La Presse Pontissalienne 131 - Septembre 2010
La Presse Pontissalienne n° 131 - Septembre 2010
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CONJONCTURE Embellie confirmée Hausse de 20 % des exportations dans l’horlogerie L’industrie horlogère retrouve des couleurs
de la moitié a retrou- vé du travail” indique le service de l’emploi de ce canton plus sen- sible aux fluctuations conjoncturelles puisque sa situation économique dépend surtout des exporta- tions horlogères. On recense encore 5 289 personnes au chômage dans ce can- ton, tous secteurs d’activité confondus. À cela s’ajoutent 7 444
depuis quelques mois. Le niveau des exportations atteint celui de 2007, une année exceptionnelle. Paradoxe : le chômage peine à baisser.
A près deux années de régime forcé, la santé de l’industrie horlogère s’améliore. Dans ce secteur, fin août, les exporta- tions sont en hausse de 20 % par rap- port à l’année 2009 à la même pério- de. Cette situation est comparable à celle de 2007, une année historique pour l’horlogerie helvétique. Les mar- chés retrouvent leur dynamisme, la confiance revient chez les fabricants qui ont vu leur trésorerie purgée par la crise. Le pire semble être derrière eux. Le paradoxe est que curieuse-
ment, l’embellie observée dans ce sec- teur d’activité ne permet pas encore d’éponger le chômage dans l’Arc Juras- sien qui est toujours supérieur à la moyenne nationale. Le taux de chômage est actuellement à 6,1 % dans le canton de Neuchâtel et de 5,3 % dans le canton de Vaud. Il baisse petit à petit dans ces deux ter- ritoires. “La reprise est très contrastée en fonction des domaines. Par exemple sur le canton de Neuchâtel, nous avions recensé 300 personnes actives au chô- mage dans le secteur du polissage. Plus
Perte de confiance de la main- d’œuvre.
STATISTIQUES Après la baisse… Le nombre de frontaliers augmente légèrement Il n’y a pas de raison à ce que les travailleurs frontaliers échappent aux vagues de licenciement dans les entreprises suisses. La reprise de l’économie s’accompagne tout de même d’une reprise de l’emploi. “C’ est une période incertaine. On a envie d’y croire, le nombre d’offres d’emplois se multiplie, mais nous ne sommes sûrs de rien” remarque Gérard Geiser de l’observatoire statistique transfrontalier de l’Arc Jurassien (O.S.T.A.J.) Plusieurs indicateurs vien- nent étayer le constat d’une reprise économique. Pour autant, nos voisins suisses ne s’emballent pas et font preuve de prudence en indiquant que le taux de chômage reste élevé, en particulier dans les cantons de Vaud et Neuchâtel. Il n’y avait pas de raison à ce que la main-d’œuvre fronta- lière échappe aux vagues de licenciement dans les entreprises suisses depuis le début de la crise. Néanmoins, d’un secteur à l’autre, les obser- vations sont différentes. “En variation annuelle, le nombre de frontaliers reste en retrait de 1 % par rapport à l’année dernière” indique l’O.S.T.A.J. C’est dans le secteur secondaire, le plus durement touché par la crise éco- nomique, que le nombre de travailleurs frontaliers recule de manière
demandeurs d’emplois. Mais dans ce contexte, il vaut encore mieux être technicien dans l’industrie ou horlo- ger plutôt qu’architecte ou employé de banque. Le secteur des services est toujours sinistré. La crise a eu des conséquences inat- tendues chez les personnes qui sor- tent de formation. “Ce qui est nouveau, c’est qu’elles s’inscrivent au chômage dès qu’elles sont diplômées.” Cela s’explique par une perte de confiance de cette main-d’œuvre fraîchement formée qui n’est plus assurée, comme c’était le cas avant 2008, de trouver un emploi dans les meilleurs délais à sa sortie de l’école. T.C. Entre 2008 et 2010, le nombre de demandeurs d’emplois dans l’horlogerie est passé de 71 à 1 058.
importante. Il dégringole de 4,8 %. À l’inverse, “le secteur de la construction fait exception et affiche une augmenta- tion annuelle de + 4 % de son effectif de frontaliers. Dans le secteur tertiaire, le nombre de travailleurs frontaliers continue d’augmenter (+ 2,3 % entre les premiers tri- mestres 2009 et 2010)” indique l’O.S.T.A.J. La population de travailleurs frontaliers a donc baissé de 1 % sur l’Arc Jurassien pour s’établir début 2010 à 30 900 personnes. Le canton de Vaud fait exception dans ce tableau. C’est le seul qui malgré la crise n’a pas vu le nombre de ses tra- vailleurs frontaliers baisser. Au contraire, il croît pro- gressivement depuis plusieurs années. Selon Gérard Gei- ser, cela est lié au fait que “le tissu économique vaudois est beaucoup plus étoffé que celui de Neuchâtel. Il est moins industriel.”
Le secteur secondaire, le plus durement touché.
Les signes de l’embellie sont là La manufacture Jaeger-LeCoultre renoue avec la croissance tout comme la société Etel de Môtier qui vient d’embaucher 150 personnes après en avoir licencié autant. INDUSTRIE Deux exemples suisses
D e nombreuses entreprises assis- tent à une reprise d’activité depuis le début de l’année 2010. La tendance se confirme dans l’horlogerie. Le carnet de commandes de la manufacture Jaeger-LeCoultre se remplit. Du côté de la filiale du grou- pe Richemont qui a tenu bon pendant la crise, l’heure est à l’optimisme. “L’activité est bien repartie. Nous avons commencé par ressentir la reprise sur la zone Asie dès la fin de l’année 2009. Ensuite, le dernier salon horloger S.I.H.H. a été un bon cru. Aujourd’hui, on renoue avec la croissance sur le mar- ché européen” indique le service com- munication de la société Jaeger- LeCoultre. La clientèle asiatique est une cible privilégiée pour la marque horlogère. La consommation de produits de luxe n’a pas flanché dans un pays comme la Chine. “Beaucoup de clients chinois de passage à Paris consomment du luxe. Ce que l’on observe, c’est que Jae- ger-LeCoultre est une marque deman- dée par cette clientèle tant dans son pays d’origine que dans les destina- tions touristiques.” Ces acheteurs sont prêts à débourser plus de 15 000 euros pour une montre manufacturée. Le budget de la clientèle française est plus restreint puisqu’il se situe entre 3 000 et 10 000 euros, mais cela est en train de changer à la hausse.
Sur la base de ces indicateurs, l’entreprise Jaeger-LeCoultre estime que le plus dur de la crise est derriè- re. Elle rappelle que pendant toute la période difficile, “il n’y a pas eu de licen- ciements économiques à proprement parlé. Il s’agissait surtout de départs naturels de personnes qui n’ont pas été remplacées.” L’optimisme est aussi au rendez-vous dans l’entreprise Etel S.A. de Môtier. Spécialisée dans la fabrication de moteurs pour des machines-outils, elle renoue avec la croissance et s’extirpe d’une mauvaise passe. Après avoir licencié 150 personnes pour des rai- sons économiques, elle en a rembau- ché autant depuis le début d’année. “L’effectif est tombé à 250 personnes. Nous sommes 400 actuellement, mais beaucoup de personnes ont un contrat à durée temporaire” dit-on chez Etel S.A. Les incertitudes perdurent sur le marché de la machine-outil. Tant que la reprise n’est pas robuste, des entre- prises comme Etel veulent garder une certaine souplesse au niveau de leur masse salariale et préfèrent employer une partie de leur personnel sous des contrats à durée déterminée. Malgré La manufacture de la Vallée de Joux emploie plus de 1 000 personnes.
le contexte, 2010 devrait être une bon- ne année en terme de chiffre d’affaires pour Etel S.A. T.C.
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