La Presse Pontissalienne 132 - Octobre 2010

DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 132 - Octobre 2010

18

CANTON DE VERCEL 300 à 350 bêtes Ils se reconvertissent dans le lait à comté Producteurs de lait standard et éleveurs de bovins à viande à Servin, Frédéric André et son frère Jean-Louis ont entamé une reconversion vers le lait A.O.C. Moins de contraintes, plus de rémunération.

À force de se diversifier pour pallier lemanque de revenu laitier, les deux agriculteurs ont fini par jeter l’éponge. Quel intérêt de pro- duire 350 000 litres de lait standard à 308 euros la tonne ? Pourquoi s’escrimer alors à cultiver 17 hectares de maïs ensilage ? Sans compter qu’il faut aussi s’occuper de l’atelier de taurillons et d’une bonne quarantaine de vaches allai- tantes. “En tout, cela représente un troupeau de

ver un fromager fiable. Du coup, on est parti chez Schneiter à Clerval qui a vendu entre-temps à l’Hermitage.” Les deux frères ont entamé leur reconversion depuis quelques mois. Ils aspirent bien sûr à intégrer la filière comté, ce qui impose un an d’alimentation du troupeau sans ensilage. Sans oublier de trouver l’atelier prêt à les accueillir. “À partir du 1 er novembre, on va produire du lait transformé en A.O.C. Morbier par la société Per- rin à Cléron. Cette fabrication nécessite seule- ment deux mois d’alimentation sans ensilage.” Les 17 hectares de maïs ensilage ont fait place à 8 hectares de maïs grain. “On va planter de la luzerne qui sera servie en vert aux vaches quand on manquera d’herbe en été.” Frédéric et Jean- Louis envisagent également de se séparer des vaches allaitantes comme ils l’ont fait avec l’atelier taurillon L’objectif étant de récupérer du quota, sachant qu’un droit de vache allai- tante équivaut à 6 000 litres de lait. “ In fine , on souhaite en finir avec la viande et revenir com- plètement dans le lait” , conclut Frédéric, pas mécontent de savoir comment va être valorisé son lait.

Frédéric André (photo) et son frère Jean-Louis ont choisi de revenir sur un système axé exclusivement sur la production de lait A.O.C.

Près de 40 euros l’hectolitre Lait à comté : “L’or blanc” des agriculteurs En Franche-Comté, le prix du lait à comté est le ballon d’oxygène qui permet aux agriculteurs qui font partie de l’A.O.C. de tirer leur épingle du jeu. P ar les temps qui courent, il vaut mieux être producteur de lait à comté. Lʼenquête laitière 2009, la dernière francs-comtois qui ne sont pas dans lʼA.O.C. comté. En effet, en 2006, en France le prix moyen de lʼhectolitre de lait était de 27 euros. Il sʼest établi à 33,71 euros selon lʼenquête du service régional de lʼinformation statis- tique.

300 à 350 bêtes. On bosse comme des forçats et on a très peu de reve- nus” , explique Frédéric André. À 45 ans, il voudrait lui aussi profi- ter de l’existence. L’heure de la remise en question a sonné. À l’équation : travailler mieux pour gagner plus, il n’y a guère qu’une seule alternative : le lait A.O.C. Un domaine qu’ils connaissent car l’exploitation fami- liale livrait jadis son lait à la frui- tière de Servin qui a disparu depuis une bonne vingtaine d’années. “Il y avait un problème de mise aux normes et des difficultés à retrou-

En finir avec la viande.

en date menée par le service régional de lʼinformation statistique, montre que le lait à comté se monnaie au prix de 38,85 euros lʼhectolitre à lʼéchelle de la région. Ce chiffre ne cesse dʼaugmenter puisquʼen 2007, lʼhectolitre était vendu 34,90 euros. Les éleveurs dont les vaches montbéliardes produisent le lait destiné à fabriquer le pré- cieux fromage sont logés à meilleure enseigne que dʼautres producteurs français, dont des

Les producteurs de lait à mont dʼor, morbier, raclette et gruyère nʼont rien à envier aux producteurs de lait à comté. Pour eux, lʼhectolitre se monnaie à 38,71 euros. Actuellement en Franche-Comté, selon le service régional de lʼinformation statistique, 150 établissements transforment le lait dont 101 fabriquent du comté.

A.O.C. COMTÉ 40 candidats “40 candidats à la reconversion” Vu le contexte actuel, ils sont de plus en plus nombreux ces producteurs de lait standard à frapper à la porte de l’A.O.C. comté. La reconversion n’est pas systématique comme l’explique Dominique Chauvin, représentant des producteurs au sein du C.I.G.C.

L a Presse Pontissalienne : Quel- le est l’ampleur de ces recon- versions ? Dominique Chauvin : En une année, 40 exploitants ont présenté leur candidature pour intégrer la filiè- re. La réussite du comté face au lait standard suscite un flux significatif de reconversions. Beaucoup de producteurs s’interrogent sur leur avenir dans une région spécialisée lait. Les 40 dossiers n’aboutiront pas tous. L.P.P. : Pour quelles raisons ? D.C. : Le candidat doit d’abord trouver l’atelier à comté avec lequel il sera dans le respect du cahier des charges, que ce soit la distance de collecte ou la limi- tation de la taille de l’atelier. Il faut aussi que l’atelier ait assez de plaques vertes pour l’accueillir. C’est possible si l’atelier a subi des départs volon- taires ou des cessations natu- relles. Dans ces circonstances, le C.I.G.C. laisse toujours une part significative des plaques vertes à l’atelier qui a ainsi la possibilité de les réattribuer dans un délai de trois ans. Cet- te disposition permet aussi d’assurer la pérennité de chaque atelier. L.P.P. : Sans renouvellement, pas de croissance possible ? D.C. : Oui en quelque sorte. L’amplitude annuelle des ventes de comté a progressé de presque 3 % entre 1991 et 2008. Si on a

cette dynamique, c’est bien grâ- ce aux nouveaux entrants et aux conversions des fruitières dans les années 1990-2000. C’est important qu’une filière puis- se se renouveler et faire face à la croissance du marché. Tout comme il est aussi important de conserver la maîtrise des volumes pour rester en adé- quation avec la qualité des pro- duits et les marchés. L.P.P. : Ces candidatures dérangent aussi ? D.C. : On est bien conscient que ces nouveaux entrants inquiè- tent souvent les producteurs actuels de la filière qui sont aus- si contraints à la maîtrise des volumes. L’interprofession sou- haite que ces candidats ne soient

pas des opportunistes. Le com- té, c’est un engagement sur le long terme avec des règles à res- pecter, des avantages mais aus- si des valeurs de solidarité à déployer quand ça va un peu moins bien. L.P.P. :La finalité du comté est la même qu’on soit ancien ou nouveau ? D.C. : La priorité reste inchan- gée : réussir la qualité du pro- duit. En s’engageant dans le comté, on passe d’un statut de producteur de lait à celui de producteur de lait à destination fromagère où le souci perma- nent porte sur la valorisation du produit plutôt que la recherche d’un objectif quanti- tatif. Propos recueillis par F.C.

B O I S S O N S C O M B U S T I B L E S CHAYS

BRASSERIE FUEL CHARBON BOIS DISTRIBUTION AUTOMATIQUE 9, RUE DU COLLÈGE - 25800 VALDAHON Tél.: 03 81 56 24 10 - Fax : 03 81 56 26 11 E-mail : chays.ericsarl@wanadoo.fr SARL CHAYS Éric au capital de 75 000 Euros

Le dynamisme de la filière repose aussi sur sa capacité de renouvellement estime Dominique Chauvin représentant du collège des producteurs au C.I.G.C.

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker