La Presse Pontissalienne 141 - Juillet 2011

A g e n d a

La Presse Pontissalienne n° 141 - Juillet 2011

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FESTIVAL - LES NUITS DE JOUX

“Le théâtre vivra peut-être plus longtemps que la télévision”

L.P.P. : La difficulté est la météo. Vous prévoyez tou- jours une solution de repli ? G.D. : Quand il pleut, le public est triste et nous sommes tristes. Nous avons mis en place un système d’information systématique, quotidien, qui permet aux per- sonnes de savoir où se jouera le spectacle en cas de pluie. En cas de mauvais temps, les spec- tacles programmés à 19 heures se joueront au théâtre du Lavoir, et ceux programmés à 21 heures au théâtre Blier. L.P.P. : Une des critiques qui était faite à ce festival était son caractère élitiste. Qu’en pensez-vous ?

Metteur en scène et directeur du Festival Les Nuits de Joux, Guillaume Dujardin porte un regard pas- sionné sur cet art auquel le public est profondément attaché. Le succès grandissant du rendez-vous théâtral du Haut-Doubs en été en est la preuve.

re la force de ramener l’homme à sa poésie dans une société qui tend à la réduire. L.P.P. :A l’heure d’Internet, du cinéma 3D, des multimédias, le théâtre pourrait paraître sur- anné, et pourtant ce n’est pas le cas. Y a-t-il un attachement particulier du public à cet art ? G.D. : À l’époque du mass-media, dans une société libérale et capitalistique, notre activité devrait mourir. Le théâtre paraît peut-être anachronique, mais il n’est pas impossible que nous vivions plus longtemps que la télévision car nous avons vingt-cinq siècles d’histoire pour nous. C’est ancestral, cet art est en nous.Aujourd’hui, les gens ne savent plus où est le vrai, où est le faux, on ne fait plus la différence entre un jour- nal télévisé et une série. Or, le théâtre est le lieu du vrai et du faux. L.P.P. : Le jeune public n’est pas oublié dans Les Nuits de Joux. La pièce “Une ogresse” est faite pour eux. C’est important pour vous de toucher aussi ce public-là ? G.D. : Depuis quinze ans, l’écriture pour jeune est devenue passionnante. Rendre compte de cela dans ce festival est quelque chose de très important. Dans “Une ogresse”, l’auteur de la pièce qui viendra d’ailleurs la mettre en scène a écrit à partir du conte du petit pou- cet. C’est à partir de 6 ans et c’est fran- chement génial. Propos recueillis par T.C.

L a Presse Pontissalienne : Vous dirigez le Festival des Nuits de Joux pour la troi- sième année consécutive. Comment avez-vous rencontré le Centre d’Animation du Haut-Doubs ? Guillaume Dujardin : En fait, le C.A.H.D. m’a proposé de reprendre la direction de ce festival après qu’il ait été diri- gé pendant vingt ans par Pierre Louis. J’ai accepté avec l’envie de créer, en plus de ce festival, une présence artis- tique permanente à Pontarlier et dans sa région pendant un mois et demi. Il y a les spectacles au Château. Mais le reste du temps, les artistes sont là en résidence, ils répètent et vivent à Pon- tarlier. Différentes animations sont prévues qui font que ce festival exis-

Ensuite, ces acteurs sont transver- saux. Ils jouent dans plusieurs pièces. C’est un vrai projet collectif.À l’origine, cette façon de fonctionner était liée à des questions budgétaires, mainte- nant c’est devenu une force pour le festival. L.P.P. : Vous mettez vous-même en scène le Cid, comment recrutez-vous les acteurs ? G.D. : Nous avons fait des auditions au Jeune Théâtre National. Sinon, cela se fait par connaissance. Il y a neuf comédiens engagés sur les Nuits de Joux et quatre metteurs en scène. Nous sommes une vingtaine au total si on compte les techniciens. L.P.P. : 3 000 spectateurs en 2010, soit une augmentation de 50 % par rapport à 2009. Le festival s’ancre dans le Haut-Doubs. Connais- sez-vous votre public ? G.D. : Un tiers des spectateurs sont du Haut-Doubs, un tiers sont des gens de la région, et le dernier tiers sont des touristes. Je remarque que les habi- tants du Haut-Doubs se sont appro- prié ce festival. Pour moi, c’est une bel- le satisfaction. L.P.P. : Jouez-vous le même théâtre en salle qu’au Château de Joux, ou alors le lieu a son importance dans la mise en scène par exemple ? G.D. : Quand vous travaillez dans une cave, dans un château ou dans une saline, le cadre est déjà très narratif. Il ne faut pas lutter contre cela, mais au contraire il faut l’utiliser. La force de ce festival est précisément l’environnement dans lequel il se dérou- le. Évidemment, il faut jouer des pièces d’extérieur ce qui est le cas du Cid et de Hamlet.

“C’est ancestral, cet art est en nous.”

G.D. : Le problème en le qualifiant d’élitiste est qu’il faut savoir si ce sont des spectateurs non-sachants qui le disent, ou si ce sont des gens de la cul- ture par exemple qui mésestiment la capacité d’écoute de leurs concitoyens. Pour ma part, je vais mettre en scène le Cid comme si nous étions à Paris. Je résiste à l’idée qu’il faudrait faire un théâtre au rabais sous prétexte que nous sommes dans le Haut-Doubs, ce qui signifierait que les gens d’ici ont moins de culture. Mais que je sache, il y a ici des librairies de qualité, un musée, un théâtre… Je suis heureux que les spectateurs du Haut-Doubs puissent venir assister à Hamlet et au Cid. L.P.P. : Ne redoutez-vous pas que ces grands classiques aient vécu dans l’esprit d’une par- tie du public ? G.D. : Notre travail est de raconter le Cid en 2011. Le théâtre évolue avec les codes actuels de la société et ce que les gens ont l’habitude de voir. L’idée est d’actualiser le texte, sans le déna- turer, pour que les spectateurs d’aujourd’hui puissent être touchés par cette histoire. Le théâtre a enco-

te aussi en dehors des murs du Château. Aujourd’hui, les Nuits de Joux est devenu le plus grand rendez-vous théâtral de la région. L.P.P. : Cette année, le public est invité à assister à des pièces comme Hamlet ou le Cid. Comment procédez-vous pour monter des spectacles de cette qualité, alors que les budgets accordés à la cultu- re ont plutôt tendance à se réduire ? G.D. : Nous travaillons avec des jeunes acteurs professionnels. L’idée est de leur donner leur chan- ce en leur proposant de grands rôles du réper- toire qui ne se présen- tent pas toutes les semaines dans la vie d’un artiste, surtout lors- qu’il fait ses débuts.

“Un tiers des spectateurs sont du Haut-Doubs.”

Festival Les Nuits de Joux Du 22 juillet au 13 août

À voir au Château de Joux : Hamlet, le Cid, Léonce et Léna, Une ogresse, Cabaret Kitch. Représentations à 19 heures et 21 heures. Bal le 24 juillet à 21 heures. Lectures, rencontres, stages, ateliers…

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