La Presse Pontissalienne 130 - Août 2010

VALDAHON - VERCEL

La Presse Pontissalienne n° 130 - Août 2010

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VALDAHON

Précision À quoi sert la décoration à titre posthume ?

Tué en Afghanistan

Hommage vibrant à Laurent Mosic C’est un régiment, une ville, un ministre, qui a accompagné une dernière fois l’adjudant Laurent Mosic, mort au combat en Afghanistan. Le militaire laisse une femme et deux enfants, Hugo et Damien.

H ervé Morin a décerné la Légion dʼHonneur à titre posthume, la médaille militaire, la citation à lʼordre de lʼarmée et a fait adjudant Laurent Mosic. Beaucoup de civils ne com- prennent pas la signification de cette décoration à titre post- hume. Pourquoi honorer un défunt ? Outre le caractère de valeur, elle revêt un aspect financier : “La veuve du mili- taire bénéficiera de la retraite dʼadjudant de son mari” explique un militaire chargé de la com- munication. “Les enfants, en cas dʼétudes prolongées, pour- ront être également aidés.”

A vant de rejoindre Ill- kirch où il a été inhumé, le corps de Laurent Mosic a fait un ultime voyage dans la rue princi- pale de Valdahon où le cortège funéraire a déambulé avant de s’immobiliser au cœur du 13 ème régiment du génie. C’est ici qu’environ 300 de ses frères d’armes lui ont rendu un vibrant

hommage lors d’une cérémonie militaire ponctuée d’une vio- lente averse orageuse. Le lun- di 12 juillet, le ciel valdahon- nais s’est chargé de verser de grosses larmes pour accompa- gner le sergent-chef de 38 ans, tombé au nord-est de Kaboul après avoir sauté sur une mine artisanale dans la vallée rocailleuse de Tagab. Le ciel pleurait.

Le ministre de la Défense Hervé Morin a prononcé l’éloge funèbre de l’adjudant.

Laurent Mosic a été inhumé à Illkirch (Alsace).

Le point de vue des civils “On vit avec le camp” R etirées à quelques mètres de la cérémonie dans l’espace réservé aux civils et à la presse, Geneviève et Annie ont assisté - sous leur parapluie - à toute la cérémonie qui a duré 1 h 15. Si elles ne connaissaient pas personnellement Laurent Mosic, ces deux Valdahonnaises ont tenu à être pré- sentes. “À Valdahon, on vit avec le camp” explique Annie, pro- fesseur dans la vie civile. “Nous avons toujours eu de bonnes relations avec les militaires et ça ne choque personne ici de voir des personnes en treillis en pleine ville. Cet événement lié au camp et aussi lié à la vie de Valdahon, dit-elle. J’ai une anec- dote qui remonte à l’époque où mes parents tenaient un bar au village. Un jour, je me suis retrouvée seule et des militaires sont venus m’aider à servir les clients car il y avait beaucoup de monde. C’était vraiment sympa. C’est donc normal d’être ici” conclut-elle. Plus loin dans le carré réservé aux visiteurs, une femme de militaire ne peut cacher sa peine : “ Ç a peut arriver à n’importe laquelle d’entre nous. On redoute toujours le moment où l’on viendra sonner à votre porte pour annoncer la nouvelle, c’est pourquoi j’ai demandé àmonmari de changer de corps” explique- t-elle. En ce jour de deuil, aucun militaire n’était habilité à répondre à nos questions. Plutôt logique, l’heure étant au recueillement. En octobre, de nouveaux militaires valdahon- nais partiront pour l’Afghanistan pendant que les autres ren- treront au bercail. Avant de retrouver le Doubs, ils passeront quatre jours en Crète afin de se préparer au retour dans la vie civile. Un passage obligé pour décompresser. Outre les nombreux gradés à l’instar du général Elrick Iras- torza, chef d’état-major de l’armée de terre, les élus étaient présents à l’instar de Léon Bessot (maire de Valdahon), le député Jean-Marie Binétruy, le président du conseil général du Doubs Claude Jeannerot, la présidente de Région Marie- Guite Dufay et le préfet Nacer Meddah.

nistan depuis le 2 avril dans le cadre de l’opération Pamir com- me sous-officier adjoint au sein de la section d’ouverture d’itinéraires piégés. Arrivé à l’aéroport de Dole- Tavaux en avion, le ministre de la Défense Hervé Morin a sur- volé Étalans en hélicoptère pour se poser au camp comme il l’avait fait quelques mois plus tôt lors d’une visite de présentation du nouveau véhicule blindé de

Pas les militaires restés droits dans leurs rangers. Ils ont fait front pour rester dignes devant la famille mais aussi pour leurs camarades de section restés en Afghanistan et pour ceux qui les rejoindront dès octobre afin de poursuivre la mission des troupes françaises, à savoir garantir la sécurité. Laurent Mosic est le 45 ème sol- dat français tué dans ce pays depuis 2001. Il servait enAfgha-

l’armée de terre, le V.B.C.I. Cet- te seconde visite, le ministre s’en serait bien passé. Il n’a d’ailleurs pas souhaité répondre aux questions de la presse mais s’est entretenu avec la famille une fois la cérémonie terminée. Auparavant, il a décrit lors de l’éloge funèbre Laurent Mosic comme “un soldat d’exception” , qui était l’un des “piliers de sa compagnie et de son régiment” , et dont la devise était celle du

général Bigeard : “Pour être et durer, il faut être souple comme le cuir et rigide comme l’acier.” Porté par ses camarades, le cer- cueil recouvert du drapeau tri- colore est reparti. Seul le bruit des rangers écrasant les gra- villons a troublé cet instant solennel. Un homme s’en va “mais lamission continue” disent les militaires. E.Ch.

Le général Irastorza,

le préfet et les élus ont assisté à la cérémonie. (photos S.I.R.P.A. Terre).

Près de 300 militaires étaient présents.

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