La Presse Pontissalienne 138 - Avril 2011

ÉCONOMIE

La Presse Pontissalienne n° 138 - Avril 2011

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INDUSTRIE

Après le conflit social

Armstrong : “La reprise est progressive et lente”

Le marché du plafond suspendu minéral a été touché de plein fouet par la crise. Après le mouvement social du début d’année, l’usine de Pontarlier a amorcé sa réorganisa- tion et poursuit ses investissements, en espérant le retour des éclaircies. Le point avec André Boisier, le directeur du site.

L a Presse Pontissalienne : Qu’est- ce qui a justifié la réorganisation du travail amorcée en début d’année et qui a valu à Armstrong le mouvement social de fin jan- vier ? André Boisier : La demande en pla- fonds suspendus a chuté de 25 % par rapport à 2008. Cette chute a démarré après le premier trimestre 2008, s’est poursuivie tout au long de l’année 2009 et en 2010, ce qui nous a obligés à réduire la voilure d’une équipe complète de 15 per- sonnes. En 2010, on fonctionnait en cinq équipes mais avec ce fonction- nement, nous n’utilisions que 75 % de la capacité totale de production. Nous sommes passés à quatre équipes en 2011, ce qui a provoqué ce mouvement social. L.P.P. : Un plan social a concerné une ving- taine de personnes. Y a-t-il eu des licen- ciements secs ? A.B. : Aucun sur la partie usine. 7 personnes n’avaient pas été rem- placées et pour le reste, tous les départs ont été faits sur la base du volontariat. Les 8 personnes res- tantes, sur les 15 de la partie usi- ne, ont eu une solution, trois d’entre elles ont même créé une entrepri- se. Il restait 12 personnes concer- nées sur le service “gestion de com- mandes”. Hélas pour elles, à l’exception d’une, il n’y a pas eu de solution, l’antenne de reclassement est activée pour ces 11 personnes que nous avons dû licencier. L.P.P. : Le mouvement social s’est arrêté début février. Quel compromis avez-vous trouvé ? A.B. : Ce que je retiens du dialogue

engagé avec les syn- dicats, c’est qu’une solution a été trouvée qui convient à l’ensemble des inter- venants. Les trois syndicats ont signé l’avenant. L’idée des salariés était d’obtenir une meilleure com- pensation de la péni- bilité avec des jours de repos supplémen- taires, et pour nous de ne pas baisser notre compétitivité.

André Boisier est directeur du site Armstrong à

Pontarlier depuis le début de l’année 2010.

“Nous avons trouvé un compromis acceptable.”

toutefois que sur certains marchés plus occasionnels comme la Russie, il y a eu une reprise. L.P.P. : Malgré l’image “négative” renvoyée au siège du groupe par ce récent conflit social, le groupe Armstrong continuera-t- il toujours à miser sur l’usine de Pontar- lier ? A.B. : Sur les cinq dernières années, les investissements du groupe sur le site de Pontarlier varient de 1,3 à 1,7million d’euros par an. En 2010, le groupe a investi 1,7 million alors que le site perdait de l’argent à cau- se des frais de réor- ganisation. Cette année, le plan d’investissement

dans celle de fabrication des plafonds ? A.B. : Nous avons notamment le pro- jet de développer une unité de lai- ne plus thermique pour aller sur de nouveaux créneaux. Les premiers essais sont très encourageants.Mais les 2 millions d’investissements pré- vus concernent aussi bien des équi- pements machines pour la produc- tion de laine que pour la production de plafonds. Un autre élément en cours de gestation est la conception d’une chaîne de lamination pour de nouveaux plafonds. L.P.P. : Peut-on donc espérer objectivement la reprise ? A.B. : La reprise est progressive et lente. En 2009, nous étions au fond du trou. En 2010, nous n’avons pas bougé du trou. Il n’y a pas de visi- bilité pour se permettre d’être opti- miste à court terme, mais je ne pen- se pas qu’on tombera plus bas. La condition essentielle pour rebondir, c’est qu’on continue à être attentif aux évolutions de notre marché et qu’on continue à maîtriser nos coûts de production. Propos recueillis par J.-F.H.

Objectif zéro accident L’usine Armstrong de Pontarlier est passée d’une cinquantaine d’accidents par an à deux accidents en 2010. I ci, le M. Sécurité, c’est Daniel Pacquelet. Il consigne tout, les moindres gestes ou pas de travers, et à chaque question il doit appor- ter des réponses pour que dans cette immen- se usine répartie sur 11 hectares, il ne sur- vienne plus d’accidents, en tout cas le moins possible. De la pendule tombée sur la tête d’un ouvrier qui passe une porte au doigt coupé, les accidents peuvent revêtir toutes les formes. Avec un rigoureux travail engagé sur ce thè- me-là, l’usine Armstrong a divisé le nombre d’accidents du travail par 25 en une vingtaine d’années. “On étudie les accidents, mais égale- ment les “presque accidents”. L’idée est de trou- ver les solutions à mettre en œuvre avant qu’il y ait un pépin” résume Daniel Pacquelet. Depuis la fin de l’année 2003, pas moins de 4 000 actions ont été engagées par le M. Sécurité, concernant les équipements, les procédures à suivre, les postures de travail, la formation, etc.Armstrong investit par exemple cette année 250 000 euros pour déshumidifier l’air dans son unité de pro- duction de plafonds. Le taux de fréquence des accidents (nombre d’accidents par millions d’heures travaillées) est tombé à 7,2 (il est par exemple de 48,1 dans le B.T.P. et de 22,5 dans la métallurgie). Quant au taux de gravité (nombre de journées perdues pour 1 000 heures travaillées), il atteint l’étiage de 0,2 chez Arm- strong. C’est beaucoup moins que dans le B.T.P. (2,8) et c’est même moins que dans le secteur des banques et assurances ! La chasse au gaspi est également lancée. Arm- strong est le plus gros consommateur de gaz de toute la ville de Pontarlier. Grâce à des petites améliorations du processus de séchage par exemple, la consommation de gaz a déjà dimi- nué de 9 % entre 2007 et 2010. Même chose pour la consommation d’eau qui a baissé de 10 % entre 2007 et cette année.

Le mouvement a duré une semai- ne, ça fait partie de la vie d’une entreprise. Nous avons trouvé un compromis acceptable. Nous avons retrouvé la sérénité pour travailler sur les projets d’avenir. La seule chose négative que l’on peut déplo- rer, c’est l’image négative que ren- voie la société au sein du groupe Armstrong à cause de ce genre de conflits. L.P.P. : Sur le plan de l’activité, sentez-vous un redressement de la conjoncture ? A.B. : L’année 2010 a été exactement au même niveau que 2009, c’est-à- dire à - 30 %. Il n’y a pas eu de repri- se de nos marchés traditionnels que sont la France, l’Italie, l’Espagne et l’Europe centrale du Sud. Cette année, grâce à notre réorganisation, nous arrivons à un taux d’utilisation du site de 95 %. Tout l’enjeu était donc d’ajuster notre capacité de pro- duction à la demande, en attendant que la demande reparte à la haus- se. Aujourd’hui, la demande que l’on doit servir depuis ce site est en pha- se avec la capacité de ce site.À noter

“Je ne pense pas qu’on tombera plus bas.”

d’Armstrong Pontar- lier est de 2 millions d’euros. Je pense que c’est la meilleure réponse concernant la pérennité de ce site. L.P.P. :Avez-vous des pro- jets de nouveaux produits, tant que pour votre unité de fabrication de laine que

Sur le site de production de laine. Pontarlier est le seul site du groupe Armstrong à produire la laine qui entre dans la composition des plafonds suspendus.

Daniel Pacquelet est le M. Sécurité de chez Armstrong.

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