La Presse Pontissalienne 136 - Février 2011

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La Presse Pontissalienne n° 136 - Février 2011

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LA BRÉVINE Une découverte inattendue Du bois de harpe dans la forêt des Cottards Heureuse surprise que celle réservée aux propriétaires de l’alpage des Cottards qui s’avère propice aux bois de résonance. Une première dans la vallée de La Brévine.

L e hasard fait plutôt bien les choses en focalisant l’attention sur ce regroupe- ment familial, ou hoirie, très attaché à la gestion de son bien en forêt jardinée. Situé à 1 125 m d’altitude au sud-est du

village de la Brévine, cette propriété sylvo-pastorale comprend 38,18 hectares de forêt. “Le service archéo- logique de Neuchâtel est venu l’été dernier effectuer un carottage dans la charpente de la ferme. On les a sollicités pour confirmer la date de

construction de la bâtis- se qui remonterait à 1727 comme cela est mention- né au-dessus de la por- te” , indique Bernard Lavarini qui partage ce domaine avec la famille Arnoux. Simple vérification donc.

grumes abattues, il a identifié à l’œil 4 billes qui présentaient les facteurs favorables. L’examen visuel consistait à observer l’épaisseur et la régularité des cernes. Les arbres sélectionnés avaient plus de 171 ans. Ils mesuraient 55 cm de dia- mètre à 1,30 m de haut. Des épi- céas à croissance particulièrement lente et tout particulièrement en hiver. Pour accéder à cette prestigieuse appellation d’arbre de résonance, il faut remplir 16 critères : 3 sont déterminés à l’abattage et les 13 autres lors du sciage. Les quatre billes des Cottards ont passé avec brio tous les obstacles. “On a ensui- te fait appel au luthier Bernard Michaud et à l’ingénieur forestier Philippe Donot pour valider ces résultats.” Chercheur de profession, Bernard Lavarini tenait à avoir toutes les

preuves. L’utilisation du bois de résonance varie en fonction des essences et des dimensions. Les parties exploitables des arbres des Cottards s’avéraient trop petites pour en faire des violoncelles ou des guitares. Les propriétaires de l’hoirie ont pris contact avec Gérard David le fabricant de harpes de Sainte-Croix. Les résineux ont été débités en planchettes de 17 mm d’épaisseur, 20 cm de large et 10 m de long. Après séchage, elles seront ajustées aux dimensions des tables d’harmonie des harpes. Le bois de résonance vaut 10 fois plus cher que le bois de menuiserie. “Sur 1 000 arbres, 1 seul correspond aux critères” , modère André Arnoux, persuadé qu’il existe d’autres mas- sifs forestiers jurassiens comme dans le Risoux par exemple qui abritent des bois de résonance. F.C.

Tout est parti de la datation de la charpente de la ferme construite en 1727.

Le prélèvement a bien confirmé la date en signalant aussi que les poteaux en épicéa analysés présen- taient les caracté- ristiques du bois de lutherie. “Tout lais- se à penser que cet- te charpente a été réalisée avec des arbres coupés sur place” , note André Arnoux. Un expert s’est rendu au domaine des Cot- tards lors d’une cou- pe forestière orga- nisée cet automne. Sur l’ensemble des

“L’examen des cernes permet d’identifier visuellement les bois de résonance qui doivent satisfaire à 16 critères”, précise André

Arnoux, l’un des

propriétaires du domaine des Cottards.

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