La Presse Pontissalienne 132 - Octobre 2010

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n° 132 - Octobre 2010

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SANTÉ

Soignants et soignés déroutés Un an d’attente chez l’ophtalmo C’est le temps qu’il faut pour contrôler sa vue à Pontarlier. À qui la faute ? Au manque de spécialistes ou à des patients devenus “exigeants” ? Éléments de réponse.

À écouter le répondeur télépho- nique de deux ophtalmologistes pontissalien, on n’en croit pas ses yeux. À chaque fois, vous tombez sur le même message avant même de joindre une secrétaire au bout du fil : “Pour un rendez-vous, comptez un an d’attente” entend-on après avoir composé le numéro du cabinet du doc- teur Christian Lieffroy. Pire, le prati- cien ne donne pas de rendez-vous aux nouveaux patients mais les redirige. Souvent à Besançon d’ailleurs. Le message du docteur Gilles Hanriot est un peu plus long, la période d’attente plus courte : “Pour un rendez-vous, comptez 6 mois d’attente et merci de

ne pas insister auprès des secrétaires qui font déjà leur maximumpour rédui- re les délais.” Cette phrase, le docteur a pris la responsabilité de l’enregistrer sur sa boîte vocale après des demandes toujours plus vindicatives de la part des patients. Explication : “Parfois pour un œil qui gratte, des patients font preu- ve d’impolitesse et exigent une place alors qu’à côté, vous avez un patient sympa qui n’ose pas s’imposer et qui a peut-être la cataracte. Les secrétaires ont un travail de discernement à fai- re qui est de plus en plus en difficile. Elles ont en marre d’être insultées : voilà pourquoi j’ai mis ce message” argumente le docteur qui rappelle que

le manque de spécialistes n’est pas un problème pontissalien mais un mal général aux “campagnes.” Il n’exclut de faire appel un jour “à un collègue roumain” pour l’épauler. Si les urgences sont assurées dans la capitale du Haut-Doubs, la situation ne devrait toutefois pas s’arranger pour la prise de rendez-vous sachant que les places en première année de

médecine diminuent encore. Autre constat : les jeunes préfèrent les grandes villes où ils peuvent s’y regrou- per et acheter des machines. Las d’être pointés du doigt, les spécialistes demandent “un changement de men- talité des patients. Il y a une surcon- sommation des consultations. Arrê- tons de nous faire porter le chapeau” conclut Gilles Hanriot. Un mal qui n’ira pas en s’arrangeant ! Le nombre de ces spécialistes devrait diminuer

de 45 % d’ici à 2020. Dans le même temps, celui des personnes atteintes de troubles visuels augmentera de 15 %. C’est peut-être chez les orthop- tistes que se trouve la solution. Déjà, un décret de juillet 2001 fixe une exten- sion des compétences de ces spécia- listes de la rééducation des yeux, leur permettant de mesurer la correction à apporter aux patients, sous la res- ponsabilité d’un médecin. Deux yeux valent toujours mieux qu’un. E.Ch.

PONTARLIER La question de l’accessibilité La ville en fauteuil La tournée Handynamic faisait étape sur la place d’Arçon le 16 septembre. L’occasion de sensibiliser le public aux problèmes des personnes handicapés. Test grandeur nature.

D ifficile de percevoir les contraintes quotidiennes d’une personne handicapée. Aussi, les amateurs étaient-ils invi- tés à effectuer un petit tour en fau- teuil roulant dans la rue de la Répu- blique. Contenu du parcours : slalom entre les cônes, traversée de rue, pau- se devant un distributeur de billets puis retour au stand installé pour l’occasion sur la place d’Arçon. Patrick Genre, le premier à s’y coller, a pu mesurer l’ampleur de la tâche. Un test plutôt positif effectué en compagnie de l’ex-lofteuse Sandra Colombe qui anime cette tournée Handynamic. “On fait étape dans 35 villes. Pontarlier a accepté de nous recevoir. L’objectif est de sensibiliser les gens et les élus aux problèmes pratiques des handicapés. On veut faire bouger les choses d’ici l’échéance de 2015 qui imposera de nombreuses mises en conformité dans les transports, l’aménagement urbain, l’accès aux bâtiments publics…” Sans être à la pointe des équipements, Pontarlier n’est pas si mal pourvue en

Pas facile d’y voir clair à Pontarlier, comme dans toutes les petites villes de province d’ailleurs.

Zoom Et l’accessibilité des handicapés aux emplois ? Une salariée de la Ville de Pontarlier se bat pour que soient reconnus les droits des personnes handicapées aux postes correspondant à leurs compétences . Q uand elle a fait son Tour de lʼAude handisport en tandem courant sep- tembre, Linda Vincenzi a pu mesurer avec quelle chaleur les communes que la caravane a traversées accueillaient ces sportifs, et à quel point certaines collectivités locales avaient pris la mesure de la question du handi- cap. À son retour à Pontarlier, celle qui est employée à lʼaccueil téléphonique de la mairie, continue à plaider la cause des salariés handicapés. Linda Vin- cenzi souffre dʼune déficience visuelle liée à une maladie évolutive. Pourtant, elle qui ne veut pas rester cantonnée à son poste de standardiste a brillam- ment réussi lʼexamen de rédacteur (catégorie B) mais la Ville de Pontarlier refu- se toujours selon elle dʼaccéder à sa demande de changement de poste,. Pourtant, elle a de réels talents dʼécriture et rédige de nombreux articles pour la Ville, faisant en quelque sorte office de “nègre” de service. “Mon combat n’est pas personnel, justifie Linda Vincenzi. Il est de prouver aux collectivi- tés que quand on s’en donne les moyens, le fait d’être handicapé n’empêche pas de se faire un plan de carrière et de progresser là où on est employé.” Sans stigmatiser la seule Ville de Pontarlier, elle dénonce en fait une sorte de discrimination qui toucherait de nombreux salariés handicapés. “Il faut que les mentalités évoluent” plaide-t-elle. J.-F.H.

Le maire a effectué un petit circuit en fauteuil roulant en compagnie de l’ex-lofteuse Sandra Colombe.

la matière. La ville sera pratiquement dans les clous des recommanda- tions de 2015. “On peut encore s’améliorer sur la question des transports” , reconnaît Sylvie Laithier, la conseillère municipale responsable de la com- mission accessibilité. Com- mission qui intègre d’ailleurs les quatre han- dicaps : physique, mental, visuel et auditif. “L’image du handicap ne se réduit pas aux personnes en fau-

teuil roulant” , nuance l’élue. L’accessibilité est désormais prise en compte dans chaque aménagement public. “On suit systématiquement les normes.” Les personnes malvoyantes peuvent disposer par exemple de petits appareils sonores les informant qu’elles peuvent traverser aux feux tricolores. Quelques salles publiques sont équi- pées de boucles à induction à desti- nation des malentendants. De même, on trouve aussi pour les personnes malvoyantes des bandes réfléchissantes sur les portes transparentes comme à

l’auberge de jeunesse. “On ne peut pas dire quelle somme est consacrée chaque année à l’accessibilité. C’est une enve- loppe transversale à plusieurs postes de dépenses budgétaires” , conclut Syl- vie Laithier en signalant le lancement de la mise en conformité du bâtiment de la mairie à partir de 2011. Les antennes locales de l’association A..F. et de la fédération des travailleurs handicapés étaient également pré- sentes au passage de la tournée Han- dynamic. F.C.

Un test grandeur nature.

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