La Presse Pontissalienne 141 - Juillet 2011

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 141 - Juillet 2011

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Symbole Sʼouvre avec cette traditionnelle édi- tion de lʼété une période naturelle- ment plus propice à la flânerie et aux découvertes, rendue possible aussi par les innombrables initiatives prises ici et là, par les collectivités locales mais aussi et peut-être surtout par un tissu associatif qui se mobilise pour faire vivre le territoire lorsque les autochtones le quittent. Lʼété franc- comtois offre à destination des esti- vants en escale dans notre région une palette vraiment large de curiosités. Il est un endroit en Franche-Comté qui reste indéniablement le phare tou- ristique de la région avec ses 270 000 visiteurs annuels, cʼest la Citadelle de Besançon. La forteresse de Vauban estampillée depuis trois ans du label de lʼUnesco dispose, outre son parc zoologique, dʼune curiosité que sou- vent les visiteurs négligent : le musée de la Résistance et de la Déportation. Ouvert à lʼinitiative de lʼancienne dépor- tée bisontine Denise Lorach, ce lieu de mémoire vient de se trouver une nouvelle conservatrice qui entrera en fonction en octobre. La procédure serait passée totalement inaperçue si cette conservatrice nʼétait pas… de nationalité allemande. Une Alleman- de à la tête du musée de la Déporta- tion, ce symbole fort ne fait hélas pas que des heureux. Certains de ceux qui, comme des milliers dʼautres Fran- çais ont subi lʼhorreur des camps dʼinternement et dʼextermination se scandalisent de cette nomination. On ne peut les blâmer puisque leurs cica- trices sont encore béantes. Dʼautres, ils sont a priori les plus nombreux, se félicitent au contraire, estimant que ce symbole fort contribue à définiti- vement exorciser les fantômes du pas- sé. Ils étaient les mêmes visionnaires à promouvoir dès la sortie du deuxiè- me conflit mondial des opérations de jumelages avec des villes allemandes hier ennemies. Sur un site retenu par lʼUnesco, lʼinstitution qui symbolise au mieux lʼuniversalité du monde, quel signe plus fort pouvait-on envoyer à ceux qui doutent encore des bienfaits de lʼEurope ? Il en est un qui dépas- se tous les autres, sans doute le plus palpable aussi, cʼest la paix et la tolé- rance que sait insuffler cette inven- tion supranationale. Le grand mérite de la construction européenne, sʼil en est un au moins. J ean-François Hauser Éditorial est éditée par “Les Éditions de la Presse Pontissalienne”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com Directeur de la publication : Thomas COMTE Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Thomas Mourey. Agence publicitaire : S.A.R.L. BMD - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Juin 2011 Commission paritaire : 1102I80130 Crédits photos : La Presse Pontissalienne, associations et organisateurs, E.S. les Fonges, Espace bois Jura-Doubs.

MUSIQUE

Direction le Pays Basque

Mickaël Gavazzi : “Le zapping instrumental peut être un frein”

Après cinq ans passés à Pontarlier, le directeur du conservatoire municipal quitte le Haut-Doubs pour Bayonne où il occupera des fonctions identiques. Le bonheur du devoir accompli, et un gros pincement au cœur. La Presse Pontissalienne : S’agit-il d’un départ prémédité ? Mickaël Gavazzi : Pas vraiment, puisqu’on venait jus- te d’acquérir une ferme à Boujailles. On quitte la région avec un gros pincement au cœur. L.P.P. : Bayonne, c’est une chance à saisir alors ? M.G. : Le projet d’installation était déjà engagé quand j’ai appris un peu par hasard qu’il y avait un pos- te à pourvoir dans cette ville. J’ai postulé et ça a fonctionné. C’est un poste qui ne se refuse pas. À Pontarlier, le conservatoire est porté par les élus au même titre que le musée ou les archives. Celui de Bayonne est aussi financé par les villes de Biar- ritz, Saint-Jean-de-Luz et Hendaye. Dans ce conser- vatoire à rayonnement régional, le directeur assu- re la gestion d’un orchestre de professeurs. Cette structure accueille près de 1 800 élèves, 80 ensei- gnants et une vingtaine de salariés. C’est une autre dimension. L.P.P. : Qu’est-ce qui vous avait attiré sur Pontarlier ? M.G. : J’étais adjoint à la direction au conservatoi- re d’Issy-les-Moulineaux. Nous souhaitions quit- ter la région parisienne et j’avais envie de prendre en main un conservatoire à taille humaine. J’ai répondu à l’offre d’emploi de la Ville de Pontarlier. Comme mon épouse est italienne, le Haut-Doubs s’apparentait à un rapprochement familial. L.P.P. : A Pontarlier, vous avez eu droit à un beau baptême du feu, c’est le cas de le dire ! M.G. : J’ai pris mes fonctions en effet en juillet 2006 quelques jours après l’incendie qui a détruit l’ancien conservatoire. Les conséquences de cet incident n’ont pas été faciles à gérer en terme d’organisation. Malgré cela, on a enregistré une progression des inscriptions chaque année même à l’époque du conservatoire dispersé. L’effectif est passé de 540 à 620 élèvesdepuis 2006. L.P.P. : Comment expliquez-vous ce dynamisme ? M.G. : Cela repose sur plusieurs facteurs : la crois- sance démographique, l’attractivité du nouveau conservatoire, l’adhésion des familles, la dynamique pédagogique et la qualité de l’enseignement. Il y a toujours eu énormément de pratique musicale dans le Haut-Doubs. Rien qu’au conservatoire, on fonc- tionne avec cinq partenaires associatifs. J’ai décou- vert cette richesse associative.

Percussionniste de formation, Mickaël Gavazzi prendra ses fonc- tions en août à la tête du conservatoire de Bayonne.

maison où l’on apprend la musique, la danse, le chant au sens large du terme. On ouvre aussi d’autres chemins pour les ados. C’est valable pour les adultes. Ils avaient droit à un apprentissage musical trop calqué sur celui des enfants. On essaie de propo- ser des parcours plus adaptés. L.P.P. : D’autres projets marquants à signaler ? M.G. : Oui, il y a une opération fantastique à mes yeux : c’est l’orchestre à l’école. Des enseignants en cuivres et en percussions interviennent pendant une année dans une classe primaire. Ils animent deux séances hebdomadaires en petits groupes et en orchestre avec toute la classe. Ce dispositif offre la possibilité à l’enfant de jouer immédiatement sans aucune base musicale. C’est ça le côté inno- vant. Les enseignants se rendent dans les écoles où il y a le moins d’inscrits au conservatoire. Au bout d’un an, c’est le phénomène inverse qui se pro- duit. On vérifie tout l’intérêt d’apporter la musique vers des publics qui ne seraient jamais venus dans un conservatoire L.P.P. : Les jeunes sont très versatiles dans leurs pratiques ludiques. Est-ce aussi le cas en musique ? M.G. : On n’échappe pas au phénomène. Il faut comp- ter une bonne dizaine d’années pour être à l’aise avec un instrument. Le zapping instrumental sera peut-être un frein.

L.P.P. : Le nouveau conservatoire tient toutes ses promesses ? M.G. : Oui. Le programme de réservation de l’auditorium est pratiquement complet. Ce qui reflète à mon sens une magni- fique dynamique avec des pro- fesseurs qui montent beaucoup d’auditions et de projets. Le nou- vel outil a donné un élan vers l’extérieur. On a mis en place des animations à l’E.H.P.A.D. en privilégiant des musiques douces. On organise des ateliers percussions en partenariat avec l’U.N.A.P. L.P.P. :Vous êtes-vous donné le temps de pratiquer vous-même ?

“Un nouvel élan vers l’extérieur.”

L.P.P. : La combinaison de ces éléments don- ne forcément un bilan positif. Quels sont les principaux points à retenir ? M.G. : Le cycle d’initiation pour accom- pagner les jeunes dans leur orien- tation. Ce nouveau dispositif permet à l’enfant de s’approprier pendant trois ans l’offre avant de faire son choix dans la pratique entre l’instrument, le chant et la danse. Autre point, on est aussi en train de proposer un parcours vocal toujours à destination des enfants. Il s’agit d’un nouveau cursus à part entière. L.P.P. : Comme une envie d’ouverture ? M.G. : Maintenant, il n’y a plus un seul chemin. On marque clairement la volonté de “casser” l’enseignement pyramidal pour faire en sorte que le conservatoire rayonne. On n’est pas dans du cours privé mais dans une

M.G. : J’ai plutôt privilégié la composition. J’ai pris beaucoup de plaisir à composer des mélodies à par- tir de poèmes de Michel Ange qui seront interpré- tées par Stuart Patterson lors du prochain festival lyrique de Montperreux. L’œuvre sera d’ailleurs créée à l’ouverture du festival. L.P.P. : Vous reviendrez dans la région ? M.G. : Forcément. On est amoureux de la région. Le Haut-Doubs, c’est le Haut-Doubs… Propos recueillis par F.C.

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