La Presse Pontissalienne 130 - Août 2010

MOUTHE - RÉGION DES LACS La Presse Pontissalienne n° 130 - Août 2010 À CHACUN SON LAC Le lac Saint-Point à ses disciples, fidèles parmi les fidèles. De redoutables pêcheurs traquent sans relâche les corégones, brochets, perches. D’autres plus pacifiques focalisent leur attention sur les canards et aux espèces d’oiseaux d’eau. D’autres encore, plus contemplatifs se contentent de le croquer en peinture ou en photo sous tous les angles en toutes saisons. Pour certains sportifs, c’est un bassin d’entraînement idéal pour qui veut nager longtemps ou naviguer dans un cadre idyllique. Les plus mordus troquent même le bateau pour le char à glace. Les toqués du lac. 14

VOILE

Char à glace l’hiver Le maître du vent Serge Billet ne compte plus les heures passées à naviguer sur le lac dans tout type d’embarcation, y compris à bord d’un char à glace. Rien ne lui échappe.

B ronzé comme un surveillant de baignade de la Côte d’Azur, Ser- ge Billet respire la santé. À 67 ans, cet alerte retraité ne fait vraiment pas son âge. La navigation sur le lac semble être un gage de lon- gévité. Toute sa vie a été conditionnée par l’eau et le sport. Né dans l’ancien quartier de la piscine des Forges à Pontarlier, il se sent très vite à l’aise dans l’élément aquatique. Ce sportif titulaire de plusieurs brevets d’État dans les activités de plein air comme la voile, la natation, le ski, l’escalade ou encore le kayak a effectué toute sa carrière à la P.E.P. d’Entre-les- Fourgs. Il a trouvé dans le lac Saint- Point un terrain de jeu exceptionnel. Dès qu’il en a eu les moyens, il s’est ins- tallé au Chaudron, au plus près de son plan d’eau préféré.

place au char à glace. “C’est mon truc” , confie celui qui glisse sur tous les lacs du secteur. La saison débute générale- ment à partir de novembre sur les étangs de Frasne. Elle se poursuit à Malpas puis à Saint-Point, sans oublier le lac de Joux, considéré comme La Mecque du char à glace en Suisse. Au fil de ses escapades hivernales, il a acquis une solide connaissance des écou- lements qui alimentent le lac Saint- Point. “Certains de ses petits affluents ne gèlent pratiquement jamais, même au plus froid de l’hiver. Ce qui laisse supposer qu’ils sont probablement pol- lués…” Fort de ces constats et conscient que se lamenter ne sert à rien, Serge Billet a choisi de s’impliquer davantage dans la vie locale. Adjoint à Montperreux, il s’investit beaucoup dans l’assainissement. Il ne remet pas en cause l’efficacité du collecteur si sou- vent décrié. “Il n’y a pas de fuite. Les pompes sont vieillissantes et manquent de puissance. Mais le problème princi- pal, ce sont les eaux parasites. Il faut absolument trouver des solutions pour évacuer ailleurs ces eaux pluviales” esti- me-t-il. Malgré ces soucis, le sportif bleu, blanc, vert reste un amoureux inconditionnel de son lac qu’il continue à parcourir inlassablement. F.C.

Serge Billet est sur le lac

tous les mois de l’année. Selon les

Fidèle parmi les fidèles auCercle deVoile deMal- buisson (C.V.M.A.), il se met volontiers au servi- ce de son club. L’esprit de compétition vibre enco- re chez ce régatier hors pair toujours champion de Franche-Comté en catamaran et dernier vainqueur de la Trans- lac. Ce passionné de nau- tisme pratique la voile toute l’année. En hiver,

Un sportif bleu, blanc, vert.

conditions, il pratique la voile, l’aviron ou encore le char à voile quand les eaux gèlent.

PÊCHE

Il rentre rarement bredouille René Casagrande, la terreur des corégones L e goût de la pêche ne s’explique pas. C’est presque instinctif. René Casagrande baigne dans cette passion depuis sa plus De redoutables pêcheurs taquinent les poissons du lac Saint-Point. Chacun a ses trucs, ses préférences et son territoire. Tout un poème.

René Casagrande apprécie la remise en cause perpétuelle imposée dans la

pêche au corégone qui ne répond à aucune stratégie durable.

déversé quelque 25 000 alevins en provenance du lac de Neuchâtel. La technique de pêche, statique à l’aide d’une ligne montée avec plusieurs hameçons, n’est pas très compliquée en soi. “Certains croient que c’est une pêche monotone. Elle est plutôt dérou- tante. On pense maîtriser la technique après une belle série de prises. Et pata- tras, tout s’effondre du jour au lende- main avec plusieurs jours sans la moindre touche.” C’est là que réside tout l’intérêt de se remettre à l’ouvrage dans l’objectif de développer une nouvelle stratégie gagnante. La pêche reste une école d’humilité. René a bien sûr dévelop- pé ses petits trucs. Il joue avec les cou- leurs, lesmontages de lignes, le nombre d’hameçons… Il repère les touches au

tendre enfance. Pas plus haut que trois pommes, il accompagnait déjà son père qui pêchait notamment la truite dans le Doubs. “On avait une

doigt et à l’œil, soit en tenant délica- tement le fil entre ces doigts ou en observant le scion d’une autre ligne. Les corégones capturés finissent par- fois dans l’assiette de la famille Casa- grande. Mais en général, il en donne beaucoup. Quand il n’en fait pas pro- fiter son voisin. Si “la palée de fond”, autre nom du corégone a sa préfé- rence, René taquine aussi occasion- nellement le brochet et les grosses perches. Il pêche toujours la truite du côté des gorges du Fourperet. “J’y vais

ment. L’expérience, la chance, le savoir- faire, l’assiduité comptent beaucoup dans la réussite du pêcheur. En prenant sa retraite profession- nelle, René Casagrande s’est quelque peu assagi. Ce n’est plus tout à fait le pêcheur acharné qui pratiquait du matin au soir à chaque jour de congé. Il n’empêche qu’il n’a rien perdu de son efficacité. Parlez-en aux coré- gones… F.C.

uniquement en période de montée des eaux.” Là,il pratique plutôt à l’ancienne. Avec une grande canne télescopique, sans bouchon. L’instinct fait le reste. La tradition a aussi ses limites. Com- me nombre d’autres pêcheurs de coré- gones, René a cédé aux sirènes de l’assistance technologique en s’équipant d’un sonar. Incomparable pour loca- liser les bancs de poissons. Savoir où ils sont c’est bien, les prendre et les sortir de l’eau c’est encore mieux. Le sonar ne fait pas tout, et heureuse-

barque à Port-Titi où l’on venait régulièrement pêcher le brochet” se sou- vient-il. Depuis, il n’a cessé d’entretenir sa pas- sion. À partir de 1971, il se diversifie dans la pêche au corégone. Ce salmo- nidé a été introduit au lac en 1948. Le service forestier avait alors

L’instinct fait le reste.

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