La Presse Pontissalienne 131 - Septembre 2010

ÉCONOMIE 29

La Presse Pontissalienne n° 131 - Septembre 2010

SALAISONS

+ 40 % en tonnage La Morteau enfin protégée Le dossier d’Indication Géographique Protégée vient d’aboutir après 15 ans de procédure. Une bonne nouvelle pour la Morteau, une filière qui doit continuer à se structurer.

“Ç a y est, enfin, elle est là” lâche soulagé Michel Delacroix, le président de l’association A2M (association Morteau-Montbé- liard), ce 20 août. Il en aura fal- lu des dossiers, des commissions, des polémiques, des scissions, des retournements de situation, des réunions, des allers et retours à Bruxelles devant la Commis- sion Européenne, pour obtenir, après 15 années de procédure, cette fameuse I.G.P., trois lettres en forme de protection pour la saucisse deMorteau. L’Indication

géographique protégée, sorte d’A.O.C. européenne, fait entrer la Morteau dans le cercle des produits de terroir reconnus et protégés comme tels. C’est sous l’impulsion de Jean- Louis Amiotte, salaisonnier à Avoudrey, que la première demande avait été faite en 1995. Depuis 1977 et la mobilisation de quelques producteurs du Haut-Doubs, il existait bien un label régional qui authentifiait le produit et réglementait les points essentiels de sa fabrica- tion mais, revers de la médaille,

le succès aidant, la réputation de ce produit fabriqué depuis cinq siècles dans le Haut-Doubs, a vite dépassé les frontières régionales. La Morteau com- mence alors à être fabriquée partout en France, jusqu’en Bre- tagne, risquant de perdre défi- nitivement son âme. Quand les labels régionaux ont disparu en 1992, il a fallu envi- sager une autre façon de pro- téger le produit et c’est à l’échelle européenne que la saucisse jouait désormais son avenir. Après les premiers dossiers, la profession

se divise avec d’un côté les “industriels” de la Morteau et de l’autre, les garants du savoir- faire ancestral. En novembre 1999, coup de mas- sue : la première demande d’I.G.P. est rejetée par l’Europe qui refuse de limiter la zone au Haut-Doubs et au Haut-Jura. La création en 2004 de l’association de défense et de promotion des charcuteries et salaisons I.G.P. de Franche-Com- té en 2004 (abréviation A2M) a permis de réunir à nouveau tous les acteurs de la filière autour

PORTES OUVERTES LES 11 ET 12 SEPTEMBRE 2010

de la même table et en sep- tembre 2006, le dossier I.G.P. est validé par l’institut natio- nal des appellations d’origine. Une protection nationale tran- sitoire est accordée à la Mor- teau en attendant l’I.G.P. Depuis cette date, on ne peut plus fabri- quer de Morteau si on est ins-

croix. La production de Morteau atteint 4 500 tonnes, dont 400 tonnes de Mor- teau label rouge fabriquée avec du porc label rouge. Si l’heure est aux réjouissances pour la belle deMorteau, l’obtention de l’I.G.P. ne doit pas faire oublier le sort des producteurs de porc, “le maillon faible de la filière” selon Michel Dela- croix, qui souffre d’un manque de reconnaissance avec

Le “ouf” du p résident Delacroix.

tallé en dehors des frontières régio- nales. Le 23 juin dernier, l’inscription I.G.P. saucisse de Mor- teau est acquise puisqu’aucun État- membre de l’Europe ne s’oppose plus au dossier. Le 21 août, la parution au jour- nal officiel euro- péen scelle défini- tivement le dossier I.G.P. “Depuis la protec- tion en 2006, le ton- nage de saucisses fabriquées en Franche-Comté a augmenté de 40 %” ajouteMichel Dela-

“Le porc nous est payé 1,20 euro le kilo.”

des prix beaucoup trop bas. “Dans les grandes surfaces, on trouve la saucisse à 10 euros le kilo alors que le porc nous est payé 1,20 euro le kilo. Entre 2000 et 2007, le nombre de produc- teurs a baissé de 48 % dans la filièreMorteau” noteAndré Dela- velle, producteur de porcs à Charquemont. Malgré l’I.G.P., tout n’est donc pas encore rose dans la filière porc. J.-F.H.

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