La Presse Pontissalienne 138 - Avril 2011
L’INTERVIEW DU MOIS
La Presse Pontissalienne n° 138 - Avril 2011
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Du vent On voudrait sans doute nous faire croi- re que le sous-sol du Haut-Doubs regorge de pétrole ou de gaz, quʼil serait un nouvel eldorado pour les chercheurs dʼor noir. On a déjà par le passé tenté de creuser le sol du Haut- Doubs à la recherche dʼhypothétiques nappes dʼhydrocarbures et tous ces forages se sont révélés vains. Près dʼun siècle plus tard et avec des tech- niques qui ont bien évolué, lʼespoir renaît de voir jaillir du sol karstique des barils de brut. Si défendables soient ces investigations, malgré la manipulation médiatique orchestrée par les Verts qui ont tenté de faire croi- re à une catastrophe écologique, à qui profite le crime ? Ni aux habitants des zones concernés, ni même aux collectivités locales qui croient tirer parti à long terme de lʼexploitation de leur territoire. Que ce soit dans cette étonnante affaire de forage que nous évoquons sur deux pages, que sur la question des éoliennes qui fait une fois encore lʼactualité du Haut-Doubs, les vraies questions à se poser concer- nent les véritables bénéficiaires de ces investigations, quʼelles soient sou- terraines ou liées au vent. Avec toutes les incitations et le tapage fait autour des éoliennes et un méticuleux plan éolien régional toujours en prépara- tion, le sol franc-comtois ne compte à ce jour quʼun parc éolien, celui du Lomont. Lancé par une entreprise fran- çaise, il a ensuite été vendu à une société anglaise avant dʼêtre à nou- veau cédé à un fumeux fonds de pen- sion australien qui nʼa évidemment que faire des supposées énergies alternatives pour la Franche-Comté et encore moins de lʼimpact paysager de ces grandes pales et de leurs socles en béton. On lʼaura compris, ces actuels débats autour des énergies de sub- stitution dites durables ne sont sou- vent en fait quʼune affaire de gros sous. Car pour les sociétés privées qui sont sur ce créneau, le vent se transfor- me vite en or : chaque éolienne garan- tit à son promoteur un revenu annuel de près de 400 000 euros. A un peu plus dʼ1 million dʼeuros le coût dʼinstallation, lʼappareil est amorti en à peine quatre ans. La rentabilité est maximale pour les sociétés qui ont compris lʼintérêt de ce juteux créneau. Mais pour les collectivités locales et les riverains, les promesses liées à ces nouvelles énergies ne sont sou- vent que du vent. J ean-François Hauser Éditorial
TRANSPORTS
Vers un no man’s land ferroviaire ? “On se moque du monde” Jusqu’en 2014, les liaisons T.G.V. Paris-Lausanne sont confirmées. Et après ? François Jeannin reste mobilisé, lui qui a révélé au grand jour la volonté de Lyria de réduire le nombre de trajets. Il se méfie des récupérations politiques.
L a Presse Pontissalienne : L’étude de Lyria prévoyant de ne faire passer plus que deux T.G.V. Paris-Lausanne par la Franche-Comté au lieu de quatre a suscité la colère des usagers. Peut-on imaginer une fermeture de cette ligne à l’avenir ? François Jeannin (président de la Fédération régionale d’associations d’usagers des transports) : Jusqu’en 2014, il n’y a rien à craindre, les trajets seront assurés. Mais si Lyria retire ses deux trains en milieu de journée, personne ne nous fera croire que de l’argent sera investi sur cette ligne à l’avenir. Si on perd ces deux lignes, c’est la fin assurée de la liaison ! Moi, j’ai aiguillé des trains passant à Pontarlier qui s’appelaient “l’Orient-Express”. Ce n’est pas la pré- histoire ! Or, dire aujourd’hui que l’on va offrir des malheureux Train express régionaux aux gens du Haut-Doubs et aux Suisses, c’est semoquer dumon- de. L.P.P. : Racontez-nous comment vous avez levé le lièvre en dénonçant ce projet de Lyria de supprimer deux trajets vers Paris. Ce fut assez rocambolesque… F.J. : Cela s’est passé lors d’une une conférence de presse du groupe franco-suisse Lyria qui annonce réfléchir à l’organisation de nouvelles dessertes. Le communiqué ne dit que ça. L.P.P. : Puis arrive une fameuse lettre venue enrayer la machi- ne… F.J. : Oui, une feuille est tombée par inadvertance dans le dossier de presse où l’on apprend que Lyria va créer des liaisons vers Genève au détriment de Lausannne. Cela veut dire la fin annoncée de la ligne T.G.V. Paris-Lausanne. Nous avons levé le lièvre et alerté ensuite les médias. L.P.P. : Les politiques du Haut-Doubs sont montés au créneau. Une réunion extraordinaire à la Région Franche-Comté a per- mis de lever certains doutes. Néanmoins,vous demeurez amer et inquiet. F.J. : Je suis inquiet pour le Haut-Doubs et Pontar- lier car personne,ni au gouvernement,ni à laS.N.C.F. ne s’est engagé de façon claire pour la survie de cet- te ligne.C’est vital. Il faudrait avoir lesmêmes enga- gements que ceux donnés par Louis Gallois (alors président de la S.N.C.F.).À l’époque, il avait promis que la desserte de la gare Besançon-Viotte serait toujours assurée. Nous avons pu nous appuyer sur ses promesses et pu préserver cette desserte. Or, ni Guillaume Pépy ni Thierry Mariani n’ont pris cet engagement pour le Paris-Lausanne. L.P.P. : Pourquoi n’avez-vous pas été convié à la réunion de concertation au Conseil régional de Franche-Comté en présence de M. Barbey, directeur général de Lyria (consortium ferroviai- re franco-suisse détenu à 76 % par la S.N.C.F.), des maires de Pontarlier, Frasne, Mouchard et Dole, des représentants des cantons de Vaud et de Neuchâtel, et du directeur régional de la S.N.C.F. ? Y a-t-il une récupération politique de votre combat ? F.J. : On ne sait pas pourquoi la F.N.A.U.T. n’a pas été invitée. Avant l’audience ministérielle (Fran-
François Jeannin, le défenseur des liaisons ferroviaires dans le Haut-Doubs et la région.
Quand le maire de Morteau (Annie Genevard) va proposer la réalisation d’un projet fou avec l’électrification de la ligne des frontaliers avec l’aide des Suisses, on va la soutenir. L.P.P. :Parlons de nos amis suisses. Ils doivent se sentir trahis ? F.J. : Ils ont mis de l’argent sur cette ligne (Paris- Lausanne) et on commençait seulement depuis six mois à voir les effets positifs.On sait que les Suisses veulent aller le plus vite possible à Paris et surtout, ils ont pour tradition de s’arrêter dans les gares, chose que nous, en France, on ne sait pas faire ! L.P.P. :Malgré toutes les interrogations,votre fédération a décer- né le ticket vert récompensant la mise en place du Colibri Ber- ne-Neuchâtel-Pontarlier-Frasne aux élus et surtout à la S.N.C.F. et C.F.F. Vous ne regrettez pas ? F.J. : Non. Si j’ai tenu à les décorer, c’est parce que le Colibri est une réussite historique. Cela prouve également que nous travaillons avec la multiplici- té des étiquettes politiques. Espérons de ne pas devoir offrir le ticket rouge l’année prochaine pour la fermeture d’une ligne. Propos recueillis par E.Ch.
çois Jeannin a été reçu par le secré- taire d’État aux transports Thier- ry Mariani), seuls quatre élus s’étaient spontanément proposés à une démarche conjointe avec nous : les maires de Frasne et Pontarlier, le président du Conseil général du Doubs et la députée de Besançon Françoise Branget. La Région n’est venue qu’après… et a envoyé un courrier sans nous tenir au cou- rant. C’est dommage. L.P.P. :Pas de récupération politique donc ? F.J. : Je réfute toute exploitation poli- tique. C’est vrai que la F.N.A.U.T. est bien vue dans le Haut-Doubs car nous avons mis en échec une stratégiede fermeture.Nous sommes très régionalistes.Notre travail est de faire de l’aménagement du ter- ritoire et nous nous battons pour.
“Le ticket rouge l’année prochaine ?”
Zoom Un bus contre un T.E.R. La Région Franche-Comté annonce la suppression dʼun train express régional (T.E.R.) de correspon- dance avec le T.G.V. Ce train, cʼest celui de 5 heures du matin permettant une correspondance avec Dole et le T.G.V. pour une arrivée à 8 h 27 à Paris. Rai- sons invoquées : le coût (environ 745 000 euros) à lʼannée, la mise en place du cadencement, et le faible nombre de personnes qui lʼemprunteraient. En remplacement de ce T.E.R., la Région propose aux utilisateurs un bus qui relierait Pontarlier à la future gare T.G.V. Besançon dʼAuxon pour une arri- vée avant 9 heures dans la capitale.
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