La Presse Pontissalienne 131 - Septembre 2010

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n° 131 - Septembre 2010

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POLITIQUE

Clivage Roms, gitans, bohémiens, gens du voya- ge…Ces sujets que tout lemondemélan- ge ont été le cocktail explosif de lʼété à plusieurs échelles. Locale dʼabord puisque, cʼest une habitude, le passa- ge estival des communautés de gens du voyage a suscité auprès de plusieurs municipalités locales de vives réactions. Vives, mais justifiées. Car gens du voya- ge ou pas, il sʼest agi en lʼoccurrence dʼoccupation illégale de terrain (à Besan- çon début juillet), ou de graves dégra- dations dematériel. On le constate enco- re dans quelques aires dʼaccueil du Doubs. La réaction des élus locaux est donc appropriée dans le sens où ce nʼest pas lʼorigine de ces non-séden- taires ou la communauté quʼils repré- sentent, mais bien les infractions com- mises qui sont pointées du doigt. Bien sûr, lʼamalgame opéré aujourdʼhui entre la question récurrente de lʼaccueil des gens du voyage, casse-tête de bien des municipalités partout en France (y com- pris les grandesmétropoles commeBor- deaux) et celle, beaucoup plus grave des Roms aujourdʼhui, puise ses racines au plus profond de lʼinconscient collec- tif. Car la méfiance au mieux, la persé- cution et même lʼextermination des Roms, ne date pas dʼhier. AuXV ème siècle déjà, les premiers décrets chassant cet- te communauté sans attaches véritables hors les murs des villes stigmatisaient déjà cette population. Si le sujet est si sensible aujourdʼhui, à tel point que le Saint-Siège lui-même sʼen est mêlé, cʼest quʼil renvoie aux plus sombres heures de lʼHistoire qui a trouvé son sor- dide apogée lors de lʼHolocauste. Les réactions sont excessives en tout point car il ne sʼagit pas comme on a pu lʼentendre dʼune dérive sécuritaire de la France, qui ne fait finalement quʼappliquer des règles nationales et même euro- péennes enmatière dʼimmigration. Mais si le sujet divise, cʼest que lʼon touche là aux fondements de la République française qui se glorifie depuis plus de deux cents ans dʼêtre la lumière dumon- de en matière dʼhumanisme. Il nʼen a pas fallu plus à la gauche en panne dʼidées pour bondir sur cet opportun sujet de clivage. Au fait, “rom” signifie littéralement “être humain”. Qui sʼen sou- vient ? Peut-être pas M. Sarkozy qui se trompe lourdement en faisant de ce sujet, la sécurité, le socle dʼune future campagne électorale. Les Français ne sont plus dupes. Sait-il dʼailleurs que son patronyme serait dʼorigine typique- ment rom… ? J ean-François Hauser Éditorial

Candidat aux cantonales François Mandil : “Le temps de la figuration est terminé”

Le leader des Verts à Pontarlier compte bien peser non seulement dans le débat, mais dans le paysage politique local. Il l’affirme : l’écologie devra arriver au pouvoir. L a Presse Pontissalienne : Avec un P.S. plus que discret au conseil municipal, est-ce vous le nouveau leader de l’opposition à Pontarlier ? François Mandil : Ce serait présomptueux de dire cela. Les socialistes et nous avons des façons différentes et complémentaires de s’opposer. Ce qui est clair, c’est que la gauche n’arrive pas à percer à Pontar- lier depuis quinze ans. Notre objectif est que les écologistes deviennent majoritaires dans cette vil- le. Les choses peuvent évoluer très vite en quatre ans, d’ici les prochaines municipales. Patrick Gen- re jouait toujours sur sa neutralité mais en se pré- sentant sur la liste Joyandet, il a fait définitive- ment tomber les écailles que les gens avaient devant les yeux. Nous avons quatre ans pour convaincre que l’écologie peut devenir majoritaire à Pontar- lier. Pour nous, le temps de la figuration est fini. L.P.P. : Il y a des échéances avant 2014, ce sont les canto- nales. Serez-vous candidat dans le canton de Pontarlier ? F.M. : Certainement. Christian Bouday ne fait pas l’unanimité, y compris à gauche où on ne l’a pas vraiment trouvé présent sur le canton. Il est donc normal que l’écologie ait un candidat. En plus, il y a des sujets comme l’aménagement touristique du Haut-Doubs pour lesquels nous ne sommes pas du tout d’accord avec lui. L.P.P. : Parlons d’un sujet d’actualité qui place certains éco- logistes dans une situation délicate : les destructions de plants O.G.M., comme le mois dernier dans des vignes alsaciennes. Vous vous revendiquez toujours comme faucheur volontai- re ? F.M. : Complètement. D’ailleurs, j’aurais dû aller en Alsace mais la date a été anticipée et je n’étais plus disponible.

L.P.P. : Cela ne vous dérange pas d’être hors-la-loi ?

F.M. : C’est toujours un cas de conscien- ce mais s’il y avait à le refaire, je le referais. Le but des O.G.M. en plein champ, in fine , c’est le brevetage des plants et qui dit brevetage dit ver- rouillage dumarché par les gros semen- siers qui vont finir par confisquer l’agriculture aux paysans. Il existe tant d’autres moyens alternatifs pour soigner la vigne, pourquoi passer par des O.G.M. ? Et on sait très bien que les O.G.M. ne sont pas stables, qu’ils produisent des enzymes qui se dis- persent dans la terre. Les O.G.M., c’est l’outil commercial ultime de l’agriculture intensive destiné àmettre sous contrôle des grandes entreprises semencières les derniers exploitants qui restent. L.P.P. : Où en êtes-vous de votre condamna- tion suite à votre refus de vous soumettre à un prélèvement A.D.N. après vos fauchages volontaires d’O.G.M. ? F.M. : Suite à notre condamnation pour les fauchages, j’avais été convoqué pour un prélèvement A.D.N. en vue de mon fichage, comme les terroristes ou les grands délinquants. J’ai refu- sé, car contrairement à des terroristes, nous agissons à visage découvert. Cela m’a valu 420 euros d’amende. L’affaire est remontée jusqu’en cassation et j’ai fait appel devant la cour européenne des Droits de l’Homme pour atteinte à la vie privée. Elle doit statuer l’an prochain.

“Christian Bouday ne fait pas l’unanimité.”

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François Mandil revendique son statut de “faucheur volontaire” d’O.G.M.

yeux la justice sociale.

L.P.P. : Vous étiez aux Universités d’été des écologistes à Nantes en août. Qu’est-il ressorti des débats à part la “moue” de Daniel Cohn-Bendit ? F.M. : Nous avons beaucoup avancé sur la structu- ration du mouvement écologistes. Non, les Verts ne passent pas leur temps à s’engueuler, nous avons vécu une vraie révolution culturelle et toutes les composantes du mouvement écologiste deviendront un vrai parti après nos assises à Lyon en novembre, en marche pour accéder au pouvoir. L.P.P. : Avec quel candidat pour la présidentielle ? F.M. : Sans Daniel Cohn-Bendit, Europe Écologie n’aurait jamais existé mais aujourd’hui, ce n’est pas plus mal qu’il se mette en retrait, on arrive à fonctionner sans lui. Je suis assez favorable à la candidature d’Éva Joly qui incarne vraiment à mes

L.P.P. :Vous êtes toujours pour la décrois- sance ? F.M. : Ce terme est trop simplifi- cateur. Mais l’organisation éco- nomique actuelle est basée sur un système de production à outran- ce qu’on ne pourra pas tenir. C’est cela que l’on entend par “décrois- sance”, c’est trouver un autremodè- le de développement. L’écologie, ce n’est pas que la défense de l’environnement, c’est aussi un vrai modèle de société.

Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction :

Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Agence publicitaire : S.A.R.L. BMD - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Septembre 2010 Commission paritaire : 1102I80130 Créditsphotos: LaPressePontissalienne,Archivesmunici- pales,C.Bertin-Denis,MuséedePontarlier,PierreBoucher, A.Fournichot,C.Louvrier,Pompiers,ExtrêmesurLoue.

Propos recueillis par J.-F.H.

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