La Presse Pontissalienne 135 - Janvier 2011

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 135 - Janvier 2011

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Le passage à l’accueil de jour fait partie des incontournables de la tournée quotidienne. Le temps, là aussi de discuter avec les accueillis et les accueillants.

PONTARLIER Jusqu’au 31 mars La Maraude à l’écoute des S.D.F. Le dispositif de veille mobile effectue sa seconde campagne hivernale dans la cité pontissalienne. Froid dehors, chaud dans les cœurs. Reportage.

L’ expérience initiée l’an der- nier a donc été reconduite à partir du 2 novembre avec un nouveau binôme. Cet hiver, c’est Didier et Julie qui assu- rent ensemble cettemission de veille. Aucun des deux n’est Pontissalien. Didier a déjà une certaine expé- rience professionnelle dans le mon- de de l’insertion. Julie a une for- mation de conseillère en économie sociale et familiale. Des profils com- plémentaires. L’un comme l’autre n’ont jamais tra- vaillé avec les S.D.F. “C’est beau- coup plus qu’une activité profes- sionnelle, une vraie expérience humaine” , confie Didier qui n’a pas mis longtemps à trouver ses marques. On prend vite ses repères dans la nuit pontissalienne, surtout quand le rayon d’action se concentre au centre-ville. La Maraude est rat- tachée au C.C.A.S. où les deux “veilleurs” se retrouvent tous les soirs du mardi au samedi à partir de 16 h 30. La journée de travail débute par un petit briefing avec les travailleurs sociaux. Histoire de faire remonter toute information utile ou d’en trans- mettre à qui de droit. Intervenant avant tout dans un cadre relation- nel, la Maraude noue un contact privilégié avec les S.D.F. Sous réser- ve bien entendu que les Maraudeurs fassent bien leur boulot. Nul besoin d’être climatologue pour évaluer les rigueurs de l’hiver dans le Haut-Doubs.Même un baroudeur endurci ne se risquerait pas à pas- ser une nuit à la belle étoile. “On doit d’abord veiller à ce qu’aucun S.D.F. ne reste dehors” , confie Didier en revêtant sa chasuble fluo avant de prendre le sac à dos contenant de quoi offrir quelques boissons chaudes. La tournée débute à pied. Direction centre-ville, détour par la salle d’attente de la gare puis celle de l’hôpital. Dans une ville comme Pon- tarlier, les coins chauds sont connus. Il est rare de ne pas y croiser des S.D.F venus se réchauffer avant d’aller prendre leur repas à l’accueil de jour ou de rejoindre plus tard l’un des deux abris de nuit. Le dis- positif hivernal met 16 lits à leur disposition. Bruno apprécie tout particulière- ment l’hôpital. Ce jeune S.D.F. vient expressément de Toulouse prendre ses quartiers d’hiver à Pontarlier. “Ici, les gens sont plus proches et amicaux que dans une grande vil- le” , explique-t-il. Moins de violence et de tension. Didier et Julie, qui connaissent déjà bien les habitudes de chacun, lui proposent rapide- ment un bol de soupe. Bruno rechigne en effet à prendre ses repas à l’accueil de jour. Il sait aussi se montrer res- pectueux des lieux et des gens sans quoi il ne pourrait profiter de cette sécurité qu’il recherche dans la capi- tale du Haut-Doubs. La Maraude poursuit son chemin. Cap sur l’accueil de jour situé rue

Montrieux dans les locaux de l’association Travail et Vie. “On y va généralement après le repas” , indique Julie. Ils sont une quinzai- ne en moyenne à venir se restau- rer ici matin, midi et soir. Pontar- lier compte une dizaine de S.D.F. sédentaires. Les autres sont de pas- sage. Sans vouloir s’imposer, les veilleurs s’attablent, le temps de discuter le bout de gras avec les per- sonnes présentes. Il faut du temps

ses trois chiens. “Com- me les animaux ne sont pas acceptés à l’abri de nuit, c’est toujours pro- blématique.” Heureu- sement, le jeune en

Les S.D.F. pontissaliens fréquentent régulièrement l’une des salles d’attente de l’hôpital. Chaque rencontre avec les veilleurs de la Maraude donne lieu à une petite conversation beaucoup plus instructive qu’il n’y paraît.

question est accompagné par un copain qui accepte de l’héberger pour la nuit. Demain est un autre jour. Après le repas, Didier et Julie se déplacent en voiture.Avec les salles d’attente, ils ajoutent aussi la visi- te des toilettes publiques et autres abris potentiels où il ne ferait pas bon dormir en hiver. À la gare, le binôme rencontre Christophe. Cet autre S.D.F. est tranquillement assis à la salle d’attente. Lui aussi accep- te le bol de soupe qui va bien. Bien qu’il soit en état de se déplacer, il tente d’amadouer les deux veilleurs pour un transport motorisé jusqu’à l’abri de nuit. “Cela peut nous arri- ver de faire le taxi mais seulement en situation d’urgence. Dans lamesu- re du possible, on évite. On essaie aussi de les motiver, de les dynami- ser. Certains réussissent parfois à surmonter des accidents de la vie. Pour d’autres, c’est beaucoup plus compliquer” , conclut Didier. F.C.

avant d’établir une vraie relation de confiance. Didier et Julie communiquent aussi avec le person- nel. L’accueil de jour fer- me à 19 h 45. La pri- se en charge se pour- suit avec l’ouverture au même moment des deux abris de nuit installés au Boule- vard Pasteur et dans la rue de la Paix. La Maraude revient alors au C.C.A.S. pour la pause casse-croû- te. En chemin, elle croise un jeune qui fait la manche avec

Une vraie expérience humaine.

Le binôme travaille du mardi au samedi de 16 h 30 à 22 h 30.

Didier et Julie transportent avec eux de quoi proposer des boissons chaudes aux S.D.F.

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