La Presse Pontissalienne 139 - Mai 2011

FRASNE - LEVIER - AMANCEY

29 La Presse Pontissalienne n° 139 - Mai 2011

FLAGEY

Rencontre avec Gustave Claude Coulet, généalogiste de Courbet

À 65 ans, cet ancien banquier se passionne pour la généalogie. En 2009, le Conseil général a frappé à sa porte pour lui proposer de s’intéresser à la famille du peintre né à Ornans. Après s’être intéressé aux familles du plateau d’Amancey, il a accepté.

G ustave Courbet est vérita- blement entré dans la vie de Claude Coulet au printemps 2009.À l’époque, Frédérique Thomas-Maurin, conserva- trice dumusée d’Ornans, vient à la ren- contre du généalogiste de Mérey-sous- Montrond dont elle connaît les travaux. Le Conseil général s’apprête à ouvrir la ferme de Flagey où le peintre a séjour- né, et il souhaite agrémenter le lieu d’un arbre généalogique qui permette au visiteur de situer Gustave dans la lignée des Courbet. Retraité, passion- né depuis longtemps par ce genre de recherche,Claude Coulet se laisse piquer au jeu. “J’ai adhéré au projet, car le personnage et le lieu de Flagey m’intéressaient. J’avais aussi une cer- taine fierté à travailler sur le sujet.” Deux mois et demi lui seront néces- saires pour établir les filiations et peindre, à l’encre de chine, un arbre aux branches majestueuses, dans lequel fleurissent les noms par centaines écrits à la main et en lettres gothiques. On y retrouve pêle-mêle les Droz-Bartholet, Magnenet, Bulle, Reverdy, Receveur,

Morel,Equoy,Marquis,Ducouloux,Com- te ou encore Tournier, bref tous font partie de la grande famille des cousins de Courbet dont pour sa part, la des- cendance s’est arrêtée à un fils. Comme prévu, à l’été 2009, l’arbre est à sa place, accroché sur un mur face au bar du Café Juliette, à la ferme de Flagey. A la base du tronc est écrit en grosses lettres : Claude Courbet dit Garguet. L’ancêtre. “Il est né en 1613 et mort en 1675. J’ai établi sa descen- dance sur dix générations. Gustave (1819-1877) arrive à la septième. La dernière personne qui figure sur cet

arbre est née en 1932” explique Claude Coulet qui n’est pas parti d’une feuille blanche pour établir cette généalogie dans un laps de temps somme toute assez court. L’ancien banquier avait déjà croisé la route de la famille du peintre lors de précédentes recherches. Il disposait donc d’une soli- de base d’informations sur

Receveur, Morel, Equoy…

Claude Coulet se passionne pour la généalogie. En 1995, il a réalisé l’arbre de sa famille sur lequel figurent 5 500 noms. À refaire aujourd’hui, il en compterait plus de 10 000.

les Courbet lorsque le Département a frappé à sa porte.Originaire d’Amathay- Vésigneux, il menait depuis plusieurs années déjà des investigations sur les familles des villages du plateau d’Amancey, à commencer par la sien- ne. C’est comme cela qu’il a établi par exemple que le nom de Courbet est l’évolution probable de celui de Corbet dont on retrouve les dernières traces au XVII ème siècle. “Il s’est sans doute transformé pour des raisons de pro- nonciation” suppose le spécialiste. Malgré une base de données déjà bien étayée, Claude Coulet a cherché des appuis pour pousser plus loin son enquê- te. “J’ai passé une petite annonce dans divers groupes de généalogie en préci- sant la nature de mes travaux pour voir si d’autres personnes avaient déjà des éléments sur d’éventuels liens de cou- sinage avec Gustave” se souvient-il. Le passionné obtiendra des réponses. “Le gros problème pour moi était de véri- fier toutes les informations qui me par- venaient. Je me suis fait épauler pour cela par le centre d’entraide de généa- logie de Besançon” qu’il a d’ailleurs pré- sidé. En voulant aller vite, la marge d’erreur augmente. Le risque de faire fausse route en se laissant tromper par des homonymies n’est jamais très loin. Vigilance donc. “La généalogie est un jeu de patience.” Il faut prendre le temps d’établir les preuves qui permettent de confirmer avec certitude la filiation. Lorsqu’il commence à démêler ces fils de vie, Claude Coulet ne se limite pas à reporter des noms sur un papier. Sa curiosité l’invite souvent à s’intéresser au contexte dans lequel vivaient ces gens dont il découvre l’identité. C’est ainsi qu’il glane des informations his- toriques ou des anecdotes lors de ces vagabondages dans le temps. Concer- nant Gustave Courbet, beaucoup de choses ont été dites. “Il est issu d’une forme d’aristocratie paysanne. C’était une famille de riches agriculteurs à Fla- gey. Ce que l’on dit moins, c’est qu’elle

n’était pas la seule à avoir une forte influence sur ce village. Il y avait éga- lement la famille Maire.” En se pen- chant sur les affaires communales, le généalogiste a pu se faire une petite idée sur la personnalité de Régis, le père de Gustave, qu’il décrit comme quelqu’un d’une certaine stature, mais d’assez dur. Le grand-père du peintre cette fois, Claude-Louis, aurait peut- être fait la fortune de la famille. Cul- tivateur à Flagey, il avait en même temps une charge d’archer-garde, qui lui donnait le pouvoir de régler les litiges. “Ce ne sont que des suppositions à partir de documents que l’on découvre. Mais je me dis que si Gustave Courbet qui avait un don était resté un paysan de classe moyenne à Flagey, il ne l’aurait sans doute pas développé” estime Clau- de Coulet. Ce passionné d’histoire révè- le autre chose. “Quand je me suis inté- ressé à la famille Courbet, j’ai travaillé dans le même temps sur les Granges, les fermes d’aujourd’hui. J’en ai étudié une située sur le territoire de la com- mune de Cléron dite “Chez l’Bon”. J’ai découvert que le tiers de cette maison avait été acquis par Régis Courbet. Ce n’était probablement pas le bâtiment qui l’intéressait, mais les vignes. Plus tard, Gustave est venu là. Des peintures ont été réalisées sur les murs. On ne sait pas s’il en était l’auteur où s’il s’agissait de ses élèves.Aujourd’hui, cette maison est en ruine. Elle était encore habitée par des bûcherons au moment de la guerre de 40.” Des personnes ont vu ces peintures, d’autres auraient récu- péré des morceaux de mur. À sa façon, Claude Coulet est parti à la rencontre du peintre, un homme qui a marqué son époque et son art. La généalogie a ceci de particulier qu’il y a autant d’arbres possibles qu’il y a de vies. Cette fois-ci, le retraité en est sûr, même s’il éprouve de la sympathie pour le personnage, lui et Courbet ne sont pas cousins. T.C.

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