La Presse Pontissalienne 135 - Janvier 2011

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 135 - Janvier 2011

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LA CLUSE-ET-MIJOUX

La folie du poker

Thierry Chabrand, passion poker

Volontiers joueur et plutôt matheux, Thierry Chabrand a trouvé matière à beaucoup s’amuser dans le poker. Il s’est pris au jeu, sans perdre la tête. S on rêve : décrocher une participation au tournoi de Las Vegas où se retrouvent chaque année les meilleurs joueurs de la planète. Plus que l’appât du gain, c’est davantage l’envie de côtoyer ce qui se fait de mieux dans ce jeu qui anime Thierry Chabrand. Il a déjà eu l’occasion d’en grignoter quelques miettes en septembre dernier en se qualifiant au Partouche Poker Tour, le plus grand tournoi de poker en Europe. “J’ai vraiment eu l’impression de débarquer sur une autre planète. Comme si un footballeur amateur se retrouvait en face de Zidane, se rémémore Thierry Chabrand qui a terminé 220 ème sur les 780 participants. J’étais assez déboussolé. Il faut un certain temps pour s’en remettre. Depuis cette expérience, je joue dif- féremment notamment sur le net.” Thicha, son nom de joueur en ligne, se débrouille plutôt bien

Le pokerman de La Cluse-et- Mijoux rêve de disputer un jour le championnat du monde de poker à Las Vegas.

surWinamax.fr avec un résultat à 5 chiffres au niveau des gains. Thierry Chabrand est tombé dans la marmite du jeu depuis sa plus tendre enfance.Tout gamin, il dis- putait en famille des parties de bataille et surtout de rami endia- blées. “Il y avait toujours cette notion de rafler un pot.” Tempé- rament de joueur, facilités en maths, esprit d’analyse et de stra- tégie, penchant vers les nouvelles technologies, tout était presque réuni pour qu’il devienne poker- man. Le déclic est venu assez progres- sivement. Comme beaucoup d’amateurs, il suit avec curiosité la montée en puissance du poker. “Le phénomène a commencé en 2005 quand un amateur baptisé Chris Moneymaker a remporté le championnat du Monde. À partir

“Ça reste d’abord un jeu.”

encore partie de cette génération sensible au fac- teur humain dans l’échange, qu’il soit ludique ou familial. “À force de se retrouver seul face l’écran d’ordinateur, on réalise qu’il manque quelque chose dans la partie.” Tout simplement des joueurs en chair et en os. Gagné par la lassitude, il cherche et trouve fina- lement un club entre Pontarlier et Salins. “On dispute surtout des parties explicatives. Une sal- le de poker a ouvert pratiquement à la même période au casino d’Yverdon-les-Bains.” Les joueurs du club avaient donc la possibilité de disputer des parties de poker. Thierry a rebon- di sur l’aubaine pour se tourner vers les tour- nois. “La seule mise, c’est le prix d’entrée du tour- noi. Chacun reçoit donc la même somme. On est sur un pied d’égalité. Dans un tournoi, il n’en reste qu’un. Certains disent que c’est le plus chan- ceux mais je je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce raccourci. Il y a aussi de la stratégie et du bluff . Par rapport au net, le tournoi offre l’opportunité d’appréhender le facteur humain.” Cartes en main, Thierry a l’âme du compétiteur. Il raffole de cette tension propre aux jeux à enjeux. Pas question de tout claquer dans sa passion. “J’ai toujours pris soin de ne pas tomber dans les travers. J’apprécie autant de disputer un grand tournoi que de me retrouver à jouer en famille avec mes deux garçons.” Le pokerman refuse de dépenser plus que de raison. Quand il obtient sa participation à un grand tournoi, c’est toujours via des tournois satellites. Le principe étant de terminer dans les places qualificatives. Jeu de stratégie, le poker demande beaucoup d’investissement en temps. “Un grand joueur a dit qu’il faut 10 minutes pour apprendre les règles et toute une vie pour le maîtriser” , confirme Thier- ry qui ne compte plus les heures passées à com- pulser les magazines spécialisées et les ouvrages de statistiques et d’analyses dédiés au poker. Le joueur de La Cluse sait qu’il lui reste encore une belle marge de manœuvre. “Je ne suis pas encore allé assez loin dans un grand tournoi pour sentir, par exemple, la pression de la victoire.” Pour autant, il s’estime relativement satisfait de son parcours. “Aujourd’hui, j’ai déjà gagné ma place pour le championnat de France. En jan- vier, je participerai au tournoi qualificatif du groupe Partouche.” De quoi faire pour celui qui aimerait bien un jour être au niveau d’Elky ou d’Anthony Lelouch. “C’est à mon avis les meilleurs joueurs français de poker” dit-il. F.C.

de là s’est développée la démocratisation du rêve américain d‘abord aux États-Unis puis en Fran- ce par le biais de Patrick Bruel.” Thierry Cha- brand estime d’ailleurs que si l’artiste est par- venu à rendre plus accessible le jargon du poker, il a aussi réussi à faire croire que c’était rapide et facile à maîtriser. En habitant à La Cluse-et-Mijoux, Thierry Cha- brand va assez logiquement faire ses gammes sur le net. “C’était le moyen le plus accessible. Je joue uniquement sur les sites spécialisés dans le poker, à savoir Winamax et Pokerstar. Il y a une

grosse communauté francophone sur Winamax, ce qui laisse la possibilité d’aller échanger sur les coups.” Thierry joue en moyenne trois soirs par semaine, parfois plus ou moins selon le tra- vail. Notre pokerman a investi dans l’impression numérique. Il vit de cette activité depuis plu- sieurs années. “Une partie peut durer 6 à 7 heures. Mais ça reste d’abord un jeu. Je n’ai absolument pas envie de devenir un pro même si je rêve de disputer des grands tournois.” S’il apprécie les nouvelles technologies, Thierry Chabrand fait

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