La Presse Pontissalienne 139 - Mai 2011

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 139 - Mai 2011

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Mitage “Nous nʼavons plus de terrain dispo- nible.” Combien de maires du Haut- Doubs sont désemparés quand on les questionne sur les disponibilités fon- cières de leur territoire ? Ici, dès quʼun lotissement sort de terre, il est littéra- lement pris dʼassaut par les acheteurs désireux de sʼinstaller sur la bande frontalière si généreuse en emplois. Mais à quels prix ? Pécuniaire dʼabord : les élus ont-ils idée, grisés quʼils sont par ce marché florissant, que le prix du foncier dépasse aujourdʼhui large- ment les limites de la décence. 140, 150, voire 160 euros le mètre carré en milieu rural ! Les promoteurs locaux qui suivent en toute logique la loi méca- nique de lʼoffre et de la demande ven- dent sans vergogne leurs parcelles à des tarifs qui dépassent même à cer- tains endroits du Haut-Doubs pontis- saliens les 180 euros du mètre carré. Dicté par le seul pouvoir dʼachat fron- talier, le prix des terrains éjecte immé- diatement la grande majorité des ache- teurs potentiels. Que font les communes ? Elles révisent leur plan local dʼurbanisme, elles lotissent, elle vendent, elle re-révise leur plan, elle relotissent, elles revendent. Et com- me lʼacheteur dʼaujourdʼhui ne rêve que de son lopin individuel, laissant lʼidée du collectif aux grandes villes, on réduit les parcelles à quelques ares seulement, on empile les lots, on gri- gnote aussi sur les terres agricoles et insidieusement on défigure la physio- nomie de ces villages qui de quelques dizaines ou centaines dʼhabitants voient leur population gonflée et leur cachet fondre en proportion. Le mitage auquel on assiste dans le Haut-Doubs - il faut voir certaines communes autour de Pontarlier par exemple - nʼest que le résultat de cette politique urbanistique à la petite semaine qui, au lieu dʼêtre pensée pour plusieurs décennies, sʼimprovise presque au jour le jour, donnant au final une franche impres- sion dʼanarchie. Car en plus de sʼétendre parfois de manière tenta- culaire, les constructions actuelles ne répondent souvent à aucune cohé- rence dʼordre architectural ou patri- monial. Donnant naissance à des lotis- sements sans grâce, quand elles ne dénaturent pas leur environnement naturel. Avant de sʼétendre à tout-va en répondant à des besoins à court terme, les communes devraient dʼabord sʼinquiéter du visage quʼelles finiront par avoir à plus long terme. J ean-François Hauser Éditorial

PONTARLIER

Prise de fonction “Je suis pressée de découvrir

Pontarlier et sa région”

L a Presse Pontissalienne : Pouvez-vous vous présenter Laura Reynaud ? Laura Reynaud : J’ai 52 ans, j’ai trois enfants âgés de 28, 23 et 9 ans. C’est avec le petit dernier que je viens prendre mes fonctions de sous-préfète à Pon- tarlier. À l’origine, je suis magistrate de la Chambre Régionale des Comptes. La dernière région où j’ai exercé cette fonction était la région P.A.C.A. Je l’ai quittée en 2008 pour prendre le poste de sous- préfète à Nérac dans le Lot-et-Garonne avant d’être nommée à Pontarlier. L.P.P. : C’est vous qui avez choisi Pontarlier ou le ministère qui a choisi pour vous ? L.R. : Un sous-préfet est en poste pour deux ou trois Lot-et-Garonne pour le Haut- Doubs dont elle déjà cerné la plupart des grands enjeux. Laura Reynaud est la première femme sous-préfète de Pontarlier. Elle vient de quitter le

sens aucune différence avec mes collègues masculins. L.P.P. : Et de la part d’autres interlo- cuteurs que vous côtoyez au quoti- dien dans votre métier ? L.R. : Sincèrement, je n’ai jamais ressenti un quelconque mépris de la part de mes interlocu- teurs parce que je suis une fem- me. Ce qui intéresse les gens, c’est que le sous-préfet soit capable d’apporter des réponses à leurs problèmes. C’est la fonc- tion qui est importante à leurs yeux, peu importe qu’elle soit occupée par un homme ou une femme. L.P.P. : Le Haut-Doubs est un territoi- re propice à la pratique des activités de pleine nature. Quels sont vos loi- sirs ?

avant de prendre vos fonctions ? L.R. : Non, je le regrette, mais je n’en n’ai pas eu l’occasion compte tenu de la distance. Pontarlier est à 800 kilomètres de Nérac. Je suis pressée de découvrir cette ville et cette région. L.P.P. :Vous étiez-vous déjà imprégné des problématiques du Haut-Doubs avant même d’avoir quitté Nérac ? L.R. : Alors que j’étais encore à Nérac, je suis res- tée en contact permanent avec mon prédécesseur François Valembois qui m’a informé de tous les sujets importants. Cela m’a permis de comprendre ce qui se passait. Je sais d’ores et déjà qu’un cer- tain nombre de grands dossiers m’attendent sur l’arrondissement de Pontarlier comme l’aménagement de la R.N. 57, la couverture du territoire en téléphonie mobile, le développement économique, le tourisme quatre saisons. La qua- lité de l’eau du lac de Saint-Point, la sauvegarde du marais de la Tanche à Morteau, le gouffre de Jardel ou l’implantation d’éoliennes sur le Haut- Doubs, figurent aussi parmi les sujets que j’aurai à traiter. L.P.P. : Vous n’avez donc pas perdu de temps ? L.R. : Il est clair que l’immersion doit être rapide si on veut porter les dossiers. L.P.P. : Y a-t-il des problématiques similaires entre un terri- toire comme le Haut-Doubs et la région de Nérac dans le Lot- et-Garonne ? L.R. : Il y a des problématiques identiques comme celles liées à la ruralité, à la place des services publics en milieu rural, ou à l’urbanisme. On peut parler aussi du tourisme qui est une question cen- trale à Nérac et qui l’est aussi pour le Haut-Doubs. Il y a des similitudes entre ces territoires mais également des spécificités. La question frontaliè- re par exemple est un sujet important à Pontar- lier. Je vais l’étudier plus en détail. Je pense pou- voir apporter un regard neuf sur ces différentes problématiques. L.P.P. : Une femme sous-préfète, c’est encore rare dans une fonction d’État qui semble plutôt réservée aux hommes. Avez- vous déjà rencontré des difficultés à trouver votre place ? L.R. : Non. Le corps préfectoral est très ouvert au contraire. Il donne sa place aux femmes. Je ne

Laura Reynaud a pris ses fonctions le 2 mai à Pontarlier.

L.R. : Quand j’ai annoncé à mes enfants que j’étais mutée à Pontarlier, ils m’ont dit “chouette, on va pouvoir skier” (rires). Pour ma part je ne fais pas de ski. Mais je crois que je vais m’y mettre, ne serait-ce que pour accompagner mes enfants sur les pistes de ski de fond ou de ski de descente. J’ai déjà l’équipement (rires). L.P.P. :Vous connaissez déjà votre agenda pour les prochaines semaines ? L.R. : Mon agenda est chargé jusqu’à la fin du mois de juin. J’ai tenu à maintenir tous les rendez-vous fixés par mon prédécesseur afin d’assurer une continuité de service. Je respecterai les engage- ments qu’il a pris. L.P.P. : On vous décrit comme quelqu’un de terrain. Les élus locaux doivent s’attendre à vous voir dans leur commune ? L.R. : C’est vrai, je suis une personne de terrain qui est rarement dans son bureau. C’est primor- dial pour moi de rencontrer les élus pour connaître le contexte dans lequel ils travaillent et dans lequel je vais travailler. Je conçois mon rôle auprès d’eux et des gens. Propos recueillis par T.C.

ans. J’ai été contacté par le minis- tère de l’Intérieur qui m’a fait des propositions de mutation sur la base de choix que j’avais formulés au préalable. Lorsqu’on m’a proposé Pontarlier, j’ai accepté. J’ai eu trois semaines pour me préparer à ce départ. L.P.P. : Avez-vous des attaches à Pontarlier ou plus largement en Franche-Comté ? L.R. : Non, je n’ai pas d’attaches, ni à Pontarlier, ni en Franche-Comté. Mais j’aime beaucoup la France. Ma fonction me permet de la décou- vrir. Partir à la rencontre d’autres personnes, appréhender d’autres problèmes spécifiques à chaque région, voilà ce qui m’intéresse.

“Chouette, on va pouvoir skier.”

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L.P.P. : Étiez-vous déjà venue à Pontarlier

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