La Presse Pontissalienne 131 - Septembre 2010

DOSSIER

18

Culture

L’AFFAIRE CUINET Le scandale politique pontissalien 15 OCTOBRE 1999

1984

ÉMISSIONS TÉLÉVISÉES Les jeux de 20 heures

Après sa démission en octobre 1999, André Cuinet

confiait : “J’ai pris

Pontarlier a déjà accueilli toutes sortes de jeux, d’émissions radiopho- niques ou télévisuelles. Des rendez-vous à forte affluence comme ce fut le cas en 1984 pour les jeux de 20 heures avec l’incontournable Jean- Pierre Descombes (photo archives municipales).

une décision difficile mais responsable.”

L a démission d’André Cuinet suite à sa condamnation judiciaire aura ébranlé le monde politique local. En octobre 1999, La Presse Pontissalienne révélait le nom de celui qui allait succéder au maire déchu. Le 15 octobre 1999, le tribunal correctionnel de Besançon condamnait le maire de Pontarlier, André Cuinet, à 15 mois de prison avec sursis, 250 000 F d’amende et cinq ans d’interdiction des droits civiques, civils et de famille. Une lourde peine qui aura marqué à vie l’élu, qui était alors un des piliers de la droite départementale. Cette décision de justice sanctionnait les pra- tiques d’octroi de marchés publics basé sur un système dont André Cuinet était, selon le tri- bunal correctionnel, au cœur. Dans son réqui- sitoire, le procureur avait relevé qu’André Cui- net aurait “sciemment organisé un système de financement de son activité privée pour le cas où il aurait à subir des revers électoraux… toujours

possibles.” Dans la foulée de cette lourde condamnation dont il ne fera pas appel, André Cuinet démis- sionnait de ses fonctions de maire et de vice- président du Conseil général du Doubs. En octobre 1999, Ancré Cuinet accordait une longue interview à La Presse Pontissalienne dans laquelle il révélait le nom du futur maire de Pontarlier, Patrick Genre, que le conseil muni- cipal a officiellement élu le 8 novembre de la même année. Près de dix ans après son retrait forcé de la vie politique, André Cuinet avait ten- té un retour au premier plan en se présentant aux municipales de mars 2008 dans sa ville de Doubs. Espoir rapidement envolé avec la vic- toire de la liste concurrente menée par l’actuel maire Régis Marceau. André Cuinet ne s’est jamais vraiment remis de cette lourde sanction judiciaire qui constitue un cas d’école pour le Haut-Doubs.

1973

FILM

Simone Signoret, Alain Delon, Les Granges-Brûlées

Le tournage de ce film qu’on ne présente plus s’était déroulé entre Pontarlier, la ferme des Miroirs et La Chaux-de-Gilley. Témoignage de Michel Berrard qui avait un petit rôle dans le film. E n 1973, Michel Berrard exploitait avec son épouse le restaurant qu’il venait de construire au Gounefay avec l’aide de Serge Faivre qui s’occupait des remon- tées mécaniques. “On était au restaurant quand le directeur de casting est venu nous voir. Il cherchait deux personnes pour condui- re le chasse-neige qu’on voit au début du film. On l’a orienté vers ceux qui déneigeaient habituellement le secteur. Comme il trouvait qu’on avait les “gueules” de l’emploi, ils nous a proposé le rôle. On a accepté à condition que cela ne prenne pas trop de temps.” Et voilà comment Michel Berrard annonce à Simone Signoret et son époux Paul Crau- chet dans le film la découverte d’une morte dans sa voiture au carrefour des Jeantets. Michel et son épouse ont côtoyé d’assez près les acteurs et l’équipe de tournage. Ils venaient régulièrement au restaurant tout proche de

la ferme des Miroirs. “Je garde un excellent souvenir de Simone Signoret. Elle était très gentille et accessible. On la voyait chaque jour au restaurant. Elle venait manger et boire son bloody mary .” Michel se souvient aussi qu’ayant oublié de venir les saluer à la fin du tournage, elle était remontée exprès au Gounefay avec son chauffeur pour leur dire au revoir. Le couple Berrard avait aussi sympathisé avec Cathe- rineAllégret. Les rapports étaient plus froids avec Alain Delon. “Monsieur entrait au res- taurant sans jamais dire bonjour. On lui ren-

ARÇON

Quand Johnny allumait le feu à Arçon

dait la politesse.” Quand la voiture de la star était tom- bée en rade de batterie, Michel avait aimablement dépanné son chauffeur. “En retour, cet ancien catcheur surnommé l’Ange Blanc m’avait promis une belle récompense. Il s’agissait en fait d’une photo dédicacée de Monsieur” , en sourit encore Michel 40 ans plus tard. Il reconnaît aussi avoir bien profité de la notoriété du film. “On ne pouvait guère espérer mieux comme publicité pour le restaurant où beaucoup de gens s’arrêtaient en venant se promener sur les lieux du tournage.”

22 AOÛT 1971

Un excellent souvenir de Simone Signoret.

Beaucoup auront du mal à le croire. L’idole des jeunes est bien venue donner un concert organisé par le club de foot de l’A.S. Arçon. Photos à l’appui. A lain Girardet n’oubliera jamais le 22 août 1971. À 20 ans, on n’a pas tous les jours l’occasion de transporter Johnny Hallyday. Commercial chez Peugeot, il était bien pla- cé pour emprunter une voiture confortable. Une 504 en l’occurrence qui servirait à conduire le chanteur entre Pon- tarlier et Arçon. “C’était toute une organisation. On avait dû trouver un appartement à Pon- tarlier où Johnny puisse venir se changer sans être dérangé par ses fans. Tout était pro- grammé à la minute près.” Le chanteur était arrivé à l’aéroport de Dole en début d’après-midi. Le cascadeur Jean Sunny qui assurait la premiè- re partie du spectacle l’avait conduit jusqu’à Pontarlier dans la plus grande discrétion. “En entrant dans l’appartement, Johnny a d’abord demandé “T’as l’oseille ?” à son impresario. Lequel lui a répondu par l’affirmative. Je me souviendrai toujours de cette scène” , pour- suit Alain Girardet. Lui-même en convient, organi- ser un tel événement à Arçon,

Johnny à Arçon… La folie des seventies.

Bugny serviraient de décor au concert. En guise de scène, un assemblage de plusieurs voi- tures à pneus. Roulez jeunes- se. “On avait fait une jolie pro- motion sans oublier de préciser sur les affiches qu’Arçon se situait près de Pontarlier.” Tout était à peu près calé. Les organisateurs avaient légère- ment sous-estimé la populari- té de Johnny. Les premiers fans étaient déjà sur place à 8 heures du matin pour un concert pro- grammé à partir de 15 h 30. “On a été submergé par l’affluence. Il n’y avait pas assez de caisses. Beaucoup sont passés à l’as.” Le chauffeur de la star estime que l’événement a attiré entre 2 000 et 3 000 spectateurs.

“c’était une idée de folie pour un patelin comme ça.” Et pourtant. Son père Émile Girardet alors président de l’A.S. Arçon est à l’origine de cet événement inou- bliable qui devait servir à ren- flouer les caisses du club. “Un mois avant, on était allé voir le même spectacle à Clamecy dans la Nièvre. D’où l’idée de tenter aussi le coup à Arçon.” Le spectacle associait donc le chanteur et la troupe de casca- deurs de Jean Sunny. C’est lui qui signera le contrat avec les dirigeants du club d’Arçon venus expressément à Paris. “C’est la première fois qu’ils découvraient la capitale.” Côté organisation et logistique, on s’était débrouillé avec les moyens du bord. Les communaux entre Arçon et

Michel Berrard fait une brève apparition au début du film. C’est lui qui annonce à Simone Signoret et Paul Crauchet la découverte d’une morte (Collection Claude Bertin-Denis).

Made with FlippingBook - Online catalogs