La Presse Pontissalienne 139 - Mai 2011

A g e n d a

La Presse Pontissalienne n° 139 - Mai 2011

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PONTARLIER - CINÉMA

“Gérardmer est l’exemple de ce que nous aurions pu faire à Pontarlier” À 85 ans, Pierre Blondeau s’apprête à quitter la présidence du ciné-club Jacques Becker qui organise la 70 ème rencontre internationale de cinéma de Pontarlier. Confidences d’un homme qui pendant un demi-siècle a fait venir les plus grandes personnalités du 7 ème art dans le Haut-Doubs.

L a Presse Pontissalienne : Pourquoi avoir choisi de rendre hommage à l’écrivain suisse Charles-Ferdinand Ramuz dont certains des livres ont été adaptés au cinéma ? Pierre Blondeau : Le but de cette rencontre est de montrer comment les livres d’un grand écrivain sont adaptés au ciné- ma. Les deux plus grands films inspi- rés de l’œuvre de Ramuz sont “La guer- re dans le haut pays” de Francis Reusser, et “Derborence” du même réalisateur. Ce sont deux films magnifiques qui trai- tent de thèmes d’actualité. Francis Reus- ser sera présent à Pontarlier. Un des sujets de discussion lors de cette ren- contre sera justement d’aborder la dif- ficulté de mettre à l’écran un auteur aussi précis dans ses textes. Pour beau- coup, Charles-Ferdinand Ramuz était un auteur régionaliste. En réalité, c’est un homme qui a marqué son époque.

val de Cannes en 1997. Pour une ville de la taille de Pontarlier, je crois qu’on peut être satisfait. L.P.P. : Le monde du cinéma a-t-il changé au point qu’il soit de plus en plus difficile de dépla- cer à Pontarlier des cinéastes d’une renom- mée internationale ? P.B. : Il est très difficile de faire venir des réalisateurs d’une notoriété inter- nationale. Je pense à Clint Eastwood ou Martin Scorcese qui se déplacent comme des chefs d’État. Il y a trente ou quarante ans peut-être qu’il aurait été possible d’inviter un homme com- me Clint Eastwood. Maintenant, il faut une fortune considérable pour recevoir des cinéastes de cette envergure. Or, jusqu’à présent, tous les réalisateurs que nous avons accueillis ici sont venus gracieusement car ils savent que nous ne les sollicitons pas pour le spectacle mais pour leur œuvre et leurs idées. Cela représente toute une organisation qui n’est faite que de bénévoles pour mettre en place ces rencontres. Nous avons cependant le soutien financier de la Région, du Département, de la Ville de Pontarlier et de la D.R.A.C. L.P.P. : Avez-vous des regrets ? P.B. : Non, je n’en n’ai pas. Je le répète, pendant un demi-siècle nous avons réus- si à faire venir de grands cinéastes com- me John Boorman (La forêt d’émeraude). Nous avons pu le solliciter parce qu’à l’époque je faisais partie du conseil d’administration des Ciné-Clubs de France. De la même manière, j’ai écrit à Luigi Comencini et Joseph Losey qui ont participé à ces rencontres. Théo Angelopoulos est également passé par Pontarlier. Les cinéastes qui ne sont

L.P.P. :Vous présidez le ciné- club Jacques Becker depuis plus de 30 ans. Il semble que vous souhaitiez main- tenant passer le relais. Est- ce le cas ? P.B. : En novembre, nous fêterons le 50 ème anni- versaire des rencontres internationales de ciné- ma de Pontarlier. Pour l’occasion, plusieurs réalisateurs seront réunis. Beaucoup de personnalités ont été sollicitées. Mais je ne suis pas censé le savoir, car mes amis du ciné-

“La guerre des miss” est une catastrophe pour la Franche- Comté.”

pas venus ont décliné l’invitation pour des raisons professionnelles. C’est le cas par exemple de Ken Loach qui s’est montré réceptif à notre démarche, mais qui en aucun cas ne pouvait nous consa- crer trois jours. L.P.P. : Quels souvenirs vous ont marqués lors de ces rencontres ? P.B. : En général, les réalisateurs n’aiment pas revoir leurs films. Ils les présen- tent au public, puis quittent la salle, et reviennent à la fin de la projection pour une discussion avec les spectateurs. Je me souviens que devant l’enthousiasme du public, Luigi Comencini avait fina- lement décidé de rester pendant la pro- jection. Comme il ne restait plus de places assises, il s’est installé dans les escaliers de l’Olympia pour regarder le film. Je me rappelle également le pas- sage de Joseph Losey. Pendant son séjour à Pontarlier, il n’a pas cessé de visiter des piscicultures. J’ai compris pourquoi plus tard, lorsqu’il réalisa “La Truite” avec Isabelle Huppert. Pendant ce demi- siècle, j’ai eu des étonnements fabuleux en rencontrant des cinéastes d’exception comme Elia Kazan. L.P.P. : Comment réagissaient les réalisateurs quand vous les invitiez à Pontarlier ? P.B. : Nous leur présentions les choses

avant. Ils étaient très étonnés en arri- vant ici.À l’époque, nous avions quelques grands hôtels réputés, qui ont prati- quement tous fermé. C’est difficile désor- mais de loger dans de bonnes condi- tions nos invités réalisateurs à Pontarlier. Ils doivent parfois penser que nous sommes dépourvus de moyens. Je trou- ve cela d’ailleurs très inquiétant pour cette ville. À mon sens, quelle que soit la couleur politique du maire au dépu- té, nos élus ont laissé filer trop de dos- siers depuis trop longtemps dans cet- te ville comme la R.N. 57. ou la gare de Pontarlier menacée de perdre le T.G.V. Il y a des choses positives à Pontarlier telles que le sport et le domaine asso- ciatif, mais à côté de cela, d’autres sujets méritent d’être mieux défendus. L.P.P. : Comment expliquez-vous l’attachement du public à ce rendez-vous cinématographique ? P.B. : Ce que recherche le public, c’est le contact avec les réalisateurs et les réa- lisatrices. les spectateurs viennent de loin pour cela. Dans beaucoup de fes- tivals, le cinéaste ne fait qu’un bref pas- sage et c’est tout. Ici, l’ambiance est très familiale. L.P.P. : En Franche-Comté, la politique en faveur du cinéma est-elle selon vous suffisamment volontariste ?

club préparent une sorte de “jubilé Pier- re Blondeau”. Car je m’apprête à quit- ter la présidence. Ce n’est pas par manque de curiosité ou de goût pour le cinéma. C’est une histoire d’âge. À 85 ans, un homme n’est plus aussi vaillant qu’à 40 ans. D’autres personnes vont prendre le relais dès l’année prochai- ne. Mais je resterai membre du ciné- club. L.P.P. : Pendant un demi-siècle, vous avez fait venir des personnalités prestigieuses du mon- de du cinéma. Lesquelles ont marqué ces ren- contres ? P.B. : Nous avons eu la chance depuis toutes ces années de recevoir dans cet- te ville parmi les plus grands cinéastes au monde. En 1979, nous avons eu le plaisir d’accueillir Volker Schlöndorff qui venait de recevoir la Palme d’or à Cannes pour Le Tambour. Robert Gué- diguian est également venu ici avant qu’il ne réalise “Marius et Jeannette”, un film qui a été sélectionné au Festi-

Son style était peu aca- démique. Mais il était quelqu’un d’original et en même temps de très universel. L.P.P. : Il ne s’agit donc pas d’un cinéma dit intellectuel ? P.B. : Les films qui seront projetés ne sont pas des choses rares et difficiles à comprendre. Ils font écho à l’actualité enmet- tant en cause les grands problèmes du monde. En cela, cette rencontre n’est pas réservée à une élite intellectuelle ou littéraire. Les films sont très populaires.

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