La Presse Pontissalienne 141 - Juillet 2011

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 141 - Juillet 2011

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EMPLOI Ils reprennent du service Horlogerie :

des retraités très convoités Des retraités sont rappelés par les firmes horlogères suisses pour combler la fuite du savoir-faire. Au lycée horloger de Morteau, Bernard Bôle a repris une activité de professeur. Un autre retraité collabore pour Audemars-Piguet.

T oute une vie profes- sionnelle vouée à l’horlogerie. D’abord à son compte en tant que réparateur de montres au Russey puis chez Zénith et enfin dans l’entreprise Techno- time. Alors que Bernard Bôle pouvait couler une retraite pai- sible après quarante ans de labeur, il a choisi à 59 ans de rempiler. Cette fois, il ne tra- vaille plus dans la sphère pri- vée mais dans le public. Termi- nés les objectifs de production, place aux objectifs pédagogiques en tant que professeur d’horlogerie au lycée de Mor- teau. Il est venu remplacer le départ d’un professeur. Comme les entreprises, l’enseignement a des difficultés à recruter des professeurs d’horlogerie, cer- tains préférant monnayer leurs compétences en Suisse voisine. Après plusieurs mois passés aux côtés des élèves inscrits enC.A.P., notre retraité semble comblé :

expérience d’entreprise. Reste à savoir si les élèves une fois leur diplôme en poche sont bien préparés. “Les élèves ont une base mais ont encore beaucoup à apprendre à la sortie de l’école” dit-il. Selon lui, l’école n’est pas si déconnectée dumonde du tra- vail à la seule nuance que les machines et pièces utilisées au lycée ne sont pas aussi high- tech que celles trônant dans les ateliers des plus grandes marques suisses. “On ne peut bien évidemment pas travailler avec des composants Swissmade . Ce serait trop coûteux.” Heureux dans son nouveau métier, Ber- nard Bôle n’a pas pris la place d’un jeune professeur. Tout jus- te comble-t-il la fuite des cer- veaux. Même constat pour Patrick Augereau. À 68 ans, ce retraité bisontin spécialisé dans la recherche et le développement collabore pour la manufacture Audemars-Piguet au Brassus.

“J’ai eu un très bon accueil” dit Bernard Bôle, qui rempilera en septembre prochain pour une nouvelle année scolaire en tant que vacataire. “C’est une nou- velle expérience. Je m’en réjouis.” Forcément, le salaire qu’il per- cevait en Suisse n’a rien de com- parable avec celui de professeur, mais l’horloger a bien compté. Entre des impôts à la baisse et une pression en entreprise moindre, il gagne à partager son savoir-faire. “Le contact avec les élèves est enrichissant, ajoute- t-il. J’ai eu l’habitude de diriger des équipes en tant que chef

Bernard Bôle (59 ans) recruté par le lycée de Morteau pour être professeur d’horlogerie, un métier

touché par la concurrence suisse.

t-il travailler ? “Tant que les méninges fonctionnent et si l’entreprise est O.K., je fonce, sinon je trouve un autre presta- taire.” Son rêve : relancer Lip à Besançon. Pour lui comme pour les personnes qui ont décidé de rempiler, la retraite s’annonce dorée. Employeur et employé y trouvent leur compte.

technique de l’horlogerie et de la bijouterie (C.E.T.E.H.O.R.) à Besançon et s’est spécialisé en chronométrie. “Les Suisses m’ont rappelé et je ne regrette pas. Il y a de nombreux projets enmatiè- re de recherche ce qui n’est pas le cas à Besançon. Les Suisses ont du travail à fournir” dit-il. La Suisse lui permet d’innover à nouveau et…d’augmenter son salaire. Jusqu’à quand espère-

Le jour de sa retraite, il ne pou- vait (voulait) abandonner ses projets, il prépare désormais le concours de chronométrie pour Audemars. En 2009, le calibre avait lâché. Il retente l’expérience et présentera en 2013 le nou- veau calibre dans l’espoir qu’il soit primé. Conseiller de l’enseignement technique durant 15 ans, Patrick Augereau a tra- vaillé durant 24 ans au centre

d’atelier. Je n’ai pas trop vu de changements avec les élèves. La pratique ne s’oublie pas, comme la tech- nologie.” Outre ses connaissances, il transmet son

Un déficit d’enseignants.

E.Ch.

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