La Presse Pontissalienne 138 - Avril 2011

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 138 - Avril 2011

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EMPLOI Un livre sur la question Job en Suisse : “Ne pas se survendre” Co-auteur du livre “Trouver un job en Suisse”, David Talerman livre les clés pour obtenir et réussir

son entretien de l’autre côté de la frontière. Attention à ne pas être “trop fort en gueule”.

L a Presse Pontissalienne : Pourquoi avoir écrit ce livre alors que l’emploi en Suisse n’a jamais été aussi floris- sant et qu’il semble facile d’y décro- cher un job ? David Talerman : Les manières de recru- ter en France et en Suisse sont com- plètement différentes. Si effectivement on peut avoir l’impression qu’il est plus facile de trouver un emploi en Suisse, il y a également plus de concurrence. Dans nos recherches avec Laurent Schutz, nous nous sommes aperçus qu’il y a peu d’éléments qui font la dif- férence lors d’un entretien. On veut donner des clés pour éviter les erreurs. L.P.P. : Justement, quelles sont-elles ? D.T. : C’est avant tout des erreurs de comportement. En France, l’école nous a appris à sortir du lot. Les Suisses disent que nous sommes forts en gueu- le. Je suis Français mais je me suis “suissisé” et peux vous dire que les Suisses ne recherchent pas ce genre de profil de personnes se mettant en avant. Il faut justement faire profil bas. Ne pas dire “je suis le meilleur vendeur de ma société” mais dire que

L’un des deux auteurs David

vous avez réussi à augmenter de X % le nombre des ventes. Il faut être prag- matique, valoriser ses compétences, non sa personne. L.P.P. : Mais avant de décrocher cet entretien, il faut un bon C.V. D.T. : Oui, il doit d’ailleurs être diffé- rent. En France, on a le culte du diplô- me. En Suisse, il faut plutôt parler de son expérience, ne pas hésiter surtout à donner une liste de collaborateurs qui pourraient parler de vous en don- nant leur numéro de téléphone. Il ne faut en tout cas pas se survendre et

Talerman, spécialiste du recrute- ment en Suisse.

pas la même : les recruteurs suisses y font toujours attention. En Suisse, un employé fait confiance à l’employeur… ce n’est pas toujours le cas chez nous. Le C.V. doit prouver que l’on est “cul- turellement” suisse. À Genève, cela change car de plus en plus de recru- teurs sont des Français. Les métiers qui recrutent le plus demeurent l’horlogerie, le bâtiment, le Medtech (biomédical), les banques. L.P.P. : Ce recrutement n’a-t-il que des effets bénéfiques ? D.T. : Non. On assiste à un dumping salarial dans des métiers comme

senior utilise 4 pages. En revanche, on ne comprendra pas si un junior s’étale sur 4 pages. On peut l’envoyer par mail ou par voie postale. En général, les recruteurs répondent. Même si c’est négatif. L.P.P. : Existe-t-il des métiers réservés aux Suisses ? D.T. : Il ne faut surtout pas cacher sa nationalité. Les métiers de la sécuri- té, police notamment, sont réservés aux Suisses. Au final, on n’en retrou- ve pas tant que cela. La nationalité peut être un frein en raison du choc culturel car la culture du travail n’est

l’hôtellerie ou la restauration. Des entreprises ont recruté des salariés à bas coût en raison de cette ouverture. L.P.P. : Cela est-il possible dans le secteur de l’horlogerie ? D.T. : Je ne pense pas car ce sont des métiers à forte valeur ajoutée. Propos recueillis par E.Ch. Renseignements : “Décrocher un emploi en Suisse”, Laurent Schütz - David Talerman (2ème édition), Gualino extensio éditions. 390 pages. 34 euros.

dire que l’on est bilingue car la proba- bilité que l’on vous interroge en anglais ou en allemand est très forte. Si vous ne l’êtes pas, le recruteur ne sera pas dupe. L.P.P. :Et concernant la taille du C.V. ? D.T. : Il peut aller de 1 à 4 pages. On peut comprendre qu’un

“Les métiers de la sécurité réservés aux Suisse.”

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