls trois Cour- bet appartiennent à cette asso- ciation” observe-t-il. Jean-Louis Simon se dit “porteur de vérité” dans ce dossier tout en recon- naissant volontiers que le Conseil général a manqué de vigilance. Il est “parti en guerre contre l’Institut.” Sûr de lui, il ne lâche- ra rien. L’amateur de culture se bat pour le nouveau musée d’Ornans dans lequel le Conseil général vient d’investir 9 mil- lions d’euros. La situation qu’il dénonce est que l’Institut Cour- bet peut disposer comme bon lui semble des 26 tableaux qui lui appartiennent,à l’exception peut- être des cinq qui figurent dans une convention de prêt signée avec le Conseil général. Or, les œuvres que possède alors qu’on donne une œuvre. Aujourd’hui, on ne comprend plus l’attitude du Département. Or, je rappelle que notre voca- tion est d’enrichir le patrimoi- ne Courbet et de travailler en bonne intelligence avec le Conseil général. Je constate que nous ne sommes pas partis sur des relations franches alors que nous avons fait preuve de modération et de souplesse, et que nous avons signé une convention de mise à disposition d’œuvres. L.P.P. : Redoutez-vous que cette affai- re qui dure finisse par se régler au tri- bunal ? F.L. : Je ne redoute rien. J’ai la possibilité de saisir le tribunal administratif non pas à propos des 300 000 euros,mais pour les 114 000 euros qui ne sont pas versés alors que la subvention a été votée. Je préférerais de loin une conciliation pour que l’on parle de tout cela entre personnes responsables. Je n’ai pas d’autre ambition que de trouver le che- min de la coopération. Quand je dis que nous sommes indignés, c’est parce que pour l’instant nous ne sommes pas respectés. L.P.P. : Dans le cadre de la convention, vous prêtez 14 œuvres au musée pour l’ouverture,dont six peintures de Cour- bet sur les 26 que vous possédez. Pour- quoi si peu ? F.L. : Nous prêtons celles qui nous ont été demandées, tout sim- plement. L.P.P. : Où sont les autres œuvres ? F.L. : L’Institut ayant une collec- tion privée, il peut la gérer com- me il veut. Ces œuvres ont été acquises sans l’aide du Conseil

J ean-Louis Simon n’est pas étranger au contentieux qui oppose aujourd’hui le Conseil général à l’Institut Cour- bet. L’ancien secrétaire de l’association qui a rompu les ponts avec elle se démène aujour- d’hui pour que le Département

du Doubs récupère les tableaux de Courbet qui selon lui revien- nent de droit à la collectivité puisqu’elle a contribué à les financer. Il conteste donc la pro- priété de la majorité des œuvres de l’Institut Courbet qui la reven- dique. “On peut démontrer que

Jean-Louis Simon, président de l’association “Chez Cour- bet” se dit “porteur de vérité” dans ce dossier.

théâtre qui sera jouée dans l’atelier du peintre.Dans le cadre de cette association, Jean-Louis Simon travaille enfin à la mise en place d’un espace Courbet à la Tour-de-Peilz en Suisse où a séjourné le peintre. T.C.

et remettre l’art au cœur du débat pollué par d’interminables querelles intestines. Il a fondé également l’association “Chez Courbet” qui devrait inter- venir dans l’animation de visites exceptionnelles au nouveau musée. Il a créé une pièce de

COMMENTAIRE

François Lépine “On ne comprend plus l’attitude du Conseil général” Le président de l’Institut Courbet se dit

re que l’on vient de faire quatre expositions à Valence, Barcelo- ne, Saint-Domingue et Paris qui ont rencontré un vrai succès. Il y a eu 18 000 spectateurs à la fondation Bismarck à Paris !

général. Celles qui l’avaient été ont été restituées au Départe- ment en 2006 suite à la com- mission Bézard. Mais je le répè- te, nous prêterons volontiers les œuvres qui nous ont été deman- dées. Nous préparons une expo- sition à Pékin,de lamêmemaniè-

l’inauguration du musée ? F.L. : Je m’interroge. Je pense que Jean-Jacques Fernier sera pré- sent. Mais s’il n’y a pas de ges- te nouveau de la part du Dépar- tement, je ne suis pas certain d’être là. Propos recueillis par T.C.

“choqué” par la décision du Conseil général qui demande à l’association culturelle de lui reverser un trop perçu de subvention de 306 000 euros. François Lépine annonce que l’Institut n’a pas l’argent.

L.P.P. : Vous serez là le 1 er juillet pour

L a Presse Pontissalienne : Le Conseil général du Doubs demande à l’Institut Courbet de lui reverser 306 000 euros, une somme identifiée par le rapport de la Chambre régionale des comptes comme un trop perçu par votre asso- ciation. Comment réagissez-vous ? François Lépine : La demande qui nous est faite est injuste et elle ne tient pas compte de tout ce que l’Institut Courbet a donné en temps au musée d’Ornans par le biais de son conservateur Jean-Jacques Fernier qui est toujours inter- venu bénévolement. Ce qui me choque, c’est qu’on nous deman- de de verser ces 300 000 euros en 2012, en lien avec le rapport de la Chambre régionale des comptes. Et bien je dis non, car tout d’abord nous n’avons pas cette somme en caisse. Je ne peux pas donner de l’argent que je n’ai pas. Ensuite, nous ne sommes pas coupables. Ces excé- dents n’ont pas servi à se payer des banquets mais des œuvres de Courbet. L.P.P. : Ces 306 000 euros accumulés sur une dizaine d’années sont pour- tant bien le résultat d’une différence entre le montant des subventions que vous demandiez au Département et vos véritables besoins ? F.L. : Toutes les associations fonc-

tionnent comme cela. Cette dif- férence de 306 000 euros a été gardée par l’Institut faute d’une grande précision de notre part dans nos demandes de subven- tions, mais aussi faute de suivi de la part du Conseil général. Il a manqué de rigueur et main- tenant il nous punit. Je suis indi- gné. La Chambre régionale des comptes dit que cette somme est de la responsabilité du Conseil général. Elle ne nous demande pas de la lui restituer. L.P.P. :Vous dites ne pas pouvoir payer. Il semble pourtant qu’en 2007,l’Institut affichait des fonds propres de 1,4 mil- lion d’euros et une trésorerie de 536 000 euros ? F.L. : Par rapport à la situation actuelle de l’Institut,nous n’avons plus cet argent. L.P.P. : Par ailleurs, le Conseil général a bloqué pour l’instant les subventions qui concernent l’Institut. Quelle lectu- re faites-vous de cette décision ?

ACQUISITION 150 000 euros “Les Amoureux dans la campagne” rejoint la collection de l’Institut

D ébut janvier, l’Institut Courbet a acquis un nouveau tableau de Gustave Courbet. Il vient enri- chir sa collection qui compte désormais 26 œuvres du peintre d’Ornans. Le tableau s’appelle “Les amoureux dans la campagne” (65 x 80) qui a coûté 150 000 euros. Cette acquisition a été “entièrement financée” par les “propres res- sources” et les “aides mécé- nales” de l’Institut rappelle celui-ci sur son blog . Sans doute a-t-il jugé bon de le pré- ciser à une époque où des voix s’élèvent contre l’Institut afin qu’il restitue au Conseil géné- ral des œuvres qui auraient été acquises avec l’argent de la collectivité. “Les amoureux dans la cam- pagne” qui fit “l’affiche de la dernière exposition en 2007 au Musée Courbet” ne sera pas visible dans l’immédiat à Ornans. Ce tableau a ven- du par un collectionneur qui est par ailleurs membre de

“Les amoureux dans la campagne”, 26 ème tableau de l’Institut Courbet.

“Je suis indigné.”

F.L. : La subvention est de 114 000 euros. Cette somme a été votée. Mais elle est bloquée par une sor- te de préalable du Conseil général qui souhaite que l’on ver- se le trop-perçu ou

pour Gustave Courbet en exil en Suisse, “le souvenir du bon- heur, une idylle de jeunesse, vécue trente ans auparavant, avec Lise, son amoureuse dont il avait gravé le nom sur le tronc du chêne qui abritait leurs émotions à Flagey.”

l’Institut. Cette œuvre roman- tique importante “était conser- vée sa vie durant par Juliet- te Courbet qui la légua à ses amies Mesdames de Tastes et Lapierre qui s’en séparèrent qu’en 1934.” L’Institut préci- se encore que cette œuvre est

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