La Presse Pontissalienne 136 - Février 2011

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 136 - Février 2011

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PONTARLIER

Joueur, entraîneur, dirigeant

Philippe Barbezat, une certaine idée du rugby Aussi conservateur qu’avant-gardiste, celui que tous surnomment “Tètè” occupe une place à part au C.A.P. rugby, son club de toujours. Des principes, des valeurs mais toujours l’amour du maillot.

L e mental de l’ancien centre qui a évolué pendant 22 ans dans l’équipe fanion du C.A.P. est plutôt contrasté en ce début d’année. Il s’éclate toujours autant avec l’équipe féminine qu’il entraîne depuis 2001. C’est un peu moins vrai au sein du comi- té puisqu’il a démissionné à Noël de son poste de directeur technique. “Je me suis mis volon- tairement en retrait car je ne partage pas la manière de travailler du président Jean-Louis Gagelin, sans critiquer ses qualités en extra-spor- tif. Mais je ne me retrouve plus dans la dyna- mique sportive. Il manque pour l’instant cette petite étincelle indispensable pour vibrer dans ce sport, explique “Tètè”. Sans cette étincelle, l’avenir du rugby à notre niveau me semble bien compromis.” Histoire d’enfoncer le clou, il est aussi en froid avec le comité régional qui n’a pas renouvelé sa

avec les dirigeants, Philippe Barbezat n’a pas pour autant quitté son club. Pour rien au mon- de, il ne se priverait d’ailleurs de l’ambiance des matches avec l’équipe première qu’il accompagne toujours. “C’est ma soupape de sécurité. Sur le plan sportif, je pense qu’on va se maintenir en Fédérale 2. Notre place est à ce niveau et pas en dessous.” Le C.A.P. chez “Tètè,” c’est un peu comme une seconde famille qui l’a adopté en 1964 alors qu’il avait tout juste 9 ans. Ce qui signifie aussi qu’il pourrait d’ailleurs y célébrer son cinquantenai- re d’ici 3 ans. Le gamin se révèle plutôt doué avec un ballon, qu’il soit rond ou ovale. En 1973, il honore sa première sélection en première au poste de n° 10. Fou de sport, il défend même pen- dant deux saisons à la fois les couleurs du foot et du rugby pontissalien. Sa préférence ira fina- lement à l’ovalie où il fera preuve d’une belle longévité en restant dans l’attaque des “jaune et bleu” jusqu’en 1995. “J’ai été épargné par les blessures. J’ai vécu de très bons moments. On était d’abord des copains et on avait des prési- dents comme le docteur Baud, Robert Magnenet ou Robbi Laborier pour qui on était prêt à faire des miracles” , se souvient ce sportif accompli qui pratique aussi le ski, le V.T.T. et autres réjouis- sances de plein air du Haut-Doubs. Côté travail, ce papa de trois filles a trouvé son bonheur dans le bâtiment. Après avoir fait ses gammes chez Magnenet, il a monté ensuite en 1996 l’agence pontissalienne des Maisons Patrick Barbier en s’associant avec Stéphane Barbier. Il gère aussi “Ovale Immo”, une société de pro- motion-marchand de biens. Alors qu’on pourrait le croire conservateur, vieux jeu, il sait aussi sur- prendre son monde en relevant des challenges peu conventionnels. En 2001, quelques filles manifestent l’envie de monter une équipe de rugby à Pontarlier. En quête d’un entraîneur, elles n’hésitent pas à le solliciter. Bingo. “On s’est lancé dans l’aventure

licence d’entraîneur suite à quelques “emportements” qui n’ont plus lieu d’être dans le rugby d’aujourd’hui. “Si on ne peut plus se dire les mots, ce n’est plus le rugby que j’ai connu. Je souhaite sincèrement que cet état d’esprit règne à nouveau au sein de la direction du club.” S’il admet ses erreurs, il ne com- prend pas la gravité de la sanc- tion qu’il juge disproportionnée par rapport aux faits reprochés. “Le rugby a évolué. Les règles sont beaucoup plus strictes. C’est parfois dommage même si je trouve aussi normal de limiter les brutalités.” Fini le temps des marrons chauds et autres pra- lines dont on se remettait ensui- te autour d’une bonne bière. Et on n’en parlait plus. S’il a pris quelques distances

Il manque cette petite étincelle.

À 56 ans, Philippe Barbezat alias “Tètè” garde intact son attachement au C.A.P. rug- by, du moins sur le plan sportif et vis-à-vis des joueurs.

avec Stéphane Carboni et Camille Saillard.” Après une année d’initiation, l’équipe dispute sa première saison en Fédérale 3. Elle a décro- ché l’an dernier son ticket au niveau supérieur. “On fonctionne en entente avec Besançon, Saint- Claude et Morez. Cela peut surprendre si l’on songe aux rivalités sportives qui existent entre ces clubs. Cela nous évite en tout cas d’être confron- tés à des soucis d’effectifs même si cela complique aussi l’organisation des entraînements.” Les commentaires un rienmisogynes de quelques- uns se sont vite effacés au fur et à mesure des résultats. L’expérience s’avère extrêmement posi- tive pour Philippe Barbezat. “C’est toujours agréable pour un entraîneur d’avoir des éléments à l’écoute et qui ont une belle envie de progres- ser. Cela va un peu moins vite que chez les gar- çons mais elles n’ont rien à leur envier sur le plan de la combativité et de l’amour du maillot.” Même s’il ne vise pas le titre de champion du monde, l’entraîneur des filles envisage sereine- ment une possible montée en Fédérale 1 dans les trois ans à venir. Philippe Barbezat prend toujours autant de plaisir à transmettre sa pas- sion malgré ses soucis avec les instances régio- nales du rugby. “Cela m’a écorché mais je ne suis pas du tout aigri.” Plus sensible qu’il n’y paraît, l’entraîneur n’hésite pas non plus à rendre hom- mage à son épouse. “J’ai la chance d’avoir une femme en or” dit-il. F.C.

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