La Presse Pontissalienne 136 - Février 2011

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 136 - Février 2011

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AUTOMOBILE Zedel, une firme pontissalienne au destin peu commun “ZL”, prémices des délocalisations Fabriquées jusqu’en 1923 à Pontarlier, les voitures “ZL” étaient connues pour leur robustesse. Deux ingénieurs suisses sont à l’origine de cette aventure automobile. L’usine sera délocalisée à Nanterre.

L’usine de Pontarlier fabriquait dans un premier temps des moteurs pour motos.

Hermann Lüthi, s’installent à Pontarlier entre 1902 et 1903. C’est le début de l’histoire. En premier lieu, les ateliers fabriquent des moteurs de moto- cyclettes. “Le personnel au sein de l’usine était mixte, c’est-à-dire composé de Suisses, lesquels occupaient les postes les plus importants et de Français, plus souvent employés comme ouvriers. Il y a eu quelques ten- sions par rapport à cela” , note Pierre Lidoine. Les débouchés pour “ZL” ne se font pas tarder : leurs moteurs équipent les motos Peugeot et Terrot dont certaines dépassent déjà les 100 km/h malgré un poids énorme. Dans le reste de la France, des cylindres sont envoyés pour équi- per les marques Alcyon et Grif- fon. En Allemagne, la fabrique de voitures N.S.U. choisit Zedel. C’est en 1905 que les premières automobiles flanquées du sigle “ZL” sortent de l’usine compo- sée au départ d’une dizaine de

salariés. De son côté, Hermann Lüthi est renvoyé et remplacé par Samuel Graff, un directeur venu de Suisse. À l’apogée de la firme, 250 voi- tures sont produites à l’année avec autant de salariés. Quant au prix d’un modèle, il pouvait varier de 20 000 à 30 000 francs après-guerre. Deux temps forts donnent à la marque ses lettres de noblesse : la médaille d’or obtenue à l’exposition de Turin en 1911 offrant un débouché vers la clientèle italienne et cet- te participation en 1914 auTour de France automobile. À la sortie de la guerre, lemoteur “ZL” ne tourne plus à plein régi- me. La faute à une économie pontissalienne morose. La vil- le vient de perdre la production d’absinthe, le train ne passe plus à Pontarlier. C’est à ce moment précis, en 1923, qu’intervient Jérôme Donnet (1885-1953), riche industriel helvétique dont la fortune a grandi grâce à la

construction d’avions durant la première guerre mondiale. Il achète et reprend l’entreprise… pour la délocaliser à Nanterre dans les locaux de l’usine auto- mobile “Vinot-Deguingard”. Il va totalement la reconstrui- re pour en faire une usine ultra- moderne. “Ce n’était ni plus ni moins qu’un transfert de tech- nologie” commente Pierre Lidoi- ne. En 1929, quelquesmois avant le krach boursier, le site de Pon- tarlier ferme ses portes. “La seu- le interrogation reste dans le transfert d’ouvriers : on ignore si certains ont choisi de quitter Pontarlier pour travailler à Nan- terre” confie l’historien. Quant à l’usine de Nanterre, elle fera faillite avant d’être reprise par la société Simca. Entre Pontarlier et la l’industrie automobile, l’idylle aura duré quelques années seulement. Heureusement, les archives rap- pellent ce glorieux passé. E.Ch.

Un dessin de Pierre Lidoine représentant une Donnet-Zedel préparée pour la course (7 CV, 1 100 cm 3 ).

S elon Pierre Lidoine, spé- cialiste de l’histoire des anciennes automobiles, les voitures “ZL” étaient les plus robustes de leur génération. Elles avaient d’ailleurs rem- porté le Tour de France auto- mobile en 1914 avec 5 000 km parcourus sans aucune panne ! Toutes ont été fabriquées et assemblées à Pontarlier mais l’origine de cette saga est suis- se. “Elles étaient incassables car les pentes du Larmont servaient de piste d’essai. Les machines étaient mises à rude épreuve, les moteurs étaient même attachés à des sapins et les ingénieurs faisaient patiner les roues pour s’assurer de la fiabilité” préci- se Pierre Lidoine qui est le seul à posséder des maquettes de ces

autos. Avec Jean-Claude Fichet, pré- sident du club Besançon autos miniatures et Raymond Dor- nier, ces amoureux de voitures anciennes ont retracé cette épo- pée qui aura duré plus de 20 ans dans un ouvrage qui n’a jamais été publié faute d’éditeur intéressé. Pour La Presse Pon- tissalienne, ces amoureux de vieilles mécaniques ont bien voulu rouvrir la boîte à souve- nirs. L’aventure Zedel débute à Saint- Aubin, dans le canton de Neu- châtel à la fin du XIX ème siècle dans une entreprise de fabri- cation de moteurs. Pour contour- ner des droits de douane exor- bitants, deux ingénieurs suisses, Ernest Zürcher (1865-1935) et

Polémique Pourquoi l’appeler rue “Donnet-Zedel” ? Pour les puristes de lʼhistoire pontissalienne, le fait dʼavoir baptisé une rue “Donnet-Zedel” est une erreur, sinon un non- sens. Il aurait tout simplement fallu la nommer Zedel. Jérôme Donnet est en effet celui qui a vidé Pontarlier de son activité économique et de ses cerveaux en transférant les technologies du Haut-Doubs à Nanterre.

Une maquette de ZL unique.

L’usine pontis-

salienne où les moteurs étaient fabriqués.

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