La Presse Pontissalienne 132 - Octobre 2010

LA PAGE DU FRONTALIER

La Presse Pontissalienne n° 132 - Octobre 2010

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TENDANCE

Premiers résultats d’une étude Qui sont ces Français qui s’installent en Suisse ? Ils sont jeunes et diplômés. Hier frontaliers, ils ont décidé de résider en Suisse pour la qualité de vie. Mais des Suisses aussi font le choix de venir habiter en France pour devenir propriétaires. Ils sont aujourd’hui frontaliers.

L’ étude sur les mobilités résiden- tielles transfrontalières Doubs- Neuchâtel (Moretradone) a été lancée en février dernier. Les conclu- sions seront rendues en décembre 2011. En attendant,AlexandreMoine fait un bilan intermédiaire et livre les premiers résultats de l’enquête. Professeur au laboratoire ThéMa de l’Université de Franche-Comté, il pilote cette étude en partenariat avec l’Institut de géogra- phie de l’Université de Neuchâtel. Les premières investigations permettent de mieux cerner le profil des migrants suisses qui s’installent en France et inversement. Ce travail de recherche apporte un éclairage intéressant sur les motivations des migrants dans le choix de leur lieu de résidence. Pour ce qui concerne les Suisses qui s’installent en France, “nous observons qu’il s’agit majoritairement de couples avec deux enfants. Ils ont entre 35 et 45 ans. Pour les 2/3 de ces ménages, la

tallés dans le canton de Neuchâtel entre 2007 et 2009. Si l’on en sait davantage sur les moti- vations des migrants, il n’existe pas de statistiques précises et fiables sur le nombre de ménages qui décident de résider d’un côté ou de l’autre de la fron- tière. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas d’un phénomène de grande ampleur comme le laissait présager l’entrée en vigueur des accords bilatéraux. D’après les premiers éléments rendus par cet- te étude, que l’on soit Français ou Suis- se, il y a encore des freins à l’installation dans le pays voisin. Par exemple, ce qui retient des frontaliers à déménager en Suisse, ce sont le système de protection sociale, le coût de l’immobilier suisse, le système fiscal, le coût de la vie et le fait d’être propriétaire.Ajoutons à cela un frein psychologique qui existe éga- lement. Ce projet intéresse les institutions fran- çaises qui le co-financent. Mais ce sont les autorités helvétiques qui sont à l’initiative de cette étude à laquelle l’Université de Franche-Comté a été associée. Les conclusions à venir inté- ressent nos voisins suisses qui cher- cheraient à favoriser l’installation de Français sur leur territoire, aujourd’hui frontaliers, pour diminuer le nombre de logements vacants sur des communes comme Le Locle et La Chaux-de-Fonds. Ce travail universitaire devrait servir de base à une réflexion sur l’amélioration de l’attractivité de la Suisse. En accueillant de nouveaux résidents, nos voisins helvétiques espèrent aussi rédui- re le trafic lié à l’emploi frontalier. T.C.

le prix à payer pour devenir proprié- taire” ajoute l’universitaire. Les conditions d’accession à la propriété sont plus contraignantes en territoire helvétique.Tout d’abord le prix du fon- cier est élevé. Ensuite les ménages doi- vent apporter 20 % du montant de l’investissement pour obtenir un prêt bancaire. Enfin, une fois qu’une per- sonne est propriétaire de son bien, elle est soumise à un impôt spécifique. On observe également que la majorité des couples suisses qui s’installent en Fran- ce ont un lien avec ce pays d’accueil. Le plus souvent, aumoins un des conjoints à la double nationalité. Les migrants français qui s’installent en territoire helvétique n’ont pas le même profil. Il s’agit en majorité de personnes seules (37 %) ou de couples sans enfant (29 %). Ce sont des per- sonnes jeunes (25 à 29 ans), actives et hautement qualifiées pour 65%d’entre elles. Un cinquième de ces résidents sont des Suisses qui ont vécu en Fran- ce et qui rentrent dans leur pays sou- vent pour des raisons familiales (un divorce par exemple). “Ces ménages quittent la France pour améliorer leurs conditions de vie. Jusqu’à présent, ils étaient frontaliers, ils effectuaient les voyages domicile-travail. Pour un meilleur confort, ils ont fait le choix de se rapprocher de leur entreprise. Ils vivent dans des petits logements, profi- tent de la vie, nous sommes sur des logiques très différentes” poursuit AlexandreMoine.Ces observations sont issues de l’analyse de 230 réponses à un questionnaire qui a été envoyé à 1 023migrants français qui se sont ins-

Le professeur Alexandre Moine pilote l’étude pour la partie française.

SANTÉ

La grippe A en Suisse

principale motivation est de pouvoir accéder à la propriété” remarque AlexandreMoine. Ceux qui viennent du Locle ou de La Chaux-de- Fonds cherchent un logement sur Morteau, Villers-le-Lac ou Le Russey. De fait, ils deviennent des fronta- liers suisses résidant en France. “Dans nos enquêtes,beaucoup nous disent que ce n’est pas très intéressant de deve- nir frontalier,mais c’est

Deux vaccins pour le prix d’un Il n’y a pas d’autre choix. En même temps que l’on se fait vacciner en Suisse contre la grippe saisonnière, on est aussi protégé contre la grippe A. Il faut faire avec.

“Améliorer leurs conditions de vie.”

L a campagne de vaccination contre la grippe va débuter le 15 octobre en Suisse. Il n’existe pas de statistiques précises sur le sujet mais on estime entre 30 % et 35 % la part de la popula- tion helvétique qui se fait vacciner. Une partie de ceux qui se protègent contre le virus ont été invi- tés à le faire par leur employeur. “Ce n’est pas obli- gatoire, mais prioritairement on demande au per- sonnel des hôpitaux de se faire vacciner. L’objectif est d’éviter qu’ils ne transmettent le virus auxmalades. C’est une question de santé publique” explique le Service de la Santé Publique du canton de Neu- châtel. Va pour les établissements de soins. Ensuite, des entreprises proposent à leurs salariés de se faire vacciner. “Ce genre d’initiative se retrou- ve dans l’horlogerie en particulier et les grandes surfaces” observe l’autorité sanitaire. En général, les employeurs offrent le vaccin à leurs employés. “La finalité est très simple. Les entreprises veulent simplement limiter l’absentéisme lié à la grippe. Le marché du travail est très tendu en ce moment. Sui- vant les secteurs d’activité, les sociétés doivent fai- re preuve de beaucoup de réactivité pour honorer leurs commandes. Elles ont besoin de leurs effec- tifs” précise-t-on du côté du service de l’emploi.

Mais il y a un hic. Il semble que des salariés refusent de se faire vacci- ner cette année car le vaccin unique comporte trois antigènes dont un qui protège contre la grippe A. On se souvient il y a un an des polé- miques soulevées autour de ce vac- cin dont certains experts redou- taient les conséquences sur la santé. “L’année dernière, c’est vrai nous proposions deux vaccins séparés, un contre la grippe et l’autre contre la grippe H1N1.C’est l’O.M.S. (orga- nisation mondiale de la santé) qui décide de la composition du vaccin. Il est le même partout en France comme en Suisse.”

Les entreprises veulent limiter l’absentéisme.

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