La Presse Pontissalienne 139 - Mai 2011

FRASNE - LEVIER 28

La Presse Pontissalienne n° 139 - Mai 2011

CHAFFOIS

La situation est “sécure” Jardel : dans le fond, tout va bien Les résultats des prélèvements effectués du 15 au 18 avril 2010 ont été présentés le 9 avril dernier à Pontarlier. Pas de risque d’explosion ni de pollution à craindre.

L e mythe Jardel alimente tou- jours les conversations dans le Haut-Doubs. Beaucoup de mystères restent encore à éclaircir sur la nature, le conte- nu précis et l’évolution de ce stock de munition en contact direct avec le réseau karstique. La pollution consta- Zoom Train, camions, wagonnets A vec 130 m de profondeur, le gouffre de Jardel a été le réceptacle dʼobus dont on nʼavait plus lʼusage ou qui étaient défectueux. Après avoir été ache- minés par train jusquʼà la gare de Pontarlier, puis par camions et par wagonnets sur une voie étroite “Decauville”, ces obus y ont été déversés en 1923. Les premières conséquences de ce déversement ont été tirées de la visi- te du gouffre par des spéléologues en 1972. Un arrêté municipal en a interdit lʼaccès à cette date. Dʼautres explorations ont ensuite été effec- tuées en 1978, 1995 et 2005.

tée sur la Loue au printemps 2010 avait réveillé les inquiétudes sur l’incidence ou pas du gouffre, d’où la programmation d’une nouvelle visite effectuée l’automne dernier par les démineurs de la direction civile avec l’assistance du comité départemental de spéléologie du Doubs. Ce dépôt de munition déversé à Jar- del en 1923 par l’armée française pré- sente-il un risque d’explosion ? S’agit- il d’armes chimiques ? “Il n’y a pas de risques d’explosion car ces obus n’ont pas de système d’amorçage. D’autre part, le stock comprend uniquement des armes conventionnelles, il n’y a pas de munitions à chargement chimique ou toxique. Les obus sont même plus en sécurité au fond du gouffre où

rents modèles d’obus, de leur charge- ment et de leur état de conservation. Jardel contient 17 types de munitions, de 9 calibres différents (65 à 220 mm) et de 14 longueurs différentes. “Il s’agit de munitions devenues obsolètes après 14-18. Beaucoup remontent à la guer- re de 1870” , observe un démineur. L’examen et les prélèvements effec- tués ont mis en évidence la présence de mélinite ou acide picrique dans les culots des obus brisés il y a 87 ans, ce qui confirme la faible solubilité de cet explosif dans l’eau froide et donc une forte dilution au cours des années. Les analyses effectuées sur les prélève- ments d’eau et de sédiments confir- ment qu’il n’y a à ce jour aucune libé- ration d’acide picrique par le stock d’obus de Jardel. Plutôt rassurant pour ceux qui ont à gérer l’épineux dossier de la pollution de la Loue. D’autant plus que les relations sont assez réduites avec Jardel. “La Loue à deux sources : celle que tout le monde connaît et une source secondaire qui apporte 30 % des eaux de la rivière. Sachant que 10 % des eaux de la Loue secondaire passent par Jardel, sa contribution descend finalement à 3 %” , précise l’hydrogéologue qui avait été manda- té pour les prélèvements. La seule incertitude qui reste à lever concerne le volume exact du stock. Cer- taines rumeurs évoquent 73 000 tonnes. Ce qui semble très exagéré vu le dia- mètre du gouffre et la durée de

l’humidité est un facteur positif pour leur conser- vation” , explique Chris- tian Decharrière, le pré- fet de région lors de la présentation du bilan de cette exploration. Eugène Fournier, le pré- curseur de la spéléolo- gie franc-comtoise, avait vu juste en orientant l’armée vers Jardel quand celle-ci l’avait sol- licité pour trouver un lieu de stockage. La mis- sion d’octobre 2010 a per- mis d’avoir une vision plus précise des diffé-

Certaines rumeurs évoquent

73 000 tonnes.

Des obus de 75 mm ont été ouverts. Ils présentaient un bon état de conservation et les analyses ont confirmé la présence de mélinite.

l’opération de déversement organisée sur une semaine entre la gare de Pon- tarlier et Jardel. En l’absence d’archives, il n’existe à ce jour aucun inventaire précis. “On ne sait pas exactement si c’est l’armée ou les industries d’armement qui ont géré l’opération” , ajoute le préfet en précisant que la

masse totale approchait plus vrai- semblablement 3 000 tonnes. La question mérite en tout cas d’être clarifiée et sera au cœur de la pro- chaine mission de 9 jours programmée pendant la seconde quinzaine de sep- tembre 2011. F.C.

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