La Presse Pontissalienne 131 - Septembre 2010

LE PORTRAIT

La Presse Pontissalienne n° 131 - Septembre 2010

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PONTARLIER

De l’enfer au paradis

René Philipps : hier punk, aujourd’hui chrétien D’une jeunesse en proie à toutes les addictions dans la cité des Buis à Montbéliard, l’ancien guitariste du groupe punk No Fuck Bébé a trouvé dans le Haut-Doubs le chemin de la sérénité chrétienne.

A bord avenant, tout sourire, René Philipps semble aujourd’hui res- pirer la paix intérieure, le bon- heur familial. Difficile d’imaginer ce père de famille de 4 enfants en junky tourmenté, violent, prêt à tout pour avoir sa dose ou en finir avec l’existence. Cette descente aux enfers, il la racon- te sans complexe ni gloriole dans un livre autobiographique “Made in la rue” sorti en décembre dernier (dis- ponible sur le site www.madeinlarue.com). Son histoire : celle d’un adolescent rebelle qui a gran- di dans la cité des Buis à Montbéliard. Rien d’un cas social. Plutôt le profil d’un enfant qui refuse très vite l’idée d’une vie laborieuse sans strass ni paillettes. Un révolté en puissance. L’école n’est pas vraiment son truc. “J’ai arrêté au C.A.P. d’ajusteur avant de poursuivre à l’école Peugeot” , explique celui qui rêvait déjà de grands voyages et de vie riche en sensations. Les études non, la musique oui. René Philipps se forme seul à la guitare. On est à la fin des années soixante-dix. Soit à la fin de la période hippie . Les Ramones, les

verture braquant un flingue. Belle pub pour la cité ouvrière…Le groupe enre- gistre également le clip Bébé Éprou- vette. En 1982, ils créent le spectacle “Sex, drogue and Rock’n’Roll” qui sera diffusé dans l’émission des Enfants du Rock. Installé alors dans un squat de la cité des Buis, René monte même une sta- tion de radio baptisée Biberon Actif. Tout un programme… Gloire éphé- mère, déchéance durable. René et ses potes sombrent inexorablement dans le vice et la dépravation : trafic de drogue, violences, cambriolages.Aujour- d’hui encore, il n’ose même pas évo- quer toutes ses exactions, de peur de se mettre en danger. “J’ai dû quitter provisoirement Montbéliard pour aller me mettre au vert à Grenoble.” Exil où il replongera dans ses excès qui lui vaudront un séjour au pénitencier en 1988. De retour au bercail, il sombre de nou- veau à l’appel de l’héroïne. L’envie d’en finir le submerge le 19 novembre 1989. À deux doigts d’accomplir le geste fatal, après son 13 ème shoot de la journée, il décide finalement d’aller voir “Chris- tian le chrétien”, un ami de longue date qui gérait un centre protestant où les No Fuck Bébé avaient le droit de répé- ter. “Il a appelé un pasteur qui a inter- cédé en ma faveur.” Rencontre déter- minante qui sonne l’heure de la délivrance. “Le jour suivant, je n’étais plus en manque. J’avais été totalement et instantanément libéré de 16 ans d’esclavage aux drogues” , explique René dans son livre. Cette forme de résurrection est aussi à l’origine de son départ vers Pontar- lier où il va chercher à conforter son engagement sur la voie chrétienne. Effectuant des petits boulots dans le commerce ou l’industrie, il s’installe d’abord au Foyer des Jeunes Tra- vailleurs. Toujours en quête de vérité chrétienne, il décide alors de suivre une formation biblique. Il n’ira pas jus- qu’au bout. Au cours de cette expérience, il ren- contrera Laurence, celle avec qui il partage toujours le bonheur de la vie conjugale et familiale. René vit sa foi au quotidien dans sa forme la plus

Clash, les Sex Pistols imposent alors leur sty- le. La culture punk dénonce le capitalisme, elle prône l’anarchie, la liberté individuelle. Il n’en faut pas plus pour que cette vague idéologique emporte le jeune René comme tant d’autres dans la cité des Buis. Avec des potes, il monte le spectacle Pelouses Interdites dédié à Serge Kos, jeu- ne chômeur mort de faim et de froid dans un hangar à Sochaux. L’initiative aboutit à la création du groupe No Fuck Bébé. La rébellion est en marche. Le groupe est très actif et ne passe pas inaper- çu. Le magazine Actuel lui consacre d’ailleurs un reportage où l’on voit René Phillipps en cou-

René Phillips raconte en toute simplicité son parcours chaotique dans un livre auto- biographie intitulé “Made in la rue, dégénération punk”.

L’envie d’en finir.

libre, humaine et spirituelle. Définiti- vement débarrassé de ses addictions, il entretient toujours sa passion musi- cale, se produisant parfois dans des bars. “Je participe actuellement avec

spectacle sur l’histoire de ce quartier dont il fut l’un des animateurs les plus bruyants. L’acteur de sa propre vie. Étrange retour du destin. F.C.

des amis à la préparation d’un docu- mentaire sur le quartier des Buis.” Toujours très attaché à son “bloc 18”, il apporte aussi son concours à Hélè- ne Sagnier dans la mise en scène d’un

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