La Presse Pontissalienne 130 - Août 2010

La Presse Pontissalienne n° 130 - Août 2010

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De l’herbe au fromage, l’exception du Mont de l’Herba Cet alpage emblématique est exploité par un agriculteur suisse, François Weidmann qui fabrique encore du fromage. Un cas unique dans le Haut-Doubs. HÔPITAUX-VIEUX La raclette du Père François

François Weidmann et Antoinette son épouse montent à l’alpage du Mont de l’Herba tous les étés depuis 12 ans.

D ebout dès 4 h 30 pour traire, FrançoisWeidmann et son aide s’octroient une pause petit- déjeuner à partir de 8 heures Son épouse Antoinette assure la ges- tion culinaire. Pendant ce temps, le lait se réchauffe doucement dans le chaudron qui servira à fabriquer la raclette du Père François. Encore deux bonnes heures de travail en perspec- tive.

“montagnes” dans la vallée de Joux et sur les hauteurs de Mouthe avant de reprendre en 1998 la gestion du Mont de l’Herba et de l’alpage voisin des Granges Derniers. Soit un territoire de 185 ha de pré-bois divisé en 14 parcs où paissent 280 têtes de bétail dont 46 vaches laitières. “Les premières génisses sont montées le 18 mai. Les vaches resteront environ quatre mois là-haut”, explique l’amodiateur qui emploie également un berger aux Granges-Derniers. La transformation à l’alpage relève aussi d’une stratégie économique. Les alpages français sont toujours loués plus chers aux Suisses. “Grâce à la transformation, on dégage des béné- fices qui permettent de supporter le surcoût des loyers. D’autant plus qu’ici je ne touche pas les aides auxquelles j’aurais droit si j’occupais un alpage suisse.” François Weidmann n’est pas du gen- re à se plaindre. Au contraire, il est prêt à se retrousser les manches pour aller au bout de ses projets. Avant de songer à fromager à l’Herba, une remi- se en état des locaux s’imposait. “On a fonctionné en bonne entente avec la commune des Hôpitaux-Vieux pro- priétaire des lieux.” Le logement, l’atelier

La raclette du Père François est ven- due partiellement auMont de l’Herba. Le reste, soit près de 90 % de la pro- duction, est écoulé en vente directe à l’exploitation deValeyres-sous-Rances. “Je ne vends pas de raclette en Fran-

de transformation, la chambre à lait et la cave ont ainsi été rénovés de fond en comble. Chacun y retrouve son comp- te. La commune dispose ainsi d’un beau domaine entretenu. L’amodiateur d’un outil de travail efficace.

ce. Ce sont les Français qui me l’achètent” , sourit ce personnage très avenant tout en étant parfaitement conscient des jalousies que suscite sa réussite. F.C.

Il faudra ensuite s’occuper de l’affinage des meules, gérer les parcs, compter, surveiller les bêtes, aller aux char- dons ou aux vératres, contrôler les points d’eau. On est loin du cli- ché du berger en train de compter fleurette. Tenir un alpage dans ces conditions n’a rien d’une partie de plaisir. Pour François Weid- mann, c’est une affaire de tempérament et un choix économique. Cet agriculteur suisse ins- tallé à Valeyres-sous- Rances près d’Orbe a déjà tenu plusieurs

“Ce sont les Français qui me l’achètent.”

Pension équestre à la carte Juliette Faivre vient d’ouvrir une pension équestre au chalet de la Fraite où elle élève aussi des chevaux Malopolski et Silésien. Découverte. MOUTHE Un vrai challenge

L’ exploitation agricole des alpages ne se résume pas uniquement à la présence de troupeaux de vaches fran- çais ou suisses. Juliette Faivre n’a rien contre les vaches puisqu’elle gère un petit troupeau de vaches salers dont les broutards sont ven- dus à l’automne. Mais sa préféren- ce va franchement aux chevaux. Et ça se voit. Le vaste bâtiment construit près du chalet de la Fraite ne passe pas inaper- çu pour celui qui se rend dans la val- lée de Joux depuisMouthe en emprun- tant la route des Charbonnières. L’écurie flambant neuve abrite un manège couvert de 20 x 40 m com- plété d’une carrière extérieure et d’un rond-longe. Il jouxte une salle de convivialité, l’équivalent d’un club- house qui dispose de tout le confort nécessaire pour se détendre avec notamment la vidéo et l’accès Inter- net. L’autre aile comprend les boxes.

classique en box ou au pré, s’ajoute la formule “pension partagée”. Cet- te prestation est destinée à ceux qui voudraient profiter des avantages du cheval sans avoir à supporter les inconvénients d’être propriétaires. “On met nos chevaux à disposition des clients qui peuvent s’en occuper au gré de leur disponibilité horaire selon des formules forfaitaires.” Le candidat se verra ainsi proposer de jolis chevaux de race polonaise enco- re peu répandus dans la région. Juliette s’est lancée en effet dans l’élevage de chevaux Malopolsky et Silésien. Les premiers conviennent tout particulièrement à la pratique de l’équitation. Les seconds peuvent aussi être attelés. “Ces chevaux sont vraiment très beaux. En plus ils sont rustiques et d’une grande docilité” , conclut enthousiaste Juliette qui n’a plus guère envie d’élever des che- vaux comtois comme c’était le cas initialement.

“On a la capacité de prendre 26 bêtes en pension” , souligne la jeune exploi- tante qui reconnaît qu’une telle réa- lisation pourrait difficilement voir le jour à cet endroit, du moins sous cet- te forme architecturale. Juliette et ses parents ont beaucoup investi dans ce projet engagé depuis 2007. La famille Faivre possède plu- sieurs alpages contigus. L’ensemble représente un domaine de plus de 230 ha. Proposer une pension équestre

Chalet d’alpage grand luxe à plus d’1 million d’euros

dans un lieu aussi sauvage qu’isolé de tout en hiver, n’effraie pas Juliette Faivre. “Ce n’est absolument pas un handicap” , estime-t-elle. L’originalité du pro- jet déjà singulier dans sa localisation se véri- fie aussi dans sa sou- plesse de fonctionne- ment. À la pension

Des chevaux de race polonaise.

Juliette s’est

C ette annonce immobilière diffusée sur Internet concerne le chalet de la Champagne situé sur la commune des Hôpitaux- Neufs. Entièrement rénovée à lʼancienne par lʼavant-dernier pro- priétaire cette belle bâtisse de 250 m 2 au sol comprend 3 appar- tements. Elle est autonome en eau et électricité solaire pour la circonstance. Le bien intègre également 15 ha de pré-bois. Le char- me de la Champagne réside surtout dans une vue imprenable sur le Mont dʼOr avec la chaîne alpine et le Mont-Blanc à lʼhorizon. Le cas de la Champagne qui nʼa plus rien dʼun chalet dʼalpage dans son aménagement reste singulier. Comme son prix dʼailleurs qui étonne beaucoup de monde. “On pourrait acheter deux fois le Mont de l’Herba en sachant qu’il y a 110 ha de terrains” , note un agri- culteur bien informé. Y aurait-il de la surenchère ? Après avoir acquis l’auberge de Chez Liadet au prix fort il y a quelques années, la S.A.F.E.R. n’a toujours pas trouvé de repreneur.

engagée dans son projet il y a trois ans.

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